Me Mountaga talla au sujet de la crise malienne : « Les négociations n’aboutiront que si nous préparons la guerre »

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Sa traditionnelle présentation de vœux fut une occasion pour le président du Cnid-fyt d’échanger avec la presse sur d’importantes questions relatives à la vie de la nation. Mieux, il a prôné l’union autour des institutions de la République.

 

Me Mountaga Tall

Mardi dernier, Me Mountaga Tall, président du Cnid, entouré de quelques membres du Comité directeur et en présence d’une poignée de militants de son parti, a présenté ses vœux à la presse malienne. Ce traditionnel rendez-vous fut un moment privilégié pour l’Honorable Tall de partager avec la presse du Mali et d’ailleurs sa vision et celle de son parti sur des questions qui ont agité notre pays au cours de l’année écoulée. Ainsi, il a passé en revue des sujets tels que la situation de la liberté de presse au Mali, les concertations nationales,  les éventuelles négociations avec les bandes armées du Nord, entre autres.

Dans une communication laborieuse, le président du parti du soleil levant a, d’entrée de jeu, condamné les agressions dont ont été victimes certains de nos confrères en 2012. Toute chose qui constitue, estime-t-il, un recul pour la liberté de presse dans notre pays. Connu pour être un combattant infatigable pour une presse libre au Mali, Me Tall a réaffirmé son attachement profond à la dépénalisation des délits de presse. Il a toutefois émis la réserve que les journalistes qui jouent avec la dignité des autres puissent rendre compte, non pas devant le juge, mais devant leurs paires. Et le président du Cnid de suggérer que la presse malienne fasse l’examen de ses faiblesses, notamment sur le plan de la formation, de la sécurité de l’emploi, du respect de la déontologie et de la faiblesse des moyens.

L’année 2012 a été, rappelle-t-il, difficile pour notre pays au regard de la crise institutionnelle qui lui a été imposée par les évènements du 22 mars 2012. C’est pourquoi, l’honorable Tall a estimé que le débat était inévitable. Débat qui devrait permettre de déterminer les responsabilités dans l’avènement de ce désastre afin que chacun s’assume. Mais, à présent, la question n’est pas, dit-il, de savoir qui a mis le feu à la case paternelle. Il faut plutôt éteindre l’incendie. Pour y parvenir, le président du Cnid a invité ses compatriotes au dépassement de soi et à ne penser que Mali. «Par delà les mots, nous devons par nos actes prouver que nous pouvons, pour un temps, oublier nos agendas particuliers et nos ambitions personnelles », a-t-il conseillé. En ce moment, notre pays vit certainement une situation difficile de son histoire. Mais, Me Tall garde l’espoir que des nations comme la nôtre résistent toujours aux épreuves et finissent par s’imposer. Surtout quand on sait que la commune volonté des Maliens de vivre ensemble demeure jusque-là inébranlable. Et il n’y a que des compatriotes, minoritaires même au sein de leurs propres communautés, qui ignorent cette évidence. Pour lui, la partition, même différée de notre patrie, est inacceptable.

Parlant des concertations nationales, le président du Cnid-fyt a estimé qu’elles doivent être inclusives, consensuelles, mais surtout constructives. Mieux, elles doivent permettre l’insertion harmonieuse des propositions faites par le chef de l’Etat dans l’architecture institutionnelle prévue par la constitution du Mali.

Au sujet des négociations qui se profilent, Me Mountaga Tall a été on ne peut plus clair. Bien sûr qu’il faut négocier, a-t-il dit. Mais, de son avis, ce serait une erreur de croire que des gens qui ont pris des armes contre leur pays renonceraient à leur objectif si cela leur était gentiment demandé. «Aucune négociation n’aboutira sans une force de persuasion qui ne peut être qu’une menace militaire crédible », indique-t-il.

Mais avec qui faut-il négocier ?

De l’avis de l’honorable Tall, il importe de comprendre que les groupes armés partagent les mêmes intérêts et procèdent généralement à des partages de rôle. Les quelques contradictions n’opposent pas forcement les Maliens aux étrangers. A présent, il appartient aux négociateurs et aux décideurs d’intégrer cette donnée fondamentale pour ne pas commettre de regrettables erreurs. Par ailleurs, pour le règlement de la crise institutionnelle, le président du Cnid a prôné, comme par le passé, l’union sacrée autour des institutions de la République.

Bakary Sogodogo

 

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