Me Kadidia Sangaré Coulibaly, présidente de la CNDH : ‘’ La réforme constitutionnelle n’est pas opportune actuellement ‘’

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Me Kadidia Sangaré Coulibaly, présidente de la CNDH

La présidente de la Commission des droits de l’homme (Cndh), Me Kadidia Sangaré Coulibaly, a soutenu que beaucoup de députés qui ont voté pour le projet de révision constitutionnelle ont des ambitions politiques. Elle estime en effet que le projet est inopportun. S’exprimant sur le projet de Code des personnes et de la famille, elle a déclaré : ‘’ Ce serait une catastrophe si jamais le document tel qu’il est présenté par l’Assemblée nationale est adopté. C’était lors d’une interview qu’elle nous a accordée, hier, dans son cabinet, sis à Bamako-coura‘’

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Le Républicain : Quel est votre point de vue sur la réforme constitutionnelle ?

Je pense que la réforme constitutionnelle n’est pas opportune actuellement, il y’a des points qu’il faut revoir. Le Mali a ratifié d’importants textes internationaux comme la Convention pour la protection de l’enfant, la Convention contre la discrimination faite aux femmes. Ces textes ne sont pas mentionnés dans le projet de constitution. En plus, le projet de constitution n’a pas pris en compte les préoccupations de certaines composantes de la société. A mon avis, le projet de réforme constitutionnelle doit être retravaillé. Il va falloir renvoyer cette réforme constitutionnelle après les élections pour que toutes les composantes de la société civile planchent sur le document et qu’on tienne compte des préoccupations des populations.

Pourtant une écrasante majorité des députés a voté pour le projet, qu’en pensez-vous ?

Les députés, pour la plupart, sont des hommes politiques et nous sommes à la veille des élections. Je pense qu’ils ont d’autres soucis. C’est ce qui justifie le vote du projet. Beaucoup d’entre eux ont des ambitions politiques.

Que pensez-vous du code des personnes et de la famille ?

Le projet du code des personnes et de la famille est le second document d’actualité au Mali qui pose problème. Il avait été adopté par l’Assemblée et a été renvoyé en seconde lecture par le président de la République, mais depuis le renvoi, l’assemblée nationale travaille en catimini avec le Haut conseil islamique sur le document, les autres composantes de la société n’ont pas été associées à cette tâche. Même s’il y a eu des écoutes, cela ne suffit pas, ils ont appelé certains représentants de la société civile pour les écouter. Non seulement ils n’ont pas tenu compte de leurs avis mais en plus, c’était trop bref. Ce serait une catastrophe si jamais le document tel qu’il est présenté par l’Assemblée nationale est adopté. Le projet de code des personnes et de la famille viole les droits de l’homme plus particulièrement les droits de l’enfant naturel reconnu. Quel est ce texte qui va empêcher un père qui a reconnu son enfant de le déclarer héritier ? À mon avis, cela constitue une violation des droits de cet enfant. Ensuite on empêche les enfants abandonnés d’être adoptés alors que l’adoption est une mesure qui ne concerne pas tout le monde, ça ne concerne que les personnes intéressées par cette pratique. Le projet de code des personnes et de la famille dans son état actuel constitue une entorse grave à la laïcité. Alors que la laïcité est consacrée par notre texte fondamental (la constitution).

Le Mali respecte-t-il les droits de l’homme ?

La Commission nationale des droits de l’homme vient de publier son premier rapport sur la situation des droits de l’homme au Mali. Nous avons dit dans ce rapport que le contexte politique est favorable à la promotion et à la protection des droits l’homme. Sur ce plan, il n’y a pas de problème, la liberté d’expression existe. Le Mali a créé beaucoup d’institutions et de structures de promotion et de protection des droits de l’homme. Cependant il y a beaucoup de défis majeurs qu’il faut relever. Le Mali a ratifié la quasi-totalité des textes internationaux et ces textes ne sont pas mis en harmonie avec nos textes internes. Il y a une contradiction entre ces textes internationaux et nos textes internes. La majorité de la population malienne est très pauvre et comme vous le savez la pauvreté est une violation grave des droits de l’homme. Il y a tous ces enfants mendiants qui sont dans la circulation, qui n’ont pas d’endroit où manger et dormir. Ils vivent et grandissent dans la rue, cela constitue une violation grave des droits de l’homme. Dans le document, nous avons évoqué la torture et les mauvais traitements des personnes dans les commissariats de police, les brigades de gendarmerie et les prisons : cela aussi constitue une violation des droits de l’homme. Les violences et les discriminations faites aux femmes ont aussi attiré notre attention dans le document.

Propos recueillis par Baba Dembélé

 

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