Vingt-quatre heures après la conférence de presse de l’opposition sur la composition de la CENI, le gouvernement réagit par un point de presse, pour apporter sa version des faits. Cet exercice, assez inédit dans ce département, a été animé par le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales, assisté du porte-parole du gouvernement, face à une trentaine de journalistes.
Lundi 12 septembre, dans la salle de conférence de son cabinet, le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales, le général Kafougouna Koné, aidé de son collègue de la communication, Sidiki N’Fa Konaté, était face à la presse. Ordre du jour : la mise en place de la nouvelle CENI.
Dès l’entame, le ministre Koné a tenu à préciser qu’il n’a jamais voulu s’immiscer dans la gestion de la répartition des postes entre les différentes composantes de la CENI. Ensuite, il a fait l’historique des élections dans ce pays. A l’en croire, en 1992, avec seulement 2 milliards de FCFA pour 5 scrutins, il y a eu des élections propres et incontestées. Et ce, sans CENI. Mais en 1997, la classe politique, parce qu’elle se méfiait de l’administration, a exigé et obtenu la création d’une structure électorale neutre chargée d’organiser des élections propres, crédibles, non contestables. La première CENI a vu le jour, et a failli dès le premier tour des législatives. Annulé, ce scrutin a été reporté à après la présidentielle pour respecter les délais constitutionnels et éviter un vide institutionnel, le président de la république devant être investi le 8 juin. En 2002, après le fiasco électoral orchestré par l’administration Konaré, décision a été prise de ramener l’administration dans le processus électoral, notamment en ce qui concerne la logistique et l’organisation matérielle des opérations électorales, de créer la Délégation général aux élections (DGE) pour l’élaboration et la gestion du fichier électoral de manière à ce que tous les partis politiques soient sur un même pied d’égalité. Quant à la CENI, son rôle sera de superviser les élections en contrôlant l’administration, la DGE et la classe politique, sous la direction de Me Moustaphe Cissé. ATT a été élu et a décidé de convier toute la classe politique à la gestion consensuelle du pouvoir. Ce que les politiques ont accepté. Jusqu’à 2004 il n’y a pas eu de problèmes majeurs. Les choses ont commencé à se gâter avec la perspective des élections communales. Le BARA seul s’étant déclaré de l’opposition mais sans député, les autres partis politiques ont «inventé» le terme équitable en lieu et place de la notion égalitaire. Les politiques ont estimé que le BARA n’étant qu’une opposition parlementaire, il ne pouvait avoir à lui seul 5 postes dans la CENI. Il a dû se contenter d’un seul représentant contre 9.
Forts de cette expérience, les partis politiques l’ont réitérée en 2006 pour la composition de la CENI en charge des élections générales de l’année suivante. Cette fois encore, le principe de l’équité a été discuté et chamaillé. Résultat : il sera appliqué quand même, avec 7 postes pour la majorité présidentielle, et trois places à l’opposition rejointe et constituée par le RPM, le PARENA et la SADI.
Aujourd’hui, le parti d’Oumar Mariko étant la seule opposition parlementaire, les autres élèves de la classe politique ont estimé ne pouvoir lui concéder qu’un seul poste, comme au BARA en 2004.
Selon le ministre, il a invité l’opposition, en particulier la SADI, à communiquer le nom de leur représentant à la nouvelle CENI. Mais ce parti ayant été rejoint par d’autres formations politiques extraparlementaires, il a refusé la clé de répartition proposée et exigé le respect du principe d’égalité.
Aux dires du ministre Koné, malgré les nombreuses concertations entre, d’une part, l’administration et les partis politiques pour revoir les quotas, d’autre part, opposition et majorité pour trouver un compromis, malgré l’implication et la médiation de la société civile, les deux parties sont restées fermes dans leurs exigences et intransigeance, se cramponnant aux principes de l’équité pour les uns, de l’égalité pour les autres. En outre, les partis de l’opposition seraient allés jusqu’à déclarer que si le principe d’équité n’est pas respecté, ils ne participeront pas aux élections.
C’est dans tout cet imbroglio que lui, ministre en charge de l’administration territoriale, a pris la responsabilité de proposer le décret de mise en place de la CENI pour ne pas faire planer des menaces et des doutes sur les prochaines élections. En validant 9 sièges pour la majorité, un poste pour l’opposition. A ce propos, le ministre a révélé avoir reçu trois listes différentes, avec autant de chef de file, de l’opposition. Outre celle d’Oumar Mariko (Sadi, Bara, CNU, ADCAM, CD, MPLO, RJP), le MATCL aurait reçu des listes dirigées par le RpDM de Cheick Modibo Diarra, et par le PSD de Moussa Konaté. C’est cette dernière qui a été retenue par le département parce qu’elle indiquait clairement le nom de son représentant.
Pour conclure, le ministre a précisé, en réponse à une question, que la mise en place de la CENI ne constitue aucun problème. Donc que la messe est dite.
Cheick TANDINA