Comme les autres années, Me Mountaga Tall, non moins président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID Faso Yiriwa Ton), a, pour l’année 2021, fait sa traditionnelle présentation de vœux aux hommes de médias hier, mercredi 13 janvier à la maison de la presse. À cette occasion, il s’est penché sur la promotion du secteur.
En clair, cela fait 22 ans consécutifs que le vétéran politique reste fidèle à sa tradition. Celle consistant à présenter ses vœux les meilleurs aux hommes de médias. « Est-il besoin d’aller consulter le sérieux classement de la liberté de presse du Reporter sans frontières pour s’inquiéter des atteintes à la liberté de la presse dans notre pays ? », s’interroge Me Tall. L’exemple frappant de ces atteintes à la liberté de presse reste, dit-il, les arrestations récentes de certains journalistes qui se trouvent enfermés à la maison centrale de Bamako, a-t-il déploré. Connu comme un défenseur de la démocratie et de la liberté de presse, l’avocat de profession estime, en vue de mettre un terme à ces dérives de plus en plus flagrantes au Mali, qu’il convient d’envisager au moins deux mesures.
La première doit porter sur l’abrogation immédiate de l’instruction N°2366/MATD-SG du 18 décembre 2020 relative à l’application de l’état d’urgence. Prise en raison du covid-19, cette décision plane, sous ses yeux, des menaces sur les libertés individuelles et collectives. Ce qui l’amène à dire que le texte doit être purement et simplement retiré. « La seconde mesure consiste à dépénaliser les délits de presse. Je ne confondrai jamais cette mesure avec l’irresponsabilité des acteurs de médias des manquements dont ils se rendraient coupables. Cette dépénalisation se fait soit par le jugement de leurs pairs, soit par des sanctions pécuniaires appropriées », exprime le présentateur de vœux. Et d’être concis au monde médiatique malien : « En raison de la place éminente et irremplaçable de la presse en démocratie, il faut travailler à mieux former les journalistes et à rendre les entreprises de presse viables, soustrayant les journalistes de la précarité ».L’aide publique à la presse et la revue à la hausse pourraient être un début de solution, argue le président du CNID.
L’année 2020, une année terrible et de chute du régime IBK pour Me Tall
Tout comme la majeure partie des citoyens maliens, l’influent membre du M5-RFP reste aussi convaincu que 2020 a été dur pour le pays. « 2020 restera longtemps dans la mémoire collective des Maliens. Ils ont vécu dans leur chair et âme, une des années les plus difficiles depuis l’indépendance de notre pays », confie le vétéran politique, précisant que cela a été dû à la pandémie du covid-19 ; aux grèves répétitives ; à la consternation de l’insécurité ; à une crise sociopolitique qui a entrainé la chute d’un régime « honni » (celui de IBK) .A ses dires, la mauvaise et laxiste gestion du covid-19 avec comme effet « corona business » ont exposé les Maliens aux affres de la maladie pandémique. Certes, ajoute Mountaga Tall, on n’était pas le seul pays menacé, mais ceux qui ont organisé les élections (les dernières législatives) de l’époque, ont une responsabilité à assumer devant l’histoire. Cette pandémie a entrainé de nombreux morts ; la fermeture des écoles qui compromet l’avenir des jeunes ; voire la perte des milliers d’emplois.
Des conditions qui ont aggravé la précarité dans laquelle vivent les Maliens, regrette le politicard. La chute du régime IBK est, va-t-il rappeler, obtenue suite à une lutte héroïque du M5-RFP qui est actuellement victime d’une trahison venant des militaires qui ont parachevé le combat du peuple. En tant que membre du M5, Mountaga Tall a, pour la circonstance, aussi montré que la transition est sur une mauvaise trajectoire qu’il convient, pour le bonheur de tous, de redresser. « La militarisation à outrance de la transition et de l’administration publique ; les violations répétées des textes par les autorités ; le non-respect de l’Etat de droit avec des arrestations extrajudiciaires ;la volonté affichée de procéder à une mainmise sur l’administration du pays sont, pour lui, autant des faits qui fragilisent cette période transitoire ».S’ajoutent à ces faits, dira-t-il, les conditions opaques et bureaucratiques du processus de révision constitutionnelle, voire la mise en place des conditions pour une cession panifiée du pouvoir, en lieu et place d’élection crédible et démocratique. « La refondation est jetée aux oubliettes au profit d’une transition de continuité, ces errements étaient évitables, et il est temps de se ressaisir », a-t-il dit. En tout état de cause, la position du parti a été clarifiée par Me Mountaga Tall : « Les seuls choses qui, pour nous, sont importantes demeureront l’amour de la patrie ; l’intégrité et la compétence. Ce, dans le respect de la mise en œuvre de notre devise : Un peuple, un but et une foi, voire celle du parti CNID : rassembler pour construire ». Et de finir en ces termes : « Relever notre patrie et lui redonner sa dignité d’antan est le seul ultim de notre combat ».
Mamadou Diarra