Message du Président Dioncounda à la nation : 5 propositions pour une Transition apaisée

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Deux jours seulement après son retour au bercail, le Président par intérim de la Transition malienne Dioncounda Traoré s’est adressé à la Nation, le dimanche 29 juillet 2012. Cette adresse survient un jour seulement après l’interview de Cheick Modibo Diarra sur l’ORTM, la station mère. Cette opération de charme médiatique des deux principales personnalités vise t-elle à conquérir le cœur des Maliens ? Ou au contraire, faut-il conclure que le Président et le Premier transitoires sont déterminés à sortir le Mali de la crise dans laquelle elle est plongée depuis le coup de force des militaires du 22 mars 2012 ? Mais Dioncounda a fait des propositions concrètes.

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré

Dans son message adressé au peuple malien, le Président de la République a réitéré son pardon expliquant que sa vie n’est rien à côté du Mali. Ces propos ont ému plus d’un citoyen et contribué à asseoir davantage sa crédibilité. « Il faut être à la hauteur de nos ambitions et de l’histoire, a précisé le rescapé président. Pour cela, nous devons avoir le sens de la magnanimité et du dialogue » a-t-il affirmé avant de dire : « Je n’ai d’autre combat que le vôtre, pour une vie libre, sereine, digne et prospère ». Et d’ajouter : « Je n’ai jamais triché avec ce pays, jamais pris la part d’autrui, jamais violé ni les principes ni les normes ni le consensus auxquels je suis partie ni mes convictions pour la démocratie ».

Pour le président intérimaire, les défis qui sont, aujourd’hui, ceux de notre Pays peuvent être relevés. « Le Mali ne s’effondrera pas, malgré les rudes coups qu’il a reçus, le Mali se redressera encore plus fier, encore plus solide », a-t-il rappelé.

Le Mali et la communauté internationale

 Dioncounda, qui a passé plus de temps avec les Occidentaux et les Africains de l’ouest, ces derniers temps. Raison pour laquelle il clame l’entente, la solidarité régionale et internationale pour sortir le Mali de l’ornière. « Nous devons rester ouverts à tous les souffles, nous qui avons offert notre solidarité quand d’autres en avaient besoin, aussi bien en Afrique qu’ailleurs ! Nous devons comprendre et apprécier à sa juste valeur le formidable élan de solidarité qui s’est manifesté pour la préservation de notre intégrité territoriale et la sauvegarde de notre démocratie. A cet égard, la CEDEAO, l’Union Africaine, les Nations Unies et nos partenaires bilatéraux et multilatéraux ne sauraient être nos ennemis. Ce sont, au contraire, des mains amies qui nous sont tendues, soucieuses de nos problèmes internes certes, mais aussi des menaces, qu’en ce moment, le Mali, jadis, porteur de paix, représente pour la sécurité, de la sous – région, de l’Afrique et du monde. Nous devons, et justement pour reconquérir notre souveraineté totale accepter cette solidarité, car elle découle du contrat qu’ont signé, entre eux, les pays candidats à la communauté des démocraties. Nous n’oublierons jamais, dans ce partenariat, ce qui fait l’identité du Mali et ce que doit être son apport et ce qui doit relever de sa seule compétence » a déclaré volontiers Professeur Dioncounda Traoré.

Dans le Mali actuel, tout le monde est devenu thérapeute et devin. Chacun pense avoir la solution du problème. Et c’est pourquoi l’ancien président de l’Assemblée Nationale demande « d’éviter les débats qui nous mettent en deçà de l’Histoire et qui portent, à terme, un lourd préjudice à ce pays que nous avons en partage ».

Le nord et les élections

 Dans son message, le professeur est formel : « du 17 janvier 2012, date des premières attaques perpétrées contre notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale par des mouvements armés, du 17 janvier à nos jours il n’y a eu aucun répit dans le processus de désintégration de notre pays. Le Mali coupé en deux, les images de personnes déplacées avec leur baluchon sur la tête, des femmes harassées tenant par la main leurs enfants apeurés, des vieilles personnes décharnées se traînant le long des axes routiers, nos populations et nos villes martyrisées. Tombouctou profanée et nos patrimoines culturels détruits …Bref ces images de la détresse humaine que nous avions l’habitude de voir à la télévision ne sont plus virtuelles. Elles sont devenues aujourd’hui la réalité malienne, une réalité qui nous rappelle cruellement que « ce n’est pas qu’aux autres que cela arrive » ! C’est pourquoi je formule les propositions suivantes susceptibles d’améliorations et d’amendements et dont j’espère qu’elles emporteront votre adhésion ».

Aussi, le président intérimaire tient beaucoup à la sécurité des institutions de la Transition. En la matière, il a réaffirmé qu’il fait entièrement confiance aux services de sécurité maliens et à l’armée malienne pour assurer la sécurité du président de la république et celles des autres institutions de la république.

 

Les réformes institutionnelles

 

Dans le but de compléter l’architecture institutionnelle afin de mieux l’adapter aux réalités sociopolitiques, aux missions de la Transition, dans l’esprit de l’article 6 de l’accord – cadre, le président de la Transition malienne a fait 5 propositions pour une bonne cohabitation et une gestion politique apaisée. Entre autres :

1. Un Haut Conseil d’Etat (HCE) constitué du Président de la République et de deux vice – présidents chargés d’assister le Président dans l’accomplissement des missions de la Transition. L’un des vice – présidents représentera les forces de défense et de sécurité, et, à ce titre, il présidera notamment le Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité et s’occupera de toutes les questions militaires concernant le Nord du Mali. L’autre vice – président représentera les autres composantes des forces vives de la Nation.

2. Un Gouvernement d’Union Nationale où seront représentées toutes les composantes des forces vives. Les consultations conduisant à sa formation seront menées par le Président de la République.

3. Un Conseil National de Transition (CNT) ayant une compétence consultative et regroupant les représentants des partis politiques présents ou non à l’Assemblée Nationale et des représentants de la Société Civile. Il sera piloté par le vice – président représentant les forces vives.

4. Une Commission Nationale aux Négociations (CNN) conforme au souhait des chefs d’Etat de la CEDEAO formulé au point 18 du communiqué final de la deuxième réunion du groupe de contact sur le Mali. Cette commission sera chargée d’engager, avec les mouvements armés du Nord du Mali, des pourparlers de paix en relation avec le médiateur de la CEDEAO afin de rechercher, par le dialogue, des solutions politiques négociées à la crise.

5. Une requête en direction de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies, en fonction des conclusions de la mission qui a séjourné dernièrement à Bamako. Les vice-présidents seront nommés et le Conseil National de la Transition (CNT) sera mis en place dans les meilleurs délais, et, en tout cas, dans la quinzaine qui suivra la mise en place du gouvernement d’union nationale.

Par ailleurs il reste entendu que ni le président, ni le Premier ministre, ni les ministres ne pourront se présenter à la prochaine élection présidentielle. Mais aujourd’hui, c’est le temps de la mobilisation de toutes et de tous pour sauver notre pays en danger. C’est le temps du dépassement et de l’oubli de soi. Il s’agit actuellement d’observer une trêve dans ces guéguerres improbables. Il s’agit aussi de faire du Mali notre seule priorité, de ne plus perdre de temps dans des polémiques stériles, de se focaliser sur l’essentiel c’est-à-dire notre intégrité territoriale et notre démocratie.

« Nous devons impérativement nous mettre d’accord entre enfants d’un même pays et faire montre de responsabilité en même temps que d’une volonté et d’une détermination sans faille ; créer autour de notre armée un climat de confiance et une union sacrée pour arriver à la réconcilier avec elle même, à la reconstruire, à l’équiper et à la mettre dans toutes les conditions pour qu’elle puisse mener à bien sa mission de libération des territoires occupés » a fait savoir monsieur Traoré pour qui nous devons nous unir pour sauver notre Patrie.

Et de conclure : « Je vous en donne l’assurance, dans très peu de temps, le Mali sera débarrassé de l’irrédentisme, du narcotrafic et du terrorisme religieux, de toutes les formes d’insécurité qui mettent en danger la paix des citoyens… Un pays qui élira bientôt son futur président à l’issue d’élections irréprochables ».

I SIDIBE

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2 COMMENTAIRES

  1. je ne comprends pas . Es-ce maintenant le moment de surcharger le pays de toutes ces institutions ? Ces structures ne coûteront -elles pas au budget de ce pays en ce moment si dur . ET puis le Président s’occupera de quoi finalement ? Et le prémier ministre ?

  2. Le déni de droit et le prix de l’usurpation: la manifestation flagrante de la prise en otage d’un grand homme politique.
    Pléthore d’institutions et gestion collégiale avec des militaires preneurs d’otage du Mali adeptes d’intimidations, d’arrestations arbitraires et  de crimes passibles de poursuites de la CPI , sans compter les risques de bicéphalisme et de bicaméralisme dangereux et distrayants, de deux poids et deux mesures à la tête de l’état malien.
    L’objectif apparent affiché du président Dioncounda, dans son adresse à la nation du 29/07/2012, est noble car le professeur recherche l’unité et l’union sacré autour du Mali.
    Mais il a à faire avec des gens sans vergogne fuyards des combats au nord et pilleurs à Bamako qui n’ont d’autres ambitions que de diriger le Mali dans l’anarchie et le déni de droit total.
    Ces individus et leurs acolytes, souvent encagoulés souvent déchaînés sur Internet comme des chevaux de la cavalerie royale hors de leur écurie, n’ont  jamais renoncé à empiéter sur les attributions de la justice malienne et celles de nos autorités intérimaires et transitoires.
    Pire ils ont continué à porter une atteinte grave à l’intégrité physique et aux biens de citoyens maliens  (politiques, militaires, journalistes et hommes d’affaires), ainsi que des biens publics pillés ou illégalement occupés  dans l’impunité totale.
    Et cela malgré un accord-carton-vide, qu’ils appellent  accord-cadre qui permet de les amnistier pour les crimes imprescriptibles qu’ils ont commises en s’attaquant aux institutions de la troisième république du Mali en échange de leur retrait total de la scène politique malienne. Retrait qu’ils n’ont jamais fait par manque de paroles.
    En intimidant à mort le président par intérim Dioncounda le 21 mai 2012, dont la sécurité est moins garantie aujourd’hui à Bamako que celle d’une simple boite de nuit, les usurpateurs du 22 mars continuent à dessein, dans leur besogne  macabre de profanation du droit et de la justice à Bamako au même titre que les islamistes à Tombouctou.
    Si les soldats fuyards de combats peuvent devenir vice présidents d’un pays seulement en retournant leurs armes contre les vieillards de 70 ans, plutôt  que de venir au pouvoir par les urnes, il est où le droit?
    Le multiplicateur de ce risque stupide est qu’il aurait désormais autant de postes de vice présidence que de porteurs d’armes au Mali puisque ce serait la loi du plus fort qui prendra le dessus sur les lois de la république.
    Si des soldats pilleurs de nos administrations et de nos commerces, de surcroît cagoulés jusque sur les toits de l’aéroport de Bamako Senou, et s’adonnant à des crimes passibles de poursuites de la CPI, échappent à la justice et se voient confiés un comité militaire au sein de l’armée malienne que l’on veut républicaine, il est où l’état de droit?
    Le multiplicateur de cette farce géante est qu’il y aura désormais autant de comités militaires que de groupuscules armés qui auront gentillement oublié de se conformer à la discipline militaire et à l’éthique du soldat.
    Bref une solution de facilité dans la recherche de l’unité nationale et de la stabilité du pays dont il faut sérieusement analyser les conditions dans lesquelles le président Dioncounda le propose aux maliens, si il n’y a pas  fait sous les contraintes d’une menace quelle qu’elle soit.
    Si cela est avéré (ce qu’une commission d’enquête  parlementaire et une mission d’enquête de la cour suprême du Mali doivent vérifier en toute liberté) il y aurait un dangereux vice sur le fonctionnement de nos institutions qui rendrait nulle et non avenue l’adresse à la nation du 29/07/2012 de Dioncounda Traoré.
    Mes chers amis depuis le 22 mars 2012 de mascarade en mascarade on n’assiste qu’au déni de droit à la sauce d’usurpateurs à la peau dure qui ont trahi leur serment et trahi le Mali en abandonnant le nord à des fous de Dieu dans le seul but d’instaurer une dictature militaire au sud de notre pays dans laquelle il faut vite oublier les libertés fondamentales des citoyens maliens (libertés d’opinion, d’expression et d’association)
    Le président Dioncounda agressé et humilié à la face du monde est un homme d’envergure mais il est pris en otage par une bande de militaires apatrides car sa sécurité est inférieure à zéro actuellement dans l’anarchie et les règlements de comptes bamakois.
    À tous les patriotes convaincus, à tous les amis du Mali, à la communauté internationale, à la CEDEAO, l’heure est grave et la république est en danger au Mali!
     Le formidable système démocratique qui permettait l’alternance politique pacifique au Mali depuis 2 décennies vient d’être dilué anticonstitutionnellement dans un montage grossier de gestion collégiale et confuse du Mali dans le seul but de museler les maliens et les mettre sous le joug de bidasses incapables de combattre Charlot armé, fantassins de la médiocrité militaire à gogo.
    Alors que le président par intérim  sous contraintes sécuritaires de sa propre personne qui propose cet attelage de la honte porteur des germes d’un autre coup de force, n’est nullement permis par la constitution du 25/02/1992 de changer d’un iota l’architecture institutionnelle du Mali pendant la période intérimaire et transitoire sans l’accord formel des présidents de l’Assemblée nationale, du Haut Conseil des collectivités territoriales et de la Cour constitutionnelle (article 50 de la constitution).
    Aux députés à l’assemblée Nationale du Mali, à nos juges constitutionnalistes , à tous les démocrates convaincus ne laissez jamais la supercherie abuser à nouveau  de notre droit et de notre constitution sinon ce serait un chienlit sans nom, c’est à dire la fin de la troisième république du Mali et la porte ouverte à une aventure militaire répressive et sans fin.

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