Me Mountaga Tall face à la presse : “La refondation du Mali est jetée aux oubliettes au profit d’une Transition de continuité”

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Le président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid/Faso Yiriwa Ton), Me Mountaga Tall, a organisé sa traditionnelle présentation de vœux à la presse. C’était à la faveur d’une conférence de presse animée, le mercredi 13 janvier dernier, à la Maison de la presse. Pour la circonstance, il était entouré de l’ex- président de la Maison de la presse, Dramane Alou Koné, du président l’Union des radios et télévisions libres du Mali (Urtel), Bandiougou Danté, celui de l’Association des éditeurs de la presse privée (Assep), Bassidiki Touré et de plusieurs cadres du parti du Soleil levant.

Ouvrant le bal des interventions, le président de la Maison de la presse, Dramane Alou Koné a témoigné du combat du président du Cnid/Fyt pour l’avènement de la démocratie et de la liberté d’expression. Et inviter ses confères à ne jamais oublier ce combat de Me Mountaga Tall. Il a ajouté que le conférencier a toujours soutenu la presse dans les différentes procédures judiciaires engagées contre des journalistes.

Le président de l’Urtel, Bandiougou Danté, a laissé entendre que Me Mountaga Tall est un fervent défenseur de la démocratie et de la liberté dans notre pays. “Nous avons besoin de Me Tall au moment où nous assistons à la négation et la banalisation des acquis de mars 91 par certains apprentis sorciers”, a-t-il martelé.

Le président de l’Assep, Bassidiki Touré, a rendu un vibrant hommage au président du Cnid/Fyt pour son combat en faveur de la liberté d’expression, ajoutant que le conférencier, avocat de son état, s’est toujours constitué pour la défense des journalistes lors des procédures judiciaires engagées contre eux.

A leur suite, le président du Cnid/Fyt, Me Mountaga Tall a rendu un vibrant hommage à toutes les personnalités civiles et militaires de notre pays décédées au cours de l’année écoulée, notamment les anciens président Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré (ATT), l’ancien Premier ministre Modibo Kéita, l’honorable Soumaïla Cissé…

Atteintes graves à la liberté de la presse

Il a aussi saisi l’occasion pour remercier le Tout-Puissant qui lui a permis pour la 22e deuxième année consécutive, après une année particulièrement éprouvante à tout point de vue, d’organiser cette traditionnelle cérémonie de présentation de vœux de très bonne et heureuse année 2021 aux journalistes, aux organes de presse, aux associations et regroupements de presse, aux bloggeurs et aux acteurs présents sur les réseaux sociaux.

Il ajoutera qu’il n’a pas besoin d’aller consulter le classique et sérieux classement de la liberté de la presse de “Reporters sans frontières” pour s’inquiéter des atteintes graves à la liberté de la presse dars notre pays, citant pour preuve la récente rencontre des faitières de la presse avec des membres du gouvernement au cours de laquelle les autorités de Transition ont donné des garanties sur leur ferme volonté de respecter les droits des journalistes. “Le lendemain un des vôtres a été arrêté et se trouve toujours en détention préventive, malgré vos vives protestations”, a-t-il déploré.

Dépénalisation des délits de presse

Selon lui, au-delà des cas ponctuels à gérer, il y a lieu, pour mettre un terme définitif aux dérives de plus en plus flagrantes observées d’envisager au moins deux mesures. Et de poursuivre que la première doit porter sur l’abrogation de la loi n°2306 MATD-SG du 18 décembre 2020 relative à l’application de l’état d’urgence qui, sous le couvert de la lutte contre la pandémie de la Covid-19, fait planer des menaces sur toutes les libertés individuelles et collectives.

De son point de vue, ce texte doit être purement et simplement retiré et tous les démocrates et républicains devraient conjugueur leurs efforts pour cette cause. “J’ai plusieurs fois, ici même, annoncer la seconde mesure qui consiste à dépénaliser les délits de presse.

Je ne confondrai jamais cette mesure avec l’irresponsabilité des acteurs des médias qui doivent répondre des manquements dont ils se rendraient coupables soit par le jugement de leurs pairs qui pour moi est la pire des opprobres soit par des sanctions pécuniaires appropriées”, a-t-il précisé.

A l’en croire, en raison de la place éminente et irremplaçable de la presse en démocratie, il faut travailleur à mieux former les journalistes et à rendre les entreprises de presse viables pour soustraire les journalistes à la précarité.

Pour cela, l’aide publique à la presse revue à la hausse pourrait à cet égard être un début de solution. “C’est à ce prix que la justice dont le rôle est d’appliquer les textes même dans leur rigueur, se sentira mieux à l’aise. C’est pourquoi du haut de cette tribune je demande sa clémence pour ceux de vos confères en détention”.

Une gestion laxiste de la Covid-19

Pour le président du parti du Soleil levant, l’année qui s’achève risque de rester longtemps dans la mémoire collective des Maliens qui ont vécu dans leur chair et dans leur âme une des années les plus difficiles depuis l’indépendance de notre pays en raison de la pandémie du coronavirus, les grèves à répétition, la chute d’un régime honni, l’aggravation de l’insécurité avec ses conséquences dramatiques pour notre peuple.

Ainsi, il dira que la mauvaise et laxiste gestion de la pandémie de la Covid-19 avec son corolaire de morts ont exposé davantage nos compatriotes aux affres de cette maladie. “Certes nous n’étions pas les seuls concernés, mais ceux qui ont osé organiser des élections dans le contexte sanitaire de l’époque malgré les multiples mises en garde dont la nôtre qui a été la plus ferme et qui a même pris une tournure judiciaire ont une responsabilité à assumer devant l’Histoire. Cette pandémie a fait de très nombreux morts, entraîné la fermeture des écoles qui le demeurent malheureusement encore compromettant ainsi le cursus normal des apprenants, détruit des dizaines de milliers d’emplois et aggravé la précarité dans laquelle vivent nombre de nos compatriotes. Il faut dans ce tableau sombre saluer le sacerdoce des soignants, de tous les soignants au sens large et leur rendre un hommage mérité”, a souligné Me Tall.

Aux dires du conférencier, l’année 2020 a été aussi marquée par la chute de l’ancien régime à la suite de l’action héroïque et patriotique du M5-Rfp qui a réussi à fédérer et à mobiliser les forces patriotiques maliennes à Bamako et à l’intérieur du Mali et dans la Diaspora pour dire non à la corruption qui avait sapé tous les fondements de l’Etat faisant peser de sérieuses menaces sur l’existence même du Mali en tant que démocratie, République et nation.

Militarisation à outrance

Dans son réquisitoire, il a indiqué que le fruit mûr de cette lutte historique du M5-RFP a été cueilli le 18 août 2020 par un groupe de militaires ultérieurement rassemblés dans un organe dénommé Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui, malheureusement n’a jamais su établir une coopération dynamique avec le M5-RFP qui même en dehors des organes de la Transition continue à prôner une Transition de rupture et non une rupture de la Transition.

“Mais dans le même temps, dans un souci d’honnêteté et de redevabilité envers le peuple malien, le M5-RFP estime que la Transition est sur une très mauvaise trajectoire qu’il convient, pour le bien de tous, de redresser au plus tôt. Ainsi, la militarisation à outrance des organes de Transition et de l’administration publique dont la dénonciation ne concerne en rien l’armée en tant que telle, les violations réitérées adoptées des textes par les autorités mêmes qui les ont édictées, le non-respect de l’Etat de droit avec notamment les arrestations extrajudiciaires, la volonté clairement affichées de procéder à une mainmise totale sur l’administration sont autant de faits qui fragilisent la Transition et l’éloigne de ses objectifs initiaux et naturels”, a-t-il martelé.

Pour lui, à cela s’ajoutent les conditions opaques et bureaucratiques du processus de révision constitutionnelle et la mise en place de conditions pour une cession planifiée du pouvoir en lieu et place d’élections crédibles et démocratiques dont nul ne voit les prémices. “La refondation est jetée aux oubliettes au profit d’une Transition de continuité”, a-t-il conclu.       

 Boubacar Païtao

 

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