Aujourd’hui l’actualité politique est dominée par le projet de la Révision de la Constitution du 25 février 1992 initié par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita et adopté par les députés de la majorité présidentielle. Et ce projet de Révision a divisé les maliens en partisans du ‘’OUI’’ ; en partisans du ‘’NON’’ et en partisans du ‘’RIEN’’ qui sont qualifiés de centristes. Face à cette situation, le Mouvement citoyen pour l’alternance, le travail et la transparence (MC-ATT) vient de jouer sa partition. En organisant une conférence-débat sur le thème : « La révision constitutionnelle, quel consensus pour une sortie de crise ? ». Elle était animée par l’éminent avocat à la Cour Me Amadou Tiéoulé Diarra. C’était le samedi 22 juillet 2017 au Palais de la Culture.
Elle a vu la présence du président du Mouvement citoyen pour l’alternance, le travail et la transparence (MC-ATT), Jamille Bittar et sa 1ère Vice-présidente Mme Ascofaré Ouelematou Tamboura et plusieurs membres du parti. Cette conférence-débat, avait pour but pour le MC-ATT d’inviter un éminent expert en la matière à parler sur les atouts, les inconvénients du projet de la reforme constitutionnelle avec ses militants et militantes et les hommes de medias.
Pour le président Jamille Bittar, il n’est pas habilité à donner une quelconque position au parti en choisissant un camp de ‘‘Oui’’ ou ‘‘Non’’. Il s’est focalisé dans son intervention en demandant aux maliens de se pardonner, surtout les hommes et les femmes des différents régimes qui se sont succédés dans notre pays. « Nous avons toujours estimé au niveau du Mouvement citoyen que la seule alternative possible aujourd’hui pour notre pays est que nous acceptions de nous pardonner parce que tous les présidents d’un moment à un autre qui ont dirigé ce pays ont bien sûr leurs partisans. Donc ces dirigeants doivent forcement se pardonner et les partisans également doivent se pardonner pour se donner la main au profit du bonheur de notre pays », a-t-il estimé.
On retient dans l’exposé du conférencier Me Amadou Tiéoulé Diarra, qu’une révision constitutionnelle nécessite si les dispositifs ou les traités internationaux ne sont pas compatibles avec les dispositifs de la Constitution d’un pays. Mais pour notre cas, nous sommes entrain de réviser la Constitution pour l’adapter avec l’Accord d’Alger. Pour le conférencier, cet Accord n’est pas un Accord international mais plutôt c’est un Accord politique. A ses dires, il ne serait pas bon qu’on révise la Constitution pour cet Accord. « Il n’est pas question dans l’Accord pour dire qu’il faut forcement réviser la Constitution, mais plutôt il faut avoir les moyens politiques pour sa mise en œuvre », a-t-il évoqué. Et de dire qu’en toute franchise dans la Constitution en vigueur, il y a des dispositifs sur la décentralisation et il y a aussi des lois à la faveur de la décentralisation. Donc pour lui, on ne devrait pas réviser cette Constitution pour ce motif parce que tout est prévu dans l’actuelle Constitution sauf la création du Senat.
Selon Me AT Diarra, tout le problème du Mali a commencé par la signature du pacte de 1992. Selon ses propos, c’est dans ce pacte qu’il y a le nom de statut particulier du Nord. « A l’époque, on était soudé, il y a eu un consensus en dessus, mais c’est que là le problème a été entamé », a-t-il regretté. Et d’avouer qu’il n’est pas du tout normal qu’on donne un statut particulier à un Groupe ou une communauté dans un pays. « Donc est ce qu’on doit comprendre ce mot statut particulier comme une lettre ou comme un esprit ?», s’interroge-t-il. A ses dires, cela est pareil pour l’Accord d’Alger c’est pourquoi il demande si c’est comme une lettre ou comme un esprit qu’on doit assimiler cet accord pour son application.
A la question des journalistes de savoir s’il n’y a pas des spécialistes au Mali pour rédiger une Constitution, Me AT Diarra de répondre qu’aujourd’hui nous avons deux Facultés de Droit et qui contiennent 11 Docteurs en Droit public. « Même si ces Docteurs sont médiocres comme d’aucuns peuvent penser, ils pourront quand même rédiger une Constitution. Il faut faire confiance à nos intellectuels et il faut travailler leurs intelligences. Aujourd’hui le Mali regorge des talents dans tous les domaines », a-t-il signalé.
Seydou Karamoko KONE