Mise en œuvre de l’accord de paix : Tiébilé Dramé appelle les acteurs à s’engager dans un élan commun et sincère

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Tiebilé Dramé

Quand bien même il émet des réserves sur bien des points de l’Accord issu du processus d’Alger en ce qu’ils portent «les germes de la division et de nouveaux conflits», le président du Parena reste tout de même convaincu que le présent et l’avenir du Mali dépendent de ce document. D’où son appel, samedi dernier, à l’endroit des acteurs de sa mise en œuvre, notamment le Gouvernement, les mouvements armés et la communauté internationale, tant il est vrai que l’application de l’Accord de paix et de réconciliation piétine plus que jamais. Ce fut à l’occasion du 3ème congrès extraordinaire de son parti.

C’est hier dimanche, 29 mai 2016, que les rideaux ont été tirés, au Centre international de conférence de Bamako, sur le congrès extraordinaire du Parena, le troisième du genre. La cérémonie d’ouverture des travaux, samedi 28 mai, fut l’occasion pour ce parti d’opposition de jeter encore une fois un regard critique sur la gestion du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta. Mais surtout d’interpeller ce dernier sur les défis qui assaillent notre pays. Dans son discours d’ouverture, Tiébilé Dramé, président du Parena, avait ainsi rappelé les péripéties de la crise que le Mali a connue à partir de 2012, du coup d’Etat jusqu’à la signature de l’Accord de paix, en passant par la conclusion de l’Accord de Ouagadougou et l’élection d’IBK. De longs mois après que ce dernier ait pris fonction en septembre 2013, voilà que le Mali, bien pire que l’immobilisme qui l’avait jusque-là caractérisé, connait la récession et même la cession. Lesquelles sont «basées sur un rapport de force, préjudiciable à la souveraineté et à l’intégrité du territoire», a estimé M. Dramé. Selon le président du Parena, la gouvernance actuelle s’est surtout caractérisée par les atermoiements, les déclarations contradictoires, les décisions aventureuses et irréfléchies, comme celle qui a conduit le Premier ministre à Kidal en mai 2014. Estimant que l’Accord d’Alger était plus que jamais dans l’impasse, l’orateur a appelé les parties signataires ainsi que la communauté internationale à s’engager désormais dans un élan «commun et sincère» pour l’application dudit accord, dont il n’a pas manqué de relever quelques insuffisances.

Appel renouvelé pour des assises nationales et la refondation de l’Etat

Conscient de notre responsabilité historique commune vis-à-vis de notre pays et de notre peuple, le président Dramé a, comme à l’accoutumée, appelé à la tenue des concertations nationales. Ce, afin de rassembler le peuple malien et de «forger une marge de manœuvre pour notre pays, aujourd’hui coincé et menacé». Il a par ailleurs interpellé le chef de l’Etat sur la situation sécuritaire du Mali. «Trop de sang coule au Mali depuis trop longtemps, les populations, au Nord et au Centre, sont terrorisées, nos forces sont harcelées quotidiennement… », s’indigne le président du parti du bélier blanc. Partant, il a appelé IBK à créer les conditions d’une stratégie nationale autonome de        sécurisation et de stabilisation du territoire, tout en attirant son attention sur les nombreux défis qui assaillent notre pays: administration inefficace, système éducatif au rabais, système sanitaire indigne de notre peuple, etc.

Sur un tout autre plan, le président du Parena a estimé qu’une refondation du Mali était toujours nécessaire. Pour y parvenir, il propose la suppression de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct pour le rendre responsable devant le Parlement, l’élection des chefs d’exécutifs régionaux par les assemblées régionales, l’élection du parlement national et des assemblées régionales au scrutin proportionnel. Le «tsunami» politique de 2012, qui aurait dû être le point de départ de ces reformes fut, hélas, une occasion ratée, selon Tiébilé Dramé. Parce qu’au lendemain de la présidentielle, on a fait comme si le Mali était un pays normal, a-t-il fustigé.

Auparavant, la présidente du mouvement des femmes Parena, Tamboura Mah Keïta, avait noté une relative amélioration dans la promotion de la femme avec le vote de la loi sur le quota. Quand bien même elle reste consciente qu’on est encore bien loin des 30% des postes électifs et nominatifs  réclamés par la gent féminine. Elle s’est ensuite apitoyée sur la situation de la femme malienne, en proie aujourd’hui à des maux tels que la «souffrance morale et financière, l’insécurité des ménages et le chômage des jeunes », entre autres. D’où son appel en faveur d’une mobilisation contre  «la gestion patrimoniale de l’Etat et la mauvaise gestion de la question du Nord». Mme Tamboura est d’autant indignée par la mauvaise gouvernance qui, de son avis, caractérise le régime en place, qu’elle s’est demandée «où va donc le Mali ?».

Pour sa part, Seydou Cissé, au nom de la jeunesse Parena, a estimé que ce congrès se tient dans un contexte de profondes souffrances pour l’ensemble du peuple malien, dues notamment à la mauvaise gouvernance. Partant, il a appelé à un changement générationnel au triple plan «politique, social et professionnel». Selon lui, la souffrance des jeunes trouve son explication dans le fait que le régime IBK est en panne de vision politique claire pour faire face aux défis qui se posent à cette couche. Ainsi, il a appelé la jeunesse malienne à se battre contre les «dérives» du pouvoir en place, lesquels défis sont loin, dit-il, d’être une fatalité.

La cérémonie d’ouverture de ce 3ème congrès extraordinaire s’est déroulée, faut-il le rappeler, en présence de plusieurs parti politiques ‘’amis’’, tant de l’opposition que de la majorité présidentielle, ainsi que ceux venus du Burkina, du Niger et du Sénégal.

Bakary SOGODOGO

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