Marche de l’opposition : La répression !

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Police
Photo à titre illustratif

Jets de gaz lacrymogène, coups de matraques, bastonnades, courses poursuites… Le régime de Ibrahim Boubacar Keita a  déployé, à travers Bamako, le samedi 2 juin 2018,  un imposant dispositif sécuritaire (police, garde et gendarme) pour réprimer la marche de l’opposition Républicaine et de la société civile. Bilan : une dizaine de blessés admis aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré. Au terme de cette journée folle de répressions, de nombreuses voix se sont élevées pour condamner cette dérive du régime d’IBK à deux mois de la présidentielle. Reportage.

En effet, la marche de  l’opposition  et de la société civile pour réclamer la transparence  du processus électoral et protester contre la mainmise du pouvoir sur l’ORTM (Office de radiotélévision du Mali)  a été violemment réprimée par les forces de l’ordre. Bilan ? De nombreux blessés parmi les manifestants et les leaders des partis politiques. La répression s’est  poursuivie  même au sein  du siège du  parti ADP-Maliba, où les leaders de l’opposition étaient regroupés.

Samedi dernier, les militants et sympathisants de l’opposition et  de la société civile s’étaient donnés rendez-vous, tôt le matin, en divers endroits de la capitale  pour manifester pacifiquement. Cependant, la police et des unités de la garde nationale sont intervenues à coups de matraques et de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.

Face aux brutalités policières, les manifestants ont tenté de chercher refuge au siège de  l’ADP-Maliba. Mais, là aussi, et même  à l’intérieur de la permanence de ce parti politique de l’opposition, ils ont été victimes des charges brutales de la police, de matraquages et de jets de gaz lacrymogène. De nombreux blessés graves ont été  enregistrés au niveau du siège de l’ADP-Maliba et aux alentours de la place de la liberté. Aussi, plusieurs leaders de l’opposition ont été victimes de la furie des forces de l’ordre. L’économiste, Etienne Fakaba Sissoko a été battu très tôt le matin devant la Bourse du travail, avant d’être secourir  dans un état d’inconscience. Il a été admis aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré. Finalement, il a pu rejoindre son domicile. L’ancien ministre, Mamadou Igor Diarra était parmi les victimes de cette violence policière.

Vague de condamnations et réunion de crise

Face à cette répression brutale, plusieurs leaders de l’opposition ont dénoncé « une agression » de la part du pouvoir. «  Comment voulez-vous qu’on se taise. Nous manifestons pour réclamer des élections transparentes et un égal accès à l’ORTM », a déclaré  Mamadou Igor Diarra, qui  est  candidat à la  présidentielle de juillet.

« Vous voyez, notre marche était pacifique. Et voilà un pouvoir antidémocratique qui nous gaze. La dictature ne passera pas !»,  fustige, l’ancien ministre, Mohamed Youssouf Bathily. Avant de prévenir : « IBK  s’est toujours calfeutré, ce sont les autres qui ont mené le combat pour le porter au pouvoir. Il est temps que le chef de l’Etat sache que la République n’est pas patrimoniale. La violence d’Etat ne nous effraie pas, ça ne passera pas. La démocratie a été bafouée  aujourd’hui. On a tiré sur  des manifestants  à main nue… C’est une violation flagrante du droit. IBK en assumera les conséquences.  Il oublie l’histoire de ce pays. Une histoire de combat démocratique. Nous ne cèderons pas dans la défense de nos droits ».

Le chef de fil de l’opposition, Soumaïla Cissé,  déplore  les  évènements. « Ce qui s’est passé aujourd’hui est grave. Une manifestation pacifique a été brutalement réprimée, faisant de nombreux blessés graves. Nous n’accepterons jamais  la violation de nos droits»,  martèle-t-il.

Pour  le leader du Parena, Tiébilé Dramé, le chef de l’Etat et le gouvernement portent l’entière responsabilité des  évènements. « Malgré le caractère pacifique de la marche, nous avons  subi une répression brutale  dépassant tout entendement. Jamais un aussi fort dispositif policier n’a été mobilisé pour réprimer une marche. Les aller-retours incessants des sapeurs-pompiers en disent long sur le nombre de blessés et asphyxiés »,  affirme  Tiébilé Dramé.

Le gouverneur du District de Bamako avait interdit cette marche organisée par la Coalition pour l’Alternance et le Changement « en raison de l’état d’urgence toujours en vigueur ». Celle-ci  a  décidé de passer, outre, en  maintenant son appel à descendre dans la rue pour réclamer des élections transparentes et crédibles et également demander l’ouverture des médias d’Eta. Aussi, l’opposition réclame l’amélioration des conditions de vie des populations.

La Coalition pour l’alternance et le changement  justifiait ce maintien par son droit constitutionnel d’organiser des marches et  du fait  que « ces trois derniers mois, à Ségou, Sikasso ou encore Kangaba, le pouvoir a tenu des meetings à l’occasion de visites présidentielles ». S’y ajoute disent-ils : « le meeting du leader de l’opposition Soumaïla Cissé mi-mai a été autorisé et s’est déroulé sans incident… ».

Le samedi dernier, en fin de journée, l’opposition et les représentants de plusieurs associations de la société civile ont tenu une réunion de crise au siège du chef de fil de l’opposition afin d’analyser la situation et de prendre de nouvelles mesures. Déjà, plusieurs membres de l’opposition affichent leur détermination à engager un bras de fer avec le régime IBK qui, selon eux, prépare une répression à grande échelle pour se maintenir au pouvoir…

Mémé Sanogo 

 

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