Restauration ou Mouvement démocratique ? Deux blocs s’affrontent et s’abhorrent, alors qu’ils devaient se réclamer Maliens tout court pour enclencher une dynamique unitaire très salutaire dans la situation actuelle du pays. C’est pour dire qu’en lançant son ci de cœur ” Je suis Malien Tout Court “, l’industriel Ibrahima Diawara alias Stone ne savait pas qu’il était en train d’inaugurer, au-delà du concept, tout un programme national pour que les Maliens se retrouvent autour de l’essentiel : la mère patrie à laquelle on doit tout donner, sans aucune exclusion ou stigmatisation.
Le landerneau politique est actuellement en train de se scinder en deux blocs distincts qui se regardent en chiens de faïence. Il s’agit du Mouvement démocratique (pour désigner les acteurs et l’élan du 26 mars 1991) d’une part et de la Restauration (les héritiers politiques et spirituels du régime de Moussa Traoré) d’autre part. Cela entraine ces derniers jours un débat passionnel sur procès d’intention de part et d’autre. Dans cette atmosphère, on a l’impression que la Transition en cours, au lieu de rassembler les Maliens, est en train de les diviser en pro ou anti Mouvement démocratique. Et au fil des jours ce débat enfle et risque de faire oublier l’essentiel qui est la résolution de cette crise multidimensionnelle dans laquelle chacun y a, pourtant, son brin de responsabilité à assumer. C’est vrai qu’identifier les erreurs du passé est parfois important pour mieux avancer, mais ressasser des faits qui se sont déroulés, sur fond d’accusations mutuelles uniquement pour charger négativement les autres, au risque de transformer les lézardes actuelles en énormes fissures au sein de la société, n’est pas souhaitable dans le Mali actuel.
Mouvement démocratique ou Restauration ? On parle quand-même du Mali et du même Mali, lequel a besoin de mobiliser tous ses fils dans une dynamique de paix et de cohésion sociale, pour non seulement sortir du trou dans lequel se trouve le pays, mais le replacer sur l’orbite du développement socioéconomique. De ce point de vue, Mouvement démocratique ou Restauration, mieux vaut alors être un Malien Tout Court. C’est vrai que ce concept à un père, l’homme d’affaires Ibrahima Diawara qui l’a lancé au lendemain des événements malheureux d’Ogossagou. Très rapidement son cri de cœur, qui a raisonné au-delà des frontières du Mali, a sonné le tocsin du rassemblement pour la paix, la réconciliation et la cohésion nationale. En d’autres termes, cet appel à taire les rancœurs pour se rassembler autour du bien commun qu’est le Mali est en train de faire son bonhomme de chemin puisque, rejoint par des milliers de Maliens qui se retrouvent dans cet appel, l’Association Maliens Tout Court est née, avant de devenir un parti politique pour mieux participer à la vie publique et y faire valoir l’idéal porté par ce concept.
Mais au-delà du concept, Ibrahima Diawara ne se doutait certainement pas qu’il était en train d’énoncer le condensé de tout un programme national pour sortir de la crise multidimensionnelle que vit le Mali.
En effet, quelles que soient son idéologie politique, son ethnie, son appartenance religieuse, son origine sur le territoire malien, on ne peut être que Malien. Disons un Malien tout court, appelé à participer activement à la construction et au renforcement de la Nation malienne, à son développement économique, social et culturel. Maliens Tout Court, même si c’est devenu la marque distinctive d’un parti politique, est un socle commun à tous les Maliens. C’est donc ce qui les unit, entre frères, sœurs, oncles, tantes, cousins, cousines, pour s’approprier, chacun, les valeurs profondément ancrées dans nos familles et qui sont le fondement du vivre ensemble et en harmonie, comme l’unité, la solidarité, la tolérance…
Amadou Bamba NIANG