Certes, le nouveau promu ne manque pas de compétence technique pour conduire le gouvernement qu’il aura à former, mais il pourrait être vite confronté à des réalités d’ordre politique qui ont d’ailleurs fortement contribué à l’éjection de son prédécesseur.
Les observateurs politiques nationaux sont encore là à se perdre dans les conjectures, tant la nomination de Moussa Mara au poste de Premier ministre a surpris plus d’un. Cette surprise, faut-il le rappeler, ne tient pas aux qualités techniques ou au charisme du nouveau chef du gouvernement.
En effet, on dit de M. Mara, à l’instar de celui qu’il remplace à ce poste, Oumar Tatam Ly, un homme professionnellement compétent et intègre. Aussi, président du parti Yèlèma qu’il est, le nouveau locataire des berges du fleuve Niger, à seulement 39 ans, a réussi à se poser comme l’un des jeunes les plus en vue de la scène politique nationale. Ce, en raison des idées et de la vision qu’il porte pour son pays, mais surtout son sens de la transparence et de la responsabilité. Mais, si techniquement le Premier ministre se reproche peu de chose, même s’il souffre, lui aussi, de l’inexpérience de l’administration publique, rien ne le prédestinait pour autant à ce poste en ce moment. Certes, l’ancien ministre de l’Urbanisme et de la Politique de la ville est issu d’une jeune formation politique qui se réclame de la mouvance présidentielle, mais on aurait pu difficilement imaginer qu’avec à peine un élu à l’Assemblée nationale, Yèlèma soit le «fournisseur» du successeur de M. Ly. Si la nomination d’Oumar Tatam Ly est antérieure aux élections législatives qui ont vu une reconfiguration politique de la l’Assemblée nationale, le RPM d’Ibrahim Boubacar Kéita peut difficilement accepter que la Primature lui file de nouveau sous le nez, lui qui déteint le plus grand nombre de députés. Le parti présidentiel n’a d’ailleurs pas caché sa déception et son indignation lorsque, dans un communiqué télévisé, il s’est contenté de prendre acte de cette nomination, se gardant soigneusement d’adresser le moindre mot aimable au nouveau promu, comme l’aurait voulu une certaine courtoisie politique ou institutionnel. C’est d’ailleurs là que des observateurs politiques avisés trouvent que le nouveau Premier ministre se trouve déjà fragilisé, car le RPM ne semble pas près de digérer ce qui, pour lui, sonne comme un désaveu. Il ne sera donc pas étonnant que M. Mara passe vite comme l’agneau sacrificiel d’un bras de fer qui risque bien d’opposer le président de la République et son parti.
Toute chose qui pourrait avoir comme conséquence de rendre difficile les relations entre le nouveau Premier ministre et le RPM dont la franche collaboration est indispensable à la réussite de la mission du PM. Aussi, l’ancien ministre de l’Urbanisme risque d’être en proie à des querelles de personnes qui, du reste, expliquent en partie la démission de son prédécesseur. Si, officieusement, on explique le départ de M. Ly le manque de résultats, de l’inexpérience politique et du manque de visibilité de ce dernier, c’est pourtant un secret de polichinelle que le Premier ministre démissionnaire avait eu maille à partir avec certains proches d’IBK dont il était devenu l’ennemi juré. Or, les ambitions des uns et des autres restent toujours vivaces. Au regard de ces réalités auxquelles le nouveau chef du gouvernement pourrait avoir à affronter sur le terrain, des observateurs politiques se disent déjà convaincus que M. Mara risque bien de ne pas pouvoir faire mieux que son prédécesseur. Bien au contraire. Car, le seul appui d’Ibrahim Boubacar Kéita, qui aura à choisir son PM et le RPM, ne pourra pas suffire à M. Mara. La mission est donc presqu’impossible pour le président de Yèlèma.
Bakary SOGODOGO
Cet homme est competent, serieux, repecctueux. Je crois qu’il va faire l’afaire du pays
Je ne voie pas un raisonnement valable qui montre que M Mara n’est pas compétent pour diriger ce gouvernement.
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