C’est une véritable déclaration de guerre que le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, a proclamée dans la soirée du vendredi 11 janvier dans un message à la nation. Même s’il était souhaitable que le chef de l’Etat eut arboré un treillis militaire pour la circonstance, Dioncounda Traoré, qui s’était débarrassé de son inséparable écharpe blanche pour signifier que son incessant appel à la paix est définitivement tombé dans des oreilles de sourd, a plaidé pour que «chaque Malien se considère comme un soldat au front».
Pour le président intérimaire, la guerre est définitivement ” déclarée à la mère patrie et ceux qui la portent n’ont d’autre dessein que de détruire notre Nation, notre République, notre société et les acquis qu’il s’est forgés à la sueur du labeur de ses filles et de ses fils “.
Dioncounda Traoré a souligné que depuis de longs mois, avec l’accompagnement de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, de l’Organisation des Nations Unies, des partenaires bilatéraux et multilatéraux, de l’ensemble de la communauté internationale, le Mali a exploré laborieusement les voies et moyens susceptibles de parvenir à des compromis dynamiques avec les groupes armés, en insistant sur le fait que ces compromis ne puissent, en aucun cas, remettre en cause ni l’intégrité territoriale, ni la forme républicaine ni la laïcité de l’Etat. Mais ces efforts ont été vains. “Ceux qui occupent les régions de Gao, Tombouctou et Kidal, et qui infligent les pires souffrances aux populations de ces localités, sont restés sourds à nos offres de dialogue; ils veulent étendre leur projet criminel à l’ensemble de notre pays. Et c’est ce qu’ils viennent de prouver en s’attaquant aux positions défendues par nos forces de défense et de sécurité dans le secteur de Konna, dans la Région de Mopti “.
Et le chef de l’Etat, face aux derniers développements dans la contrée de Konna, n’a eu d’autre choix que de ” sonner la mobilisation générale autour de la grande armée malienne pour faire obstacle, au prix du sacrifice ultime s’il le faut, à ce projet criminel “.
Pour Dioncounda Traoré, tout Malien a la charge et la responsabilité de défendre, par tous les moyens, chaque centimètre carré du territoire national. ” J’engage chaque Malienne, chaque Malien, à renoncer aux querelles mesquines et à ranger définitivement les agendas particuliers qui nous fragilisent inutilement pour faire face, dans un élan patriotique, à la guerre que les ennemis de notre patrie nous imposent. Le Gouvernement du Mali a pris la décision de proclamer l’Etat d’urgence sur toute l’étendue du territoire national. Chaque Malienne et chaque Malien doit désormais se considérer comme un soldat de la Patrie et se comporter comme tel “, a-t-il martelé.
Il a alors demandé aux compagnies minières, téléphoniques et autres ainsi qu’à toute personne morale ou physique ayant quelque moyen d’apporter leur contribution à cette lutte contre le terrorisme.
” Tous les services publics devront mettre à la disposition de l’armée sans délai tous les véhicules pick up utilisables sur le terrain. Nos forces de sécurité doivent assurer la sécurité des personnes et de leurs biens singulièrement nos hôtes étrangers et faire en sorte que soient évités les amalgames malvenus et de nature à ternir l’image de notre pays. Je l’ai dit et répété, la guerre n’est pas notre choix. Notre choix, c’est la paix, encore la paix et toujours la paix. Mais on nous impose la guerre. Nous porterons une riposte cinglante et massive à nos ennemis “.
Il a ajouté que la situation sur le front est sous contrôle. Les forces armées, font face à la situation au prix de leur vie. ” Le Mali et son peuple ne sont pas seuls dans cette lutte contre le terrorisme et tous ceux qui veulent nous imposer une dictature moyenâgeuse et obscurantiste, contre ceux qui coupent les pieds et les mains, qui violent nos femmes et détruisent notre patrimoine culturel “ a souligné le chef de l’Etat.
Il a appelé à se méfier de la désinformation provenant des camps ennemis tout en indiquant qu’à l’occasion du 51ème anniversaire de la création de l’armée malienne, le 20 janvier prochain, la hiérarchie militaire aura l’occasion de revenir amplement sur le parcours exceptionnel des troupes sur le terrain.
Bruno Djito Segbedji