Mauvaise gouvernance : IBK sur une piste glissante

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Mali - Affaire Tomi: IBK renonce à déposer plainte contre "Le Monde"
Ibrahim Boubacar Keïta, le 3 mai 2014 au palais de Koulouba. © Emmanuel Daou Bakary/Jeune Afrique

Absence de progrès dans la vie quotidienne, accusations de népotisme, critiques du FMI sur la gestion des finances… Ibrahim Boubacar Keïta déçoit.

Mais où est donc passé le président Ibrahim Boubacar Keïta ? Depuis la débâcle, à la mi-mai, de l’armée nationale  face aux séparatistes touaregs à Kidal, le président de la République fait profil bas. «IBK est atteint mais pas au fond du trou», assure un diplomate qui l’a vu récemment. La chute n’en est pas moins vertigineuse. En moins d’un an, ce vieux routier de la politique malienne, ancien Premier ministre dans les années 90, a dilapidé un capital de sympathie sans pareil. Au point que certains, à Bamako, se demandent si l’homme providentiel que le Mali avait élu à la présidence avec 77,6% des voix pourra relever les défis. Et de redouter une nouvelle crise politique en gestation au sud qui compliquerait singulièrement le processus de stabilisation du Nord par la communauté internationale.

Selon certains spécialistes avertis, IBK a aligné les maladresses. Il n’est jamais là, toujours entre deux voyages à l’étranger ajoutant que depuis son élection, il n’a fait que quelques sorties à l’intérieur du pays. Le président IBK a certes multiplié les déplacements internationaux, mais c’était soit pour remercier ses pairs dans la région pour leur soutien pendant la crise avec les groupes jihadistes, soit pour obtenir une aide financière cruciale pour le redressement du Mali, rétorque une source diplomatique à Bamako.

Depuis août et son élection triomphale, les Maliens n’ont pas constaté de changements concrets dans leur vie quotidienne. Mi-juin, la gestion calamiteuse de fraudes sur les sujets du baccalauréat a provoqué un tollé : suspectant des fuites, le ministère de l’Education les a changés à la veille de l’examen. Résultat : le temps que les enveloppes arrivent au niveau des centres d’examen, certains élèves ont dû terminer leur copie à la bougie ou à l’aide de la lumière de leur téléphone portable. «Les gens sont inquiets, ils ont l’impression que le pays n’est pas dirigé», résume un autre spécialiste de la scène politique malienne. Pourtant, le président IBK avait enregistré des succès indéniables au lendemain de son plébiscite. Il avait d’abord réussi à se débarrasser de la junte qui s’était emparée du pouvoir en mars 2012, après avoir déposé l’ancien président Amadou Toumani Touré. Sa figure de proue, le capitaine Sanogo, est aujourd’hui entre quatre murs à Sélingué, oublié de tous ou presque. Les élections législatives consécutives à la présidentielle se sont déroulées dans le calme, conférant une majorité parlementaire confortable à IBK. Dans la foulée, ce dernier décrochait une aide financière substantielle de la part de la communauté internationale : 3 milliards d’euros, dont 800 millions auraient été décaissés à ce jour.

Mais la machine gouvernementale n’a pas tardé à se gripper. La présence envahissante de sa famille dans les rouages du pouvoir a fait jaser : son fils Karim président de la commission de la défense à l’Assemblée, le beau-père de Karim président de cette même Assemblée, un beau-frère ministre de la Solidarité, un neveu ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements… «On n’a jamais vu ça depuis l’indépendance !», s’indigne un observateur. «IBK avait fait campagne sur le slogan «Le Mali d’abord» ! En réalité, c’est la famille d’abord !», raille une source diplomatique. Celle de sa femme, en l’espèce.

Mais les reproches ne s’arrêtent pas là. Alors qu’il avait également mis en avant son éthique personnelle, jurant de se montrer intraitable contre toute forme de corruption, IBK s’est retrouvé en grande difficulté sur les questions de gouvernance. Révélés en mars par le Monde, ses liens intimes avec Michel Tomi, homme d’affaires franco-gabonais propriétaire d’un casino à Bamako et personnalité-clé du PMU en Afrique francophone, a troublé profondément son image.

Sur ces entrefaites, IBK a dû encaisser les critiques acides du FMI concernant des dépenses extrabudgétaires effectuées en catimini : l’achat d’un avion présidentiel à 20 milliards de francs CFA et la signature d’un contrat d’équipements de base pour le ministère de la Défense via un intermédiaire, un homme d’affaires proche du clan présidentiel. «Pourquoi le ministère ne passe pas directement la commande au lieu d’avoir recours à un intermédiaire ?», s’interrogeait récemment le représentant du FMI à Bamako, Anton Op de Beke.

Le temps d’en avoir le cœur net (à la faveur d’un audit), le FMI a décidé de suspendre son aide en attendant d’y voir clair. L’Union européenne a suivi en gelant un crédit de 100 millions d’euros. «Le gouvernement devrait réussir à payer les salaires des fonctionnaires et les soldes des militaires, dit un observateur étranger. Mais cela se fera au détriment des investissements. La reprise de l’aide du FMI est vitale pour le pays, s’il veut éviter une explosion sociale d’ici quelques mois.» «Aujourd’hui, la crise la plus grave au Mali, ce n’est pas celle du Nord, avec les séparatistes touaregs et les groupes terroristes, mais bien celle de la gouvernance au Sud», assure un diplomate.

Zakariyaou Fomba

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2 COMMENTAIRES

  1. Ce n’est pas grave de “copier-Coler” un article d’un autre journal, mais ce qui est un manquement a la deontologie du journalisme, c’est de ne pas faire reference a la source de votre info. Si je me rappelle bien, presque mot pour mot, ce article provient de “Liberation” qui citait entre autre l’ancien DG de l’AMAP Souleymane Drabo et une source diplomatique.
    Faites tres attention Mr Zakariyaou Fomba. On ne s’improvise pas Journaliste

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