Menaces sur les élections régionales et communales : Vers un troisième report

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Abdoulaye Idrissa Maïga
Le ministre de l’Administration territoriale, Abdoulaye I Maiga

 Des voix se lèvent partout pour demander un report des élections régionales et communales prévues pour le 25 octobre 2015. Raisons évoquées : l’insécurité grandissante dans les régions nord du Mali, le retard pris dans l’application de certaines clauses contenues dans l’Accord de paix et de réconciliation nationale. De sources sûres, le gouvernement serait en train de travailler pour le report des échéances bien vrai que les élus communaux ne seront plus dans le délai constitutionnel.

Les élections régionales et communales sont fixées au 25 octobre 2015. Elles avaient été reportées à deux reprises depuis l’année dernière. Le dépôt des candidatures est clos depuis jeudi 10 septembre, mais la polémique enfle dans le pays. Après les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), c’est au tour des partis politiques (opposition et majorité) et de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger de plaider pour un report de ces élections.

Aux dires de Moussa Ag Attaher, sur les ondes de RFI, le jeudi dernier : ” Les élections régionales et communales pourront se tenir au Mali mais non sur le territoire. Pour l’un des porte-paroles des mouvements rebelles, il y a des préalables que le gouvernement du Mali devrait faire face après la signature de l’Accord de paix et de réconciliation nationale. Ceux-ci passent par l’élargissement du gouvernement aux groupes touaregs, la tenue d’une grande conférence nationale d’entente, le découpage administratif (transformer les cercles de Ménaka, Taoudénit et Douentza en régions), …

Une voix de plus s’est fait entendre le week-end dernier pour le report des élections régionales et communales au Mali. Il s’agit de la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 d’Alger.

Une décision ” incompréhensible. ” Pour les groupes loyalistes de la Plateforme, le projet du gouvernement d’organiser les élections régionales et communales à la fin du mois prochain “n’est pas en harmonie avec les objectifs de paix et de réconciliation tant recherchées “, indique un communiqué de la Plateforme.

Et de rappeler que l’accord de paix, censé s’appliquer depuis juin dernier, prévoit une ” période intérimaire ” de 18 à 24 mois après la signature, durant laquelle des ” mesures exceptionnelles ” doivent être prises pour les régions du Nord. Ces mesures, essentiellement administratives et législatives, devant justement permettre la tenue des élections. Enfin, la Plateforme juge “pratiquement impossible ” d’organiser des élections dans le Nord, en raison de ” la situation d’insécurité actuelle “.

Les régionales et les communales maliennes ont déjà été repoussées par deux fois depuis mars 2014. Un nouveau report obligerait Bamako à mettre en place des autorités transitoires, aux contours très flous à ce jour.

La période intérimaire prévue par l’accord de paix est également censée permettre aux quelques 137.000 réfugiés qui vivent toujours hors du Mali de rentrer chez eux, dans le Nord, et donc de participer aux élections. Un objectif qui ne sera vraisemblablement pas atteint du jour au lendemain.

Même son de cloche chez les partis politiques de l’opposition qui ont été d’ailleurs les premiers à proposer ce report au gouvernement Modibo Kéïta. A l’époque, le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, M. Abdoulaye Idrissa Maïga, avait fait la sourde oreille prétextant que les élus communaux ne seront plus dans le délai constitutionnel. Et qu’il fallait coûte que coûte tenir ces élections.

Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et chef de file de l’opposition, affirme que ” dans la situation actuelle, les élections ne peuvent pas se tenir correctement. ” Il pointe du doigt accusateur sur l’absence de l’administration à Kidal. Ce qui rendait le dépôt des listes très difficile. Ce qui serait un chemin de croix pour les candidats ! ”

Tiébilé Dramé, président du Parena, dénonce une décision ” irresponsable ” et ” un projet d’élections impossibles ” à tenir sur l’ensemble du territoire. Il estime également que la tenue des régionales et des communales est ” en contradiction ” avec l’accord de paix signé en juin dernier.

Mais cette grogne ne concerne pas uniquement l’opposition : des voix au sein de la Convention des partis de la majorité présidentielle plaident également pour un report. Pour l’occasion, ils ont été reçus le jeudi dernier à la Primature par le Chef du gouvernement, M. Modibo Kéïta. Le même sujet du report des élections régionales et communales était au menu des discussions. Pour le président de l’Adema, Tiémoko Sangaré, ” il ne serait pas indiqué de maintenir cette date, car les conditions ne sont pas réunies. ” Il explique que des discussions ont été engagées avec les autres partis de la majorité ainsi qu’avec les autorités. Aucun commentaire du côté du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta pour le moment.

Cependant, de sources concordantes, le gouvernement travaillerait déjà sur le report des élections qui sont d’une importance capitale pour le Mali post-crise.

 

Youssouf Sangaré

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1 commentaire

  1. ce que je veux de la part du gouvernement, si report il y a, de tout faire pour mettre en place une équipe qui diligentera les affaires au niveau de nos collectivités pour couper court à toutes les velléités de nos élus de dilapider les ressources de nos communes. En tout cas une chose est sure, les élus communaux, même si le Mali en bloc devient un havre de paix, ne veulent jamais que les élections se tiennent. Ils ne crient pas sur les toits du monde pour le report des élections par souci de paix et de réconciliation, mais parce que le report leur donne le temps encore de dilapider les maigres ressources de leur patrie.

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