Marche du 21 mai dernier : L’ultime avertissement de l’opposition contre IBK et son régime

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La Place de la liberté était noire de monde ce samedi 21 mai 2016. Des milliers de militants et de sympathisants sont venus répondre à l’appel de l’opposition pour une marche qualifiée d’historique par les organisateurs. Neuf partis politiques de l’opposition ont dénoncé les dérives du régime, l’ingérence de la famille présidentielle dans les affaires de l’Etat, la mauvaise gouvernance la partition du pays, etc. Ils ont également exigé le retour de l’ancien président Amadou Toumani Touré et la tenue d’assises nationales, pour sortir de l’impasse. Retour sur un événement ponctué de discours enflammés et de slogans hostiles au pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Kéita.

Un carton rouge en signe d’un dernier avertissement contre le régime en place, ces mots de Soumaila Cissé ont été applaudis par l’immense foule venue participer à la marche de ce samedi 21 mai, Place de la liberté, au cœur de Bamako. En effet, les Bamakois et Bamakoises ont massivement envahi cette place historique, située entre la mairie centrale, le commissariat du 3e arrondissement et la Chambre de commerce. Sur les banderoles, les manifestants ont dévoilé leurs intentions et on pouvait lire : « IBK où sont nos 200 000 emplois ? », « Les Maliens ont faim ». Une unité d’animation mobile tenait la foule en haleine en attendant le départ de la Place de la liberté pour la Place de l’indépendance. Au rythme de la fanfare militaire sur fond sonore, les organisateurs de cet évènement ont dénoncé entre autres, la vie chère, la mauvaise gouvernance, la partition du pays,… Ils ont aussi et surtout exigé le retour de l’ancien président Amadou Toumani Touré, exilé de force à Dakar depuis le 19 avril 2012. Devant la Chambre de commerce, les représentants des partis politiques de l’opposition galvanisent les milliers de jeunes venus marcher contre  l’ingérence de la famille présidentielle dans les affaires de l’Etat. Et en chœur, unis tel un seul peuple dans une seule âme, manifestants et organisateurs reprennent l’hymne national de notre pays. Quelques minutes plus tard, les marcheurs entament leur itinéraire, long d’un kilomètre environ, en passant devant le ministère de l’Education nationale.

Sur la Place de l’indépendance, les discours seront encore plus virulents. Pour les partis politiques de l’opposition, la marche du 21 mai sonne comme un dernier avertissement pour IBK et son régime en déclin. La forte mobilisation, selon certains observateurs, est un désaveu cinglant de la population face à un président dont on dit « bien élu », mais aujourd’hui regretté, désavoué par ses électeurs, précise Tiébilé Dramé du PARENA.

 

Soumaila Cissé n’a pas de compte à Ecobank

Profitant de notre micro, Ahmed Sékou Touré, secrétaire chargé des Maliens de l’extérieur et des sections URD de l’extérieur, n’a pas manqué de dénoncer la corruption généralisée du pouvoir en place. Il défend par contre son président, Soumaila Cissé, contre les accusations de corruption dont ce dernier fait l’objet. « C’est faux, Soumaïla Cissé n’a aucun compte à Ecobank et cette banque l’a confirmé. Sa gestion de 1991 à 2010 ne peut être remise en cause aujourd’hui, six ans après. Pendant tout ce temps, que faisaient les dirigeants de l’Uemoa ? ».

Les participants voulaient sans doute être les témoins vivants d’un tel événement, en scandant à haute voix durant la marche, «Mali», « nous avons souffert ». Les souffrances du peuple ont été traduites par la mauvaise gestion du Nord, la dilapidation des maigres ressources du pays, l’insécurité, l’insalubrité. Tous ces maux, de l’avis de l’opposition malienne, sont imputables au régime du président IBK. Pour Karim Sissoko, membre du Collectif «Mali te tila», le Mali indivisible, « Je suis venu marcher ce matin en tant que citoyen qui assume ses devoirs. C’est un moyen d’informer la population sur les souffrances que nous vivons en ce moment. Tout le monde sait que ça ne va pas actuellement au Mali, c’est la galère et la flambée des prix des denrées alimentaires. Il faut un changement et c’est la raison de cette marche ». Marcher pour le Mali, c’est aussi l’objectif affiché par Abdramane Coulibaly, secrétaire à la communication du mouvement Ras-le bol, une organisation de la société civile. Pour sortir de la crise actuelle que traverse le pays, Abdramane Coulibaly propose l’organisation d’assises nationales et un dialogue entre l’opposition malienne et l’Etat. Car, dit-il, c’est l’échec assuré si c’est une minorité qui impose ses préoccupations pour le développement du pays.

 

Tiébilé et Gassama, deux orateurs d’exception

Le premier s’exprime dans un français limpide, le second s’exprime clairement en bambara et dans un français approximatif. Il n’en demeure pas moins que nos deux hommes sont des orateurs d’exception, deux animateurs politiques qui ont su donner du tonus à leurs discours. Sous un soleil brulant, l’honorable Mamadou Hawa Gassam de l’URD, n’a pas manqué de mots pour dénoncer les problèmes du Nord : « Ça suffit, si ça ne va pas, c’est le peuple malien qui va gérer le peuple malien », prévient-il.

Le discours de Tiébilé Dramé est ponctué par les nombreuses ovations du public qui attache un grand intérêt à son interlocuteur. Pas moins de dix mille manifestants, selon lui, ont participé à la marche. Une victoire en soi pour la dizaine de partis politiques qui ont appelé à cette marche. Pour Tiébélé Dramé, le bilan des « 32 mois de présidence » du pouvoir actuel est entaché de malversations de tout genre. Il a poursuivi son discours en tirant à boulets rouges sur le président IBK. Pour lui, IBK et le gouvernement sont atteints d’une maladie plus grave que la parathyroïde : c’est l’autisme. Ils refusent de voir, d’entendre et comprendre les souffrances du peuple malien. Tiébilé Dramé n’est pas passé par quatre chemins pour dire que le pouvoir actuel est un « fiasco de gouvernance, un fiasco démocratique ».

 

Le Chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, n’a manqué de rendre hommage à la mémoire des militaires maliens et étrangers tombés, sur le front. A la dernière minute, il range son discours préparé pour la circonstance et improvise un speech émouvant. Haranguant la foule avec des formules dont lui seul semble avoir le secret, perché sur un podium mobile, il avertit : « Au mali, on bricole, on bricole et on re-bricole ». Pour ses admirateurs, il est l‘homme de la situation. Certains même n’hésitent pas à le comparer à l’actuel président ivoirien, économiste de formation comme Soumi. Ses partisans scandent : « Soumi la solution », tout en caressant le rêve de voir leur président devenir un jour président de la République. Mais le chemin qui mène à Koulouba est encore long et parsemé de pièges. En attendant d’y parvenir, l’opposition, incarnée par son Chef de file, a sorti son carton rouge contre IBK. Il n’y aura pas d’autres avertissements, a-t-elle prévenu.

La coalition de partis politiques suivants a pris part à la marche du 21 mai dernier :

URD, FARE, PDES, PSP, PARENA, PLA, ANCD-MALI, FCD.

 

Ennoyés spéciaux : O. Roland, T. Cheick, K. Brahima

 

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