Meeting de la Convention de la Majorité Présidentielle au tour du processus d’Alger : Boulkassoum Haïdara qualifie X. d’ « amnésique convaincu et de criminel économique »

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Mme Sy Kadiatou Sow
Mme Sy Kadiatou Sow

Mme Sy Kadiatou Sow, militante du Mouvement démocratique  et présidente de l’Association Alliance pour la démocratie au Mali, nous a accordé une interview dans le cadre de la date-anniversaire de la révolution populaire du 26 mars 1991. Cette  démocrate convaincue nous parle, dans cette interview, des raisons qui ont motivé elle et ses compagnons pour ce combat ; du paraphe de l’accord de paix d’Alger et du retour du président ATT demandé par certains de ses partisans.Le Reporter Mag : Que symbolise selon vous la date du 26 mars 1991 ?

Mme Sy Kadiatou Sow : C’est une date-repère dans l’histoire moderne du Mali. Le Mali moderne aujourd’hui se définit par rapport à l’entrée en conquête démocratique. Conquête démocratique faite à la suite des événements de janvier et mars 1991. C’est une longue histoire. C’est la suite de beaucoup de combats et la conjugaison de beaucoup d’engagements, d’efforts et de militantisme de plusieurs générations. Pour moi, le 26 mars est une période charnière dans l’histoire du Mali moderne. Il y a maintenant 24 ans, c’est beaucoup à la fois et c’est peu pour évaluer le parcours, mais c’est vraiment un acte fondateur qui a été fait en 1991 par différentes générations anciennes qui étaient dans la clandestinité, dont certains nous ont quittés malheureusement. J’ai une pensée pieuse pour eux.  Il y avait cette génération qui était dans la clandestinité, qui préparait et se préparait à contribuer à l’avènement du changement politique au Mali. Mais il y avait aussi les jeunes à travers des Associations de jeunes qui se sont créées dans ces années 1990. C’est la conjugaison de tous. C’est tout ce combat qui a produit la révolution de mars 1991. C’est une date importante pour moi, pas seulement en tant qu’actrice, mais simplement en tant que citoyenne. Je pense qu’il est normal que les Maliens soient fiers de l’aboutissement de ce combat pour une ouverture politique et pour plus de justice sociale et de développement pour le pays.

 

Vous êtes l’un des principaux acteurs de la révolution du 26 mars. Peut-on savoir les raisons qui ont motivé votre combat ?

 Comme beaucoup d’autres camarades, à l’époque, tout le monde savait que la situation était difficile pour les Maliennes et Maliens. Nous étions sous une chape de plomb parce que nous étions d’abord un régime militaire, et ensuite, un parti unique s’imposait à tous. On était obligé d’être le militant de l’Udpm (Union démocratique du peuple malien), sinon on était presque rien. Notre combat était que chaque citoyen malien se sente Malien au même titre qu’un autre et qu’il y ait plus de justice sociale ; que le pays ne soit pas géré par un groupe, un clan ou une famille ; que les Maliens aient leur mot à dire dans la gestion des affaires de leur pays. C’est aussi le souci d’un mieux-être parce qu’à l’époque, le mot d’ordre, c’était le multipartisme, le changement, la conquête des libertés fondamentales. Ce sont ces motivations qui m’ont conduite, moi et d’autres camarades, à nous engager dans ce combat. Nous estimions que nous avions notre mot à dire et notre contribution à porter et que notre devoir était de nous battre pour que nous ne soyons plus sous le régime du parti unique.

 

Les valeurs pour lesquelles vous vous êtes battue sont-elles consolidées aujourd’hui ?

Oui, je pense que certaines sont consolidées. Aujourd’hui, je crois que le droit à la parole, à la liberté de s’organiser, de s’exprimer, d’intervenir dans la gestion des affaires, ce sont des droits qui restent là. Ce sont les acquis qui sont importants à préserver parce que rien n’est irréversible. Il faut qu’on préserve ces acquis-là. Toutes ces libertés ont contribué à changer la face du Mali. Mais, ce sont des acquis qu’il faut absolument préserver et consolider. Il reste que le parcours n’a pas été facile. Il y a  beaucoup de choses qu’on aurait dues mieux faire. La gouvernance du pays est au plus mal. C’est vrai que ça ne date pas d’aujourd’hui. Mais, de nos jours, c’est une situation plus compliquée encore qu’auparavant. On espérait qu’avec le temps, certaines pratiques comme la corruption, le népotisme auraient progressivement diminué dans le pays. Mais malheureusement, nous devons constater que notre société est quasiment gangrenée par la corruption. C’est vraiment un des grands regrets. Ce qui fait plus mal, c’est de constater que nous-mêmes, en tant qu’acteurs du Mouvement démocratique, certains parmi nous considèrent que ce n’est pas grave. Je pense que nous ne devons pas fermer les yeux là-dessus. Nous devons dénoncer ! Nous devons nous conformer  quotidiennement à tout ce que nous faisons en tenant compte des engagements que nous avions pris vis-à-vis des martyrs. Nous ne devons pas oublier qu’à l’époque, nous menions ce combat-là. Dans les années 1990, nous avons dit que nous voulions changer la façon de gérer le pays et nous ne pouvons pas oublier cela, en nous comportant comme ceux que nous avions combattus à l’époque. C’est vraiment l’interpellation forte à l’endroit de tous. Nous devons agir pour que la nouvelle génération tourne cette page ; pour que le pays soit mieux géré et qu’il y ait plus de transparence, d’équité et de justice sociale. Il est vrai que quand on parle de valeurs, c’est l’un des points noirs du parcours de notre démocratie, même s’il est aussi vrai qu’on constate le même phénomène partout. Mais il est inadmissible que, dans un pays comme le nôtre, qui est en difficulté aujourd’hui, ces pratiques continuent.

 

Quel a été l’apport des femmes dans le combat pour l’avènement de la démocratie au Mali ?

 Il a été essentiel. Pour ceux qui se rappellent des événements, elles étaient là au-devant de la scène. À partir du moment où la soldatesque  de Moussa Traoré a tiré sur les jeunes, les femmes ont dit : nous ne pouvons pas continuer comme ça. Ce sont les femmes qui sont les premières à descendre dans la rue et ensuite, les hommes ont suivi. Elles ont joué un rôle essentiel. Le sens de leur combat, c’était de dire qu’il ne peut pas y avoir de changement dans cette situation des femmes, tant qu’il n’y a pas un changement global au niveau du pays. Le combat des femmes se situait aussi dans le cadre du combat pour plus d’ouverture politique et de démocratie réelle. Le combat des femmes était le combat du Mouvement démocratique. C’est pour ça qu’elles étaient aussi membres du Mouvement démocratique au niveau de certaines associations comme la Cofem, l’Apdf…

 

Après le coup d’Etat du 22 mars 2012, ne pensez-vous pas que la révolution du 26 mars a été sacrifiée ?

 Non, je ne dirai pas cela. Je pense que c’est malheureux. Je regrette profondément que le 22 mars 2012 ait eu lieu. Mais, je pense que ceux qui ont salué ce coup d’Etat, se sont vraiment égarés. Un coup d’Etat dans une démocratie n’est jamais une bonne chose. C’est toujours, à mon avis, un recul et la preuve est là. Surtout que ceux qui ont fait le coup d’Etat, lorsqu’on voit par rapport à ce qu’ils se comportaient, les actes qu’ils ont eu à poser et le recul extraordinaire que cela à entraîner pour notre pays par la suite. Malgré les difficultés qui avaient eu lieu dans le pays, surtout de tous les régimes qui se sont succédé, on n’avait jamais connu une telle situation. Le coup d’Etat a constitué un grand recul pour notre pays. Je souhaite qu’on ait plus à vivre ce genre de situation. Notre combat, c’est totalement à l’opposé. Ceux qui ont fait le coup d’Etat (en 2012) ont voulu salir tout ce que représentait mars 1991, mais c’est peine perdue ! Le combat que les démocrates doivent mener aujourd’hui, c’est de faire en sorte que les acquis ne soient pas perdus et que la mémoire de ceux qui sont tombés ne soit pas oubliée. La lutte n’est pas terminée. S’il y a eu le 22 mars 2012, ça veut dire que, quelque part, il y a eu un relâchement et nous devons tout faire pour redresser la barre.

 

La crise qu’a connue le Mali nous a ramenés en arrière. Quel commentaire en faites-vous ?

 C’est une réalité. Elle nous a ramenés en arrière. On est tellement encore sous le choc et on a du mal à se ressaisir et à élaborer des stratégies pour sortir de la crise. L’Alliance pour la démocratie au Mali a eu à interpeller le pouvoir public, la classe politique, pour dire qu’il faut que les Maliens sachent là où on veut amener ce pays. C’est une question d’intérêt national et tout le monde doit s’en préoccuper. Il ne faut pas que les gens considèrent que c’est l’affaire des seuls dirigeants. Mais, pour que les gens puissent apporter leur contribution, il faudrait que les dirigeants leur donnent la possibilité de donner leur point de vue et d’apporter leur contribution, sinon on va continuer à tourner en round. On ne va pas avoir une riposte solide nationale face à la Communauté internationale et à ceux qui nous empêchent aujourd’hui de respirer, les rebelles.

 

Quel est votre point de vue sur l’accord de paix paraphé à Alger ?

 Je pense qu’honnêtement, c’est le minimum du minimum. Si ce n’était pas la pression de la Communautaire internationale, ce n’est pas à mon avis un accord qui règle aujourd’hui les problèmes, tel qu’on aurait voulu pour le pays, de façon globale et durable. Mais, quand on est dans une situation comme ça et qu’on recherche avant tout un apaisement et qu’on a une mobilisation extraordinaire autour du Mali, on ne peut pas avoir ce qui est meilleur pour le pays. On est obligés de céder sur certains points. Personnellement, je n’aurais pas paraphé cet accord tel qu’il est. J’aurais voulu autre chose. Puisqu’on est arrivé à un point où pratiquement tout le monde était pressé d’en finir, le gouvernement a paraphé. Mais à mon avis, il aurait dû attendre que l’autre partie paraphe parce que le gouvernement est une institution, c’est l’Etat malien. Je pense qu’aujourd’hui, c’est plus important que jamais que la Communauté internationale comprenne qu’il y a une ligne rouge qu’elle ne peut pas nous faire franchir. Qu’elle comprenne qu’aucun Etat ne peut accepter de se mettre à genoux devant une petite extrême minorité. Je ne comprends pas qu’on soit dans une situation de parler de l’Azawad, de l’intégration et de réinsertion des combattants du Mnla. On a vécu pareille situation avant qui a causé des traumatismes au sein des forces armées. Quelle assurance nos troupes peuvent avoir face demain à des gens qu’on va intégrer ? Puisqu’on a vécu de telles situations auparavant, on n’aurait dû tirer des leçons. On ne peut pas se mettre dans une situation où on a un quota  pour ceux du Nord par rapport à ceux du Sud. Le Mali n’a jamais fonctionné comme ça. On pouvait avoir mieux que ça.

 

Que pensez-vous du refus de la Coordination du mouvement de l’Azawad de signer le document ?

 Ça ne m’étonne pas du tout. Toutes ces divisions, ces déclarations, ça fait partie de sa stratégie et ça a toujours été comme ça. La balle est dans le camp de la Communauté internationale. Si ces groupes ont eu la visibilité et la force militaire, c’est parce que quelque part au niveau de la Communauté internationale, on a fermé les yeux sur beaucoup de choses. Maintenant, cette Communauté internationale se rend compte qu’en réalité,  il y a très peu de sincérité de ce côté. C’est à elle de prendre ses responsabilités parce que si elle laisse ces groupes tergiverser, elle n’aura plus aucun crédit au Mali et nulle part ailleurs.

 

Certains partisans d’ATT demandent son retour au Mali. Votre point de vue.

 C’est leur droit. Notre Association, Alliance pour la démocratie au Mali, à partir de 2009, a commencé à dénoncer certains faits. Les gens ont cru que c’était contre la personne d’ATT. Nous avons dit que c’est par rapport à la gouvernance qui était en cours et nous voulions tirer la sonnette d’alarme. Nous n’avons pas souhaité qu’il y ait un coup d’Etat. Qu’ATT parte comme ça en exil, c’est dommage pour le Mali ! On aurait dû le laisser terminer son mandat avec ce qu’il a pu faire de bien et ce qu’il n’a pas fait, et que celui qui le remplacera, continue et améliore le système et corrige ce qui est à corriger. On n’aurait préféré ça au niveau de notre Association. Si les partisans d’ATT demandent qu’il retourne, ils en ont le droit, car c’est un citoyen malien. S’il doit être jugé, qu’il le soit, mais il ne sera pas le seul. Je pense qu’il faut que la justice soit égale pour tous. Nous n’avons pas voulu ce sort pour le président ATT. Il a, comme d’autres présidents avant lui, apporté sa contribution à la construction du Mali avec des hauts et des bas. C’est un fait. Il fait partie de l’histoire de ce pays. Personnellement, je n’ai rien contre.

 

Quel peut être l’apport des femmes pour le retour de la paix au Mali ?

 Quand il y a une situation de conflit, ce sont elles qui résistent, qui s’occupent des enfants. Ce sont elles qui subissent les violences et ce sont elles qui sont les premières concernées. Les femmes doivent absolument être associées à tout le processus de gestion de la crise et à la recherche de la paix. Parce que si elles ne sont pas impliquées, il n’y aura pas de paix durable. Elles peuvent jouer un très grand rôle. C’est dommage qu’on leur fasse appel lorsqu’on veut faire de grands événements pour montrer qu’elles sont là. On devrait considérer qu’elles constituent le pilier de la famille et de la société.

 

Avez-vous un appel à lancer aux Maliennes et aux Maliens ?

C’est d’abord que chaque Malienne et chaque Malien se sentent réellement concernés par ce qui se passe. Quelquefois, on a le sentiment qu’il y a une sorte d’indifférence, d’insouciance d’une partie des Maliens par rapport à ce qui se passe dans le pays. Si les Maliens ne se mobilisent pas autour du Mali qui est leur bien commun, on va vers la catastrophe. Que chacun au niveau où il est, se dise que le Mali doit être préservé pour l’intérêt de tous les Maliens. Et pour préserver le Mali, il faut se préoccuper de la bonne santé de la démocratie. Si on ne se préoccupe pas d’avancer notre système démocratique, ça va être un recul grave. J’appelle à la mobilisation générale de l’ensemble des Maliens autour des intérêts du Mali. Je souhaite que cette année 2015 nous fasse oublier les affres des 3 dernières années passées et que le Mali retrouve le chemin qui le mène au développement !

 

Réalisée par Diango COULIBALY

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6 COMMENTAIRES

  1. J’épouse l’analyse et je convoie même la noce. Mme SY est une patriote sans équivalent. Toutes ces interventions sont tournées sur le Mali et sa grandeur. Bourgeoise! je ne le pense pas, c’est pas de sa faute si elle fut Ministre en même temps que son Mari. Sa compétence le prouve à suffisance. Parmi les femmes intellectuelles de nos jours, elle sort sans nul doute du lot. Gouverneur du district, elle etait sur le point de balayer tout Bamako des quartiers spontanés comme bozola quand on l’a relevé.

  2. L'Icone de la démocratie malienne a parlé! Rares sont les cadres maliens ayant géré les affaires publiques qui peuvent parler de la sorte: le courage dont elle a fait montre, la rigueur dans sa gestion de la chose publique et son refus de cautionner ce qui va à l'encontre de l'intérêt général font que cette GRANDE DAME sera encore un exemple pour des générations de maliens qui veulent voir le Mali aller dans le bon sens, celui du bonheur pour la majorité de maliens!

  3. Le coup d’état du 22 mars 2012 a déshabillé et a mis a terre tous ces gens qui jouissaient du NOM du 26 mars, il aaurait meme mieux en poursuivant tous ces traitres qui ont sucé le sang des maliens, votre cosmetique démoratie ne regardait que vous meme vous dirigez et vous remplacez par vos meme gens et vos fils vauriens ont des places que vous leur reservez PARCE QUE C EST DES GENRATIONs SPONTANées, on vous comprend pas. il a fallu le coup d etat pourque ton mari devienne secretaire genral de la presidence quelle est la forme d avoir des vertus dans un cas et de la laminer dans un autre cas, vous avez échoué , bougez vous tous de la politique malienne, vous ne pouvez plus ecroquer les maliens sous la baniere de votre democratie, c est sous vous que modibo keita etait devenu premier ministre d alpha et qui revientencore pourtant vous avez commbattu MMOUSSA meme si c est dans la clandestinité vous etiez seulement sorti pour vous mettre sur une voiture et vous vous glorifiez de cela
    on vous connait tous les methodes des annéees 90 sont epuisées schez le si non vous aurez le mem sort que es moussa et ATT car la nouvelle genration ne considere plus le 26 mar on s en fou car a partles martyrs vous l avez souillé avec le vole , le mensonge politique , le clientelisme le népotisme, la faveur a vos enfants les autres enfant doivent crever. C EST UN DE VOUS QUI a dit que Moussa est republicain grand republicain mais vous avez tous fait motus denoncez officiellement mais vous preferz deambule dans les ministeres pour des faveurs et rappelé aux gens que vous avez combattu Moussa traoré mais nous on s en fou, ce qu il faut poser comme question entre Moussa traoré et AYA sanogo qui a tué plus de gens qui a fait plus de detournement, posez vous des questions comme cela ça vous permettra de joger vos desir, abas les gens qui ont lutté uniquement pour leur propre reconnaisssance.
    TONGO

  4. Quand la lutte atteint la dictature du prolétariat, d’autres bourgeois plus dangereux que les anciens bourgeois surgiront pour faire plus mal aux nouveaux prolétaires. Mme Sy, vous vous êtes embourgeoisée et vous ne pourrez plus aider les nouveaux prolétaires. Qu’Allah protège le nouveau prolétariat.

  5. Malx
    “Qu’es ce que nous mêmes ont peut et ont doit faire face à nos problèmes?
    N’oublions que quoiqu’il arrive ce problème est le mien!!!
    Arrêtons d’accuse les autres.”

    E.X.A.C.T.E.M.E.N.T!!!

  6. Salam
    Belle analyse la Peulette ,juste une question:
    n’est-il pas temps que les malien arrêtes d’indexer la communauté internationale et faire face à leurs responsabilité et leurs devenir?
    Posons nous la question de savoir:
    Qu’es ce que nous mêmes ont peut et ont doit faire face à nos problèmes?
    N’oublions que quoiqu’il arrive ce problème est le mien!!!
    Arrêtons d’accuse les autres.
    Salam

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