Lors de la 26e édition de sa présentation de vœux de nouvel an à la presse, le mercredi 15 janvier 2025, à la Maison de la presse, le président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid/Faso yiriwa ton), Me Mountaga Tall, s’est montré solidaire avec les journalistes en plaidant la dépénalisation des délits de presse. Il avait à ses côtés, le président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, le président de l’Urtel, Mamadou Bocoum, le représentant d’Appel-Mali, Mamadou Diarra.
Prenant la parole au nom des journalistes, le président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, a évoqué les difficultés qui assaillent le métier de journaliste au Mali. “Rares sont les journaux qui arrivent à paraître, les radios se taisent, les télévisions souffrent. Pendant ce temps, des médias qui n’ont aucune existence légale, prennent les parts de marchés au détriment des médias qui n’ont aucune assistance pour leur digitalisation et leur professionnalisation”, a-t-il lancé.
Toutefois, il a insisté sur la nécessité d’encadrer les médias au Mali. “Si le désordre dans le secteur des médias n’est pas encadré, la liberté de création des médias sera plus dangereuse que le terrorisme. Il y a des textes élaborés à cet effet mais qui restent sans adoption”, a prévenu Bandiougou Danté.
A sa suite, le président du Cnid/Fyt, Me Mountaga Tall a laissé entendre que les journalistes souffrent beaucoup à travers le monde, car certains sont en prison, d’autres sont même assassinés. “Les journalistes dénoncent, cela peut ne pas plaire, cela peut déranger l’Etat. Mais les cibler pour cela n’est pas normal. J’ai toujours plaidé pour une dépénalisation de la presse, incarcéré un journaliste ne sert absolument à rien”, a-t-il ajouté.
Evoquant la question énergétique, il a indiqué qu’elle est devenue une préoccupation majeure pour les Maliens à l’approche surtout du mois de Ramadan et de la saison chaude, ajoutant que la crise énergétique a un impact direct sur le bien-être des populations, l’activité économique et le fonctionnement des services publics. Aussi, elle met en lumière des problèmes d’infrastructures, de gestion et d’anticipation des besoins.
A ses dires, il est important de souligner que l’énergie n’est pas une simple question de confort. Elle est aussi une question de survie pour les entreprises, petites et grandes, et pour les personnes malades ou vulnérables. “Les témoignages des perturbations dans des établissements hospitaliers, en raison des coupures de courant, sont alarmants et inacceptables. Les drames humains liés à cette crise, avec les conséquences terribles sur les rites funéraires témoignent de l’urgence de trouver des solutions durables. Il est donc crucial que soient mises en place des mesures efficaces pour garantir un approvisionnement énergétique fiable et durable du pays”, a-t-il ajouté.
Sur le plan de la diplomatie, il a rappelé que si cela ne tenait qu’à lui, le Mali n’allait pas quitter la Cédéao, car, selon lui, nos autorités pouvaient travailler à apporter des réponses aux dysfonctionnements constatés. “Maintenant, puisque les dirigeants ont pris cette voie, faisons-en sorte que l’AES ne soit pas un échec. Entre le Mali et la Cédéao, il faut envisager un divorce à l’amiable, il ne faut renier le passé et exclure l’avenir”, martèlera-t-il.
Sur le plan politique, il dira que la libération de plusieurs leaders politiques précédemment arrêtés a été une source de soulagement. “Aujourd’hui nous pouvons dire, que comme beaucoup d’autres personnes, nous nous sommes investis, modestement et dans la limite de ce que nous pouvions, pour leur libération”, a ajouté Me Tall.
Cependant, dira-t-il, les conditions qui ont mené à ces arrestations suscitent encore des interrogations. Il devient dès lors essentiel, selon lui, de développer des mécanismes de gestion des différends politiques qui soient respectueux des droits et des libertés de chacun, et qui garantissent la paix sociale. Avant de rappeler que la politique est aussi l’art de gérer les désaccords de manière pacifique et constructive.
“Il est donc impératif que tous les acteurs politiques encore détenus soient libérés dans le strict respect de l’indépendance de la justice. Des mesures d’apaisement et de clémence doivent être envisagées, d’autant plus que toutes les conditions légales requises sont aujourd’hui réunies pour ce faire.
Il est de la responsabilité de chacun de construire un climat politique serein, propice au dialogue et au rassemblement de toutes les forces vives de la nation. Dans ce cadre, la justice devrait toujours se souvenir de son rôle crucial de régulateur social”, a-t-il fait remarquer.
Concernant l’organisation des élections, il a martelé que nul ne rend service a un pouvoir établi, en lui conseillant de se soustraire à la tenue d’élections, qui seules, légitiment, crédibilisent et renforcent l’action publique.
“Beaucoup prennent comme modèles Vladimir Poutine, Xi Jinping ou encore Recep Tayeb Erdogan qui sont, en fait, tous des chefs de partis qui ont organisé des élections pour présider aux destinées de leurs pays”, a renchéri Me Tall.
Pour lui, l’année 2024, à l’instar des années précédentes, a été marquée par des pratiques de corruption à différents échelons de l’administration publique et la lutte contre la corruption au Mali demeure un défi majeur qui nécessite une approche holistique et une volonté politique affirmée. “Il s’agit d’un combat de longue haleine qui exige l’implication de tous les acteurs de la société, y compris l’Etat, les institutions de contrôle, la justice, le secteur privé, la société civile et les citoyens eux-mêmes”, a-t-il poursuivi.
Ainsi, il dira que l’année 2025 doit être celle d’une plus grande prise de conscience collective, ou la lutte contre la corruption devient une priorité nationale, gage de développement et de progrès
Et de rappeler qu’après les événements de 18 août 2020, qui ont consacré le parachèvement par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) de la lutte héroïque de peuple malien portée par le M5-RFP, un partenariat stratégique avait été scellé entre les deux acteurs principaux du changement intervenu dans notre pays. Il s’agissait, de concert avec toutes les forces acquises as changement, d’œuvrer à une refondation complète.
“Le changement de gouvernement intervenu le 21 novembre 2024, a parachevé la mise à l’écart du M5-REP de la gestion de la transition et par conséquent, signe l’acte de décès du partenariat sous sa forme initiale”, a fait savoir.
Nonobstant cette rupture, dira-t-il, rien, absolument rien, ne devrait pouvoir remettre en cause l’engagement ferme et irrévocable des responsables et militants du M5-RFP et des entités qui le composent dont le Cnid/Fyt d’œuvrer à la pleine réussite de la Transition, à sa bonne fin et à la pérennisation de ses acquis après la Transition.
A l’en croire, cette posture s’impose d’autant plus que c’est le programme et les idées du M5-RFP contenus dans deux documents essentiels que sont les 10 points et 17 mesures et leur vision de la refondation qui ont conduit aux Assises nationales de la refondation dont les conclusions ont été traduites en Programme d’action gouvernemental qui continue, dans une large mesure, à s’appliquer.
Boubacar Païtao