Cette rencontre, financée par l’ONG Diakonia, avait démarré le mardi 7 juillet 2015, et a regroupé une trentaine de participants, dont les représentants des organisations de la société civile (OSC), les responsables et points focaux du RPL, le représentant du Bureau du vérificateur général et celui du Réseau des parlementaires de lutte contre la corruption, entre autres. Au menu des travaux: les textes régissant la corruption, notamment la loi n°2013-031 du 23 juillet 2013 portant approbation du Code de transparence dans la gestion des finances publiques ainsi que celle de 2013 relative à la prévention et la répression de l’enrichissement illicite. L’objectif visé était de renforcer les capacités des ONG partenaires de Diakonia et autres organisations membres du Réseau sur les textes et techniques de prévention, les outils de dénonciation et de lutte contre la corruption au Mali.
Cet atelier était d’autant plus opportun que l’ampleur de la corruption dans notre pays nécessite un engagement plus accru de chaque acteur, surtout la société civile en faveur de l’information et de l’édification des citoyens sur des faits de gestion publique à travers la maîtrise des instruments juridiques en la matière. En effet, pendant que le fléau est en net progression, les performances du gouvernement, en termes de lutte, sont malheureusement à la baisse, si l’on croit le président du RPL, Massaman Sinaba. «Selon le rapport de l’Observatoire des pratiques anormales de l’Uemoa, le Mali reste un pays où les prélèvements illicites sont élevés, et où entre 50 et 60% des entreprises identifient la corruption comme obstacle majeur à la conduite des affaires», souligne-t-il. Et l’orateur de poursuivre en notant que notre pays n’a jamais connu une institutionnalisation autonome à grande échelle, de manière à aboutir à des services et un corps de fonctionnaires à l’abri de la corruption. Il a par ailleurs regretté le fait que l’immobilisme de certaines institutions et la marginalisation d’autres ont paralysé la capacité de réforme du système politique et le fonctionnement démocratique. La justice qui devrait être le meilleur rempart contre le phénomène reste, selon lui, à la traîne. Surtout quand on sait que les décisions de justice appliquées sont estimées à seulement 20%. Conscient que des organisations de la société ont perdu de leur légitimité, Massaman Sinaba reste tout de même confiant que ces dernières sauront relever le défi de la lutte contre la corruption au Mali.
Pour sa part, la représentante de Diakonia, Cissé Safiatou Diarra, a estimé que la crise de 2012 a fini de convaincre que le Mali n’est pas ce modèle démocratique jadis miroité en Afrique occidentale. S’il est vrai, dit-elle, que notre pays a adhéré à beaucoup d’engagements au plan international, il présente encore malheureusement des statistiques alarmantes en matière de bonne gouvernance. Elle en veut pour preuve le rapport 2013 de Tranparency International qui classe le Mali au rang de 127ème sur 177 pays classés. «L’évaluation de la mise en œuvre des recommandations depuis la tenue des états généraux sur la corruption en 2008 révèle que seulement 20% de celles-ci ont été exécutées ou ont connu un début d’exécution», note-t-elle, tout en prévenant contre le risque d’annihilation des efforts consentis par l’Etat et les partenaires au développement. Partant, elle a souligné la nécessité d’outiller la société civile malienne afin de l’amener à contribuer pour l’effectivité des mesures prévues pour la mise en œuvre desdites recommandations. Tout en leur réitérant l’assurance de l’accompagnement de sa structure, Mme Cissé a invité les OSC à jouer sur le levier de la concertation et de la coordination pour atteindre leurs objectifs. Toutefois, elle s’est montrée convaincue d’une chose: c’est que la lutte contre la corruption n’est pas synonyme d’emprisonnement systématique. «Elle nécessite tout un programme économique viable et des actions salutaires en direction des couches défavorisées. Au-delà des textes, il faut revoir le comportement civique du citoyen qui doit jouer son rôle de veille citoyenne», a souligné Safiatou Diarra.
Il importe de rappeler que Diakonia est une ONG suédoise intervenant dans près de 34 pays dans le monde. Elle vise, de façon globale, à apporter le changement positif des structures politiques, économiques, sociales et culturelles afin de permettre aux populations de vivre en dignité dans un monde sans pauvreté.
Bakary SOGODOGO
La corruption est devenu le sport national du Mali surtout avec le régime de ibk qui ne ce cache même pas
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