La “médiocratie”

Deux grands maux menacent le futur sinon l’existence même du Mali, à savoir l’incompétence de la plupart de ses cadres et leur malhonnêteté. Incompétence additionnée à la malhonnête produit la “médiocratie”, autrement dit, la gouvernance par les nuls.

Nous avons un bien commun : le Mali, hérité de nos ancêtres que nous avons le devoir sinon l’obligation de léguer à notre postérité. Hier comme aujourd’hui, ceux qui vivent hors des frontières du Mali savent combien la patrie est importante, combien il est difficile de se trouver une seconde patrie.

Les événements que le Mali a connus et continue de connaître nous obligent à réagir, à devenir des acteurs et non des spectateurs afro-pessimistes sous d’autres cieux. Le Mali vient de loin et même de très loin, mais avec le plébiscite d’IBK, le peuple a cru que l’homme à poigne au verbe haut, dans le meilleur des cas, nous sortira très tôt du guêpier de Kidal, et au pire des cas, aura néanmoins une gestion saine et irréprochable des deniers publics.

Mais, hélas, en dépit du soutien et du regard de la communauté internationale, de la ferveur des chefs d’État africains venus en masse pour l’investiture du sauveur suprême et de l’enthousiasme des Maliens, IBK n’a pas été à la hauteur de l’espoir placé en lui.

Primo, dans les ambassades et consulats sont nommés ambassadeurs des gens peut-être compétents, mais, qui n’ont rien à voir avec la diplomatie. Ainsi un vieillard est bombardé ambassadeur bien qu’ayant 75 ans et la santé fragile. Des juristes, tout court, un gérant d’hôtel, un administrateur de société, un agro-économiste, un ex-technicien de surface sont bombardés ambassadeurs. Dans les consulats n’importe qui peut se retrouver Consul ou conseillers consulaires. À Paris, nul ne sait à quoi sert cette pléthore de conseillers consulaires.

Souvent, on devient conseiller consulaire juste pour avoir l’occasion de soigner en Occident un fils malade ou se soigner. Il paraît, semble-t-il, que la médecine soit développée en France et que les Français sont généreux en matière de santé pour tous. Les intérêts de la diaspora peuvent attendre.

Secundo, depuis la lecture faite de la lettre de démission du fils d’Ibrahim Ly, nous avons su que le pays va mal ; les détournements de masse, qui aurait cru qu’en une année de gestion tant d’affaires allaient surgir sous le règne du président de l’honneur du Mali, et d’ailleurs, de quel honneur s’agit-il, honneur réel ou honneur simplement agité ?

Citons entre autres les surfacturations liées à l’achat des fournitures de l’armée pour le moment estimées à 38. 000.000.000 milliards de Fcfa. De l’avion qui aurait coûté tantôt 17 milliards tantôt 20 milliards Fcfa et acquis dans des conditions opaques. De la fuite du très surveillé ex-PDG de PMU-Mali, Idrissa Haïdara, à qui il est reproché le détournement d’une somme colossale. Quid de l’enquête sur sa fuite ?

Le Canada ne joue pas avec les affaires de corruption sinon, si le Mali en fait la demande, dans six mois maximum Haïdara est au Mali. Au fait, nos dirigeants sont des Haïdara en puissance, mieux vaut laisser faire sinon gare au retour de manivelle au cas où…

Tertio, le Premier ministre, dans une approche médiocre de la gestion du pouvoir, est parti à Kidal sans se préparer à affronter les conséquences d’une telle visite. Oui, Kidal, c’est le Mali ad vitam aeternam ; oui, le Premier ministre doit pouvoir se rendre où il veut sur l’étendue du territoire national. Mais, quand on prend le risque de provoquer une guerre sans la préparer sérieusement, cela s’appelle purement et simplement une inconséquence, donc une «médiocratie» !

Boubacar SOW

                                                                                                         boubacarsow@hotmail.fr

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