La manifestation du vendredi 05 juin 2020, promise et organisée par la CMAS (Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahamoud Dicko), d’EMK (Espoir Mali Koura) de Cheick Oumar Sissoko et du FSD (Front pour la Sauvegarde de la Démocratie) a tenu toutes ses promesses n’en déplaisent à toutes les tentatives du régime de vouloir la saboter qui ont été vouées à l’échec. Une marée humaine, comme du jamais vue dans la capitale Bamako, a pris d’assaut l’Avenue de l’Indépendance depuis le début de la matinée, pour réclamer la démission purement et simplement du Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita. Un fait inédit depuis l’avènement de la démocratie au mali en 1992. En tout cas, vendredi dernier après la prière, des milliers de fidèles ont convergé sur la place de l’Indépendance sur invitation du trio CMAS/FSD/EMK. Un seul mot d’ordre était à l‘ordre du jour: la démission d’Ibrahim Boubacar Kéïta pour sa mauvaise gestion de l’Etat avant que le Mali ne tombe dans un chaos. En réalité, il est reproché au Président IBK une gestion catastrophique du pays, l’insécurité grandissante avec son corolaire de morts civils et militaires, des arrestations jugées arbitraires, des atteintes graves à la souveraineté et à l’intégrité territoriale, une armée laissée à l’abandon, la crise scolaire, en un mot, une remise en cause des valeurs et principes de la République, les droits et libertés individuelles et collectives dangereusement menacées. En tout cas, les organisateurs de ce grand meeting avaient prévenu le Chef de l’Etat le 10 février, le 05 avril et aujourd’hui, le 05 juin, maintenant, ils exigent sa démission sans aune forme de procès. Auquel cas, ils s’assumeront en posant des actes qui seront inscrits dans le livre de record mondial «Guiness». Lisez le reportage de Pépin Narcisse Loti, Youssouf Ongoîba et Bokari Dicko.
Une Avenue de l’Indépendance noire de monde
Prévue pour 14 heures après la prière du vendredi (le démarrage de la manifestation), la foule a commencé, à se former depuis 08 heures. Une marée humaine s’est déferlée de tous les côtés de Bamako, sur l’Avenue de l’Indépendance, avec comme seul objectif : la démission pure et simple du Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita. Des foules estimées à plus d’un million de personnes (1 000 000), venues mêmes des régions du Mali, comme Sikasso, Koutiala, Ségou, Koulikoro, n’en parlons pas de Bamako, la capitale où les citoyens sont sortis massivement en la soif, la chaleur et la peur, pour répondre présents à ce grand rendez-vous historique du pays. Une foule disciplinée et sereine qui a rassurée le monde entier en évitant tout débordement, tout manquement comme il fallait s’y attendre.
Les interventions
Après que des milliers de fidèles ayant convergé sur le Boulevard de l’Indépendance aient prié, les invités ont pris place sur la tribune montée pour l’occasion. Pendant ce temps, différents orateurs haranguaient la foule qui scandait des pancartes sur lesquelles on pouvait lire majoritairement : « IBK dégage !, IBK, démission ! Trop, c’est trop !». Une foule compacte que l’on pouvait constater sur le Boulevard de bout en bout ainsi dans toutes les rues adjacentes qui étaient noires de monde malgré toutes les tentatives de sabotage de ce meeting patriotique par le régime et ses thuriféraires. En tout cas, le défi de la mobilisation a été relevé et les citoyens ont respecté les mots d’ordre de respect d’autrui, des biens publics et privés. Aucune casse n’a pas eu lieu. Quant aux forces de l’ordre, il y avait une vraie communion avec le public venu très nombreux écouter ses leaders.
Tous les intervenants prônent la démission d’IBK…
Les différents orateurs qui se sont succédé au pupitre, ont demandé la démission sans condition du Président IBK pour son échec patent à la tête du Mali de 2013 à maintenant. Hier amis, aujourd’hui, qu’il s’agisse du chérif de Nioro, Bouyé Haïdara ou de l’imam Mahmoud Dicko, pour ne citer que ces deux guides qui l’ont soutenu en 2013 pour qu’il puisse obtenir la voix des maliens, force est de constater que ceux-ci ont décidé de le combattre jusqu’à la fin de son règne malgré toutes leurs mises en garde pour tenir compte des désidératas et critiques de sa gestion. En clair, les alliés d’hier, sont devenus des adversaires.
Trois avertissements qu’IBK a superbement ignoré
Rappelons que le 10 février, ensuite le 05 avril et maintenant le 05 juin 2020, ces deux guides religieux et l’opposition l’ont averti de revoir sa gouvernance auquel cas, la prochaine fois qu’ils sortiront les maliens, c’est pour demander sa démission. Ce qui a été fait vendredi dernier.
IBK n’aime pas les mises en garde…
Dans son intervention, l’imam Mahmoud Dicko a rappelé que «Rien n y fait, le Président n’aime pas les conseils, encore moins les avertissements et les mises en garde…», martèle l’imam Mahmoud Dicko.
Succession d’intervenants…
Après une succession d’interventions des organisateurs de la marche du Pr Clément Dembélé du PCC au Coordinateur de l’EMK, Cheik Oumar Sissoko, le Général Moussa Sinko Coulibaly, Dr Choguel Kokala Maiga du FSD, Dr Oumar Mariko et bien d’autres, le temps a été donné au très respecté, éclairé Imam Mahamoud Dicko de prendre la parole. Le moment tant attendu arriva. Et la marée humaine retient son souffle.
La foule s’impatientait…
Après la première intervention où, il a rappelé la mauvaise gouvernance du régime IBK à savoir : la corruption à outrance, l’école malienne relayée au dernier plan, l’insécurité grandissante due à une mauvaise gestion de la défense et de la sécurité, la gabegie, le népotisme, la foule a eu une certaine déception et a commencé s’impatienter en vidant les lieux.
Une intervention de l’Imam Mahamoud Dicko qui n’a pas rassuré la foule. Tout le monde s’attendait à ce qu’il aille droit au but, c’est-à-dire, prononcer la démission pure et simple du Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita. Malheureusement, cela n’avait pas été dit tout d’un coup.
L’imam Mahmoud Dicko a compris la foule….
A la suite de son second passage, l’imam Dicko ayant compris ce que voulaient ses compatriotes a d’abord rendu un vibrant hommage au Chérif de Nioro qui se joint à lui pour demander pardon au peuple malien pour avoir aidé IBK à rempiler à Koulouba. Ensuite, il a tancé le locataire de Koulouba pour sa mauvaise gestion et a surtout insisté sur le fait qu’il n’aime pas être conseillé, encore moins, averti ou mis en garde. C’est en ce moment que l’imam Mahmoud Dicko leva la main et jura devant des milliers de citoyens que « si IBK n’a pas tenu compte de leurs mises garde, qu’ils poseront des actes susceptibles d’être écrits dans le Tariq ». Une façon de dire que ce qui arrivera au mali dans les jours à venir sera inscrit dans le livre de record mondial « Guinness ». Ce qui a mis la foule en délire.
C’est seulement qu’à cette deuxième intervention qu’il a demandé à IBK, en jurant trois fois de suite, de prendre ses responsabilités. Dans le cas contraire le pire pourra arriver, a-t-il martelé et le Chef de l’Etat sera tenu pour responsable.
Interrogés, certains participants ont qualifié cette intervention de «responsable et qu’il revient à IBK de comprendre ce que cela veut dire». Comme quoi la messe est dite. Le compte à rebours a-t-il commencé pour el régime IBK ?
La foule à Sébénikoro, un fait marquant de la marche
C’est après l’intervention de l’Imam Mahamoud Dicko que l’EMK et le FSD ont lancé un ultimatum à IBK de démissionner avant 18 heures. Faute de quoi, la foule ira chercher sa démission. Et c’est ce qui a été fait. Un fait marquant la détermination du peuple à faire partir IBK de la présidence du Mali.
Les manifestants se dirigent vers le domicile d’IBK
A partir de 18 heures, comme le Président de la République IBK, n’avait pas démissionné, la foule sous une pluie battante, s’est convergée à Sébénikoro, vers son domicile pour aller chercher sa démission avec à la tête du cortège, le général Moussa Sinko Coulibaly, Cheick Oumar Cissoko et bien d’autres leaders de mouvements et d’associations. Un geste courageux, patriotique qui a fait plier les premiers barrages des forces de sécurité tant devant le camp Para de Djikoroni, jusqu’à l’entrée du pont de Woyo-Wayanako, à quelques mètres seulement du domicile du Chef de l’Etat où de nombreux militaires, surtout sa garde présidentielle était en position de combat. Durant des heures, il y a eu des échauffourées entre les forces de l’ordre qui tiraient des gaz lacrymogènes et même des balles blanches et les manifestants dirigés par le général Moussa Sinko Coulibaly en tandem avec Cheick Oumar Cissoko.
Selon un participant décidé qui affirme que leur objectif c’est de faire tomber IBK et son régime, « Cela est un pas franchi vers la démission recherchée par le peuple malien du Président de la République IBK. Et les jours à venir seront décisifs. Nous irons jusqu’au bout », a-t-il précisé.
Le divorce est désormais consommé entre IBK et ses amis d’hier
Comme on peut le constater, le divorce est désormais consommé entre les deux guides religieux le chérif de Nioro et l’imam Mahmoud Dicko, tout comme le trio CMAS/FSD/EMK et le Président IBK qu’ils sont déterminés à contraindre à rendre le tablier. A partir du vendredi dernier, la confrontation entre les deux camps est possible. La tentative de se rendre à son domicile au terme du meeting le vendredi en est une parfaite illustration de ce que ce trio pourra envisager dans les jours à venir. Une façon de rappeler à IBK que le pouvoir est au peuple et il l’appartient de le reprendre.
LA CMAS/FSD/EMK demandent aux maliens de se tenir prêts…
D’ailleurs le communiqué ci-contre signé hier par la CMAS/FSD/EMK demandant aux maliens de se tenir prêt pour recevoir d’autres mots d’ordre afin de faire partir IBK de Koulouba, démontre toute la détermination de ces démocrates à faire respecter la Constitution de 1992 acquise au prix fort. Cette fois-ci, l’union sacrée des opposants au régime est en bonne voie. Selon nos informations, d’autres partis politiques et non lesmoindres s’apprêtent à rejoindre le trio CMAS/FSD/EMK.
Par ce meeting grandiose du vendredi dernier, qui constitue un désaveu cinglant au régime IBK, marque un tournant décisif dans l’avènement d’un Mali de demain meilleur espère bien de compatriotes que nous avons pu interroger.
Désormais, la course contre la montre est déclenchée entre les pros changements et ceux qui veulent pérenniser un système qui a prouvé toutes ses limites. En réalité, le régime IBLK est à bout de souffle.
Wait and see !
Pépin Narcisse LOTI, Youssouf Ongoîba et Bokari Dicko.