Aussitôt démissionnaire, le Premier ministre Dr Boubou Cissé a été reconduit par le chef de l’Etat. Un renouvellement de bail qui est intervenu à un moment crucial dans pays en proie à une crise sociopolitique et sécuritaire très aigue avec à la clé, la demande de démission du président IBK par le regroupement M5- RFP. Acculé de toute part, IBK a commencé àcéderà certaines doléances des manifestants (pourtant considérées dans un passé récent comme intenables). Avec sa nouvelle promesse de GUN (Gouvernement d’Union Nationale) l’abrogation de la nomination du PM Boubou Cissé ne serait pas surprenante et la nomination d’un nouveau PM capable de diriger un GUN qui enregistrera l’entrée de têtes fortes.
‘’ Toute ma reconnaissance au Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar Keïta, pour la confiance renouvelée à travers ma reconduction ce 11 juin 2020 dans mes fonctions de Premier ministre’’ disait le tout nouveau PM Boubou Cissé sur la page facebook de la primature. Si cette nomination a été considérée par Boubou Cissé et ses partisans comme une victoire, elle représente tout le contraire chez les contestataires en général et le malien lambda en particulier qui voit en cela, un mépris et même une défiance. Boubou étant à la base de plusieurs blocages. C’est pourquoi, la tentative ratée de l’ancien président Moussa Traore de rapprocher les points de vue divergents a été un baromètre pour le président IBK de mieux cerner la situation. Le chef de l’Etat a fait en moins de 48 heures, 2 adresses aux contenus différents. Au cours de sa 1ére sortie dans la nuit du dimanche 14 juin, pour IBK « Une nouvelle équipe gouvernementale sera bientôt composée selon les critères de taille et de qualifications tel recommandés par le Dialogue National Inclusif tenu en Décembre dernier. Cette équipe sera mise au service du Mali et n’aura aucun droit à l’erreur. Elle ne saurait être un simple changement de gouvernement. Elle sera un gouvernement de changement, exclusivement porté sur des résultats définis au préalable et mesurables.
La nouvelle équipe gouvernementale s’attaquera, entre autres, sous le leadership du Premier ministre, à la mise en œuvre urgente des résultats du Dialogue National Inclusif qui a mis en avant toutes les priorités du peuple malien. Celles-ci sont d’ordre sécuritaire, social, politique et de gouvernance. » et en moins de 48 heures, lors de sa rencontre avec les forces vives de la nation au CICB, le président a promis la formation d’un gouvernement d’union nationale dans les jours à venir. Cette proposition vient après la forte décision présidentielle de la résolution de la crise avec les enseignants dans le cadre de l’application du fameux article 39 pourtant rejeté par l’ancien et nouveau Premier ministre Boubou Cissé. Un désaveu pour le jeune PM considéré comme étant à l’origine de biens de contestations sur le front social (on lui reproche sa gestion des dossiers sociaux sensibles en fonction de son bon vouloir). C’est pourquoi, sa reconduction a été un non évènement pour les contestataires pour qui, l’objectif n’est ni plus ni moins que la démission du président lui-même.
On peut se demander si le Dr Boubou Cissé a les capacités nécessaires pour conduire un gouvernement d’union nationale, qui aura en charge d’éteindre les différents foyers de tensions. En fonction de tous les actes posés par l’intéressé au cours de son année de gestion primatoriale, tout porte à croire que son maintien à ce stade sera synonyme d’échec pour IBK qui n’a plus droit à l’erreur. Le président a donc en main la carte de la stabilité du pays et même de sa propre survie.
Oumar Baba TRAORE
