La CENI que le Général Kafougouna Koné a mise en place continue de nourrir la colère des partis de l’opposition. Ces derniers se sont réunis, samedi dernier, pour un meeting protestataire auquel de nombreux militants ont pris part.
Samedi 8 octobre, des centaines de militants des partis de l’opposition ont pris d’assaut le Carrefour des jeunes pour écouter, de la bouche de leurs dirigeants, la suite réservée à la requête à la Cour suprême, et qui demandent l’annulation du décret de mise en place de la CENI. Adopté par le conseil des ministres du 7 septembre 2011, ce texte attribue 9 postes sur 10 aux partis politiques proches de la majorité gouvernementale.
Mais, selon les contestataires, le dixième poste restant n’est pas non plus attribué à l’opposition puisque son titulaire, Moussa Konaté, est membre actif du PDES, le parti présidentiel. Cette fronde anti-gouvernementale est menée par le parti SADI, (seul parti représenté à l’Assemblée Nationale), le CD, le MPLO, le RJP, le Bara, le CNU, l’UNPR et l’ADCAM.
Dans une déclaration rendue publique, ils dénoncent la répartition des postes dans la CENI censée superviser et suivre les scrutins (référendaire, législatif et présidentiel) de 2012. A les entendre, le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales se serait engagé dans des manœuvres visant à les exclure de la CENI. Il y a d’abord cette lettre N°1898 MATCL du 4 août 2011 adressée au président du SADI, lui demandant de lui communiquer avant le 20 août 2011 le nom d’un seul représentant SADI devant siéger à la CENI pour le compte de l’opposition. Cette demande du MATCL est survenue à la suite de l’échec des négociations entre les partis de la majorité gouvernementale et ceux de l’opposition sur le quota de représentativité. L’opposition voulait le respect de la loi électorale qui prévoit un partage équitable des postes mais, néanmoins, était prête à faire «des concessions douloureuses». Quant à la majorité, elle ne voulait rien céder, à part un poste qu’elle estime échoir au SADI, seul parti de l’opposition parlementaire.
Le SADI du Dr Oumar Mariko ayant refusé ce marché en maintenant sa liste de 5 ou rien, le Général Kafougouna Koné qui, à l’en croire, aurait reçu deux autres listes de l’opposition provenant de Cheick Modibo Diarra (RPDM) et de Moussa Konaté (PDS) a fait son choix, porté sur la deuxième liste.
C’est pour éviter tout enlisement que l’implication de la Société civile a été sollicitée, souhaitée par le Ministre Kafougouna en personne. Mais, contre toute attente, selon les contestataires, alors même que la médiation était en cours pour conjurer la crise, le Gouvernement signe le décret nommant les membres d’une CENI, sans l’opposition. D’où le courroux de cette opposition qui a décidé d’attaquer ce texte en justice. Une requête est déposée dans ce sens sur la table de la Cour suprême. En attendant la décision de cette juridiction, l’opposition entend se faire entendre. Le premier acte vient d’être posé par ce meeting. D’autres activités protestataires suivront pour qu’elle se fasse reconnaître, respecter, et mise dans ses droits.
Selon ses dirigeants, «la crise actuelle et toutes celles qui seront provoquées cette année pré-électorale sont consciemment orchestrées, alimentées et entretenues par le Gouvernement et les partis qui le soutiennent». Aussi, elle appelle le peuple malien à se mobiliser (ou se mettre à genoux) contre ce test initial qui n’est qu’une répétition générale. En effet, si c’est cette CENI gouvernementale qui doit superviser et contrôler les élections à venir, autant dire, selon Mariko et ses camarades, que ce sont les scénarios catastrophiques et désastreux de 1997, 2002, 2004, 2007 et 2009 qui sont en préparation. Avec, à la clé, les fraudes massives, la corruption, l’argent, l’intimidation, les jeux d’influence et le chantage pour gagner des élections pipées à l’avance, dénuées de toute transparence et crédibilité.
Mais, il est encore temps, estiment-ils, pour le Gouvernement, pourvu qu’il le veuille, de mettre l’intérêt de la démocratie et de la Nation au dessus des «intérêts partisans et claniques», en appliquant par exemple la loi 06-044 du 6 septembre dont l’esprit et la lettre imposent une répartition équitable entre majorité et opposition dans la CENI.
Autant dire que Mariko et ses amis ne sont pas au bout de leurs peines.
CAT