C’est le genre d’anniversaire qu’on n’aime pas célébrer. Cela fait en effet 10 ans que Kidal, est tombée aux mains des terroristes.
Quand, quelques jours avant, des hommes armés avaient pris possession de Ménaka, à 300 km de là, et d’autres petites localités, certains avaient pensé à une nouvelle rébellion touarègue dont la figure de proue était le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ; mais très rapidement, le visage hideux de l’hydre terroriste est apparu au grand jour.
C’était en effet une coalition de mouvements Touaregs et d’islamistes radicaux, parfois algériens, qui entendaient ériger un califat et instaurer la charia dans cette zone désertique où ils ont jeté leur dévolu. Après Kidal, ce sera au tour de Gao puis de Tombouctou de tomber sous leur joug. Et en l’espace de 72 h, c’est tout le nord malien qui était mis sous coupe réglée par Iyad Ag Ghali, le patron d’Ansar Dine puis du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), et Adnane Abou Walid al-Sahraoui, futur émir de l’Etat islamique au Grand Sahara.
Les nouveaux maîtres instaurent la charia et font abattre une chape de plomb sur les localités conquises, où la tristement célèbre police islamique s’emploie avec zèle et violence à appliquer une vision arriérée de l’islam. Voile intégral pour les femmes ; pantalon coupé pour les hommes ; sport, musique, cigarette interdits, voleurs et autres contrevenants amputés et flagellés en public. On retiendra par-dessus toute la destruction de manuscrits et de mausolées vieux de plusieurs millénaires. Un crime contre l’humanité pour lequel le commissaire de la police islamique de Tombouctou, Al-Hassan, répond devant la Cour pénale internationale.
Sûrs de leur supériorité et face à la débandade de l’armée malienne, les djihadistes avaient ensuite mis le cap sur le sud et, n’eût été l’intervention française par le truchement de l’opération Serval, débutée le 11 janvier 2013, la colonne qui fonçait sur Bamako aurait fait tomber la capitale malienne. 10 ans plus tard, le cancer qui ronge depuis le Mali n’est toujours pas guéri. Bien au contraire, il s’est même métastasé au Niger et au Burkina, où on enregistre aujourd’hui environ 2 millions de déplacés internes, et la nouvelle ambition de cette pieuvre est d’étendre ses tentacules aux pays du golfe de Guinée à l’image de la Côte d’Ivoire, du Togo et du Bénin, où elle a déjà fait le coup de feu.
Ce n’est certainement pas un hasard si l’hydre terroriste a pris pied au Mali quelque temps seulement après l’exécution de Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011 par les rebelles de Benghazi soutenus par la France et les Occidentaux, transformant ainsi la Libye en un immense bazar à ciel ouvert où les armes se vendaient au coin de la rue comme de petits pains. Aujourd’hui encore, on subit le contrecoup de ce désastre libyen. Et bien malin qui pourrait dire quand ce fléau prendra fin. Une décennie après avoir sauvé Bamako, la France, qui a contribué dans une certaine mesure à freiner l’avancée spectaculaire des «fous d’Allah», a été contrainte récemment de plier bagage.
En 10 ans, la crise sécuritaire aura aussi eu de sérieuses répercussions sur le plan politique, que ce soit au Mali ou au Burkina.
Au Mali, ATT a été débarqué le 22 mars 2012 par des aventureux militaires qui prétendaient réclamer des moyens pour aller au front avant qu’on découvre leur projet putschiste et politique, et bien plus tard, Ibrahim Boubacar Keïta a été renversé par des militaires, toujours en raison de l’insécurité chronique.
Au Burkina, pas plus tard que le 24 janvier dernier, les militaires ont encore rué dans les brancards, renversant Roch Marc Christian Kaboré, incapable à leurs yeux d’apporter des réponses conséquentes au péril sécuritaire même si, jusque-là, on attend encore le miracle promis.
Une décennie triste, lugubre s’il en est, écrite en lettres de sang. Un si long tunnel sécuritaire dont on ne voit malheureusement toujours pas le bout ; la faute à nos Etats mais aussi à la communauté internationale qui n’a pas apporté le soutien qu’il faut que ce soit en matière financière ou logistique pour porter un coup fatal à la vermine terroriste qui continue de semer la mort et la désolation un peu partout dans ce que d’aucuns n’ont pas manqué de qualifier de « Sahelistan».
- Yattara
Très mauvaise analyse.
Comments are closed.