Mali: un gouvernement de continuité pour tenter de résoudre la crise

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 Le nouveau gouvernement malien joue la continuité avec le maintien à leur poste des principaux ministres, mais aussi davantage de poids accordé aux représentants du Nord occupé par les islamistes armés, pour tenter de résoudre la crise, avant une intervention armée internationale.

Après quatre jours de consultations, le Premier ministre Diango Cissoko nommé mardi après le départ forcé de son prédécesseur Cheick Modibo Diarra sous la pression de militaires, a formé samedi un nouveau gouvernement d’union, comme le réclamait la communauté internationale.

L’objectif pour le nouveau chef de l’exécutif était de former un gouvernement “représentatif” de tous les acteurs de la crise, après l’éviction de M. Diarra considéré comme un “point de blocage” des institutions de transition, tout en ménageant l’ex-junte militaire du capitaine Amadou Haya Sanogo, toujours influente.

“L’objectif était de ne pas déstabiliser l’architecture gouvernementale. La plupart des principaux ministères ne changent pas de titulaires pour ne pas casser la dynamique de groupe qui commençait à exister”, a résumé à l’AFP un proche du président par intérim Dioncounda Traoré.

Trois principaux ministres, – Tiènan Coulibaly à l’Economie, le colonel Yamoussa Camara à la Défense, et Tiéman Coulibaly aux Affaires étrangères – conservent leur portefeuille, tandis que tous les groupements politiques maliens sont représentés.

En plus de la Défense, l’ex-junte militaire, à l’origine du renversement en mars du président Amani Toumani Touré puis de l’éviction de M. Diarra, conserve les trois autres postes qu’elle détenait déjà, dont les portefeuilles clés de la Sécurité intérieure et de la Justice.

Le capitaine Sanogo, qui avait été contraint de rendre le pouvoir aux civils après le coup d’Etat du 22 mars, conserve ainsi intacte son influence, alors que se prépare le déploiement d’une force internationale sous conduite africaine, sur laquelle il s’est toujours montré réticent.

“De l’espoir”

Le nouveau Premier ministre, qui avait appelé dès sa nomination tous les Maliens “à se rassembler”, s’est également attaché à donner davantage de poids aux trois régions du Nord du Mali, entièrement occupées depuis juin par les groupes islamistes armés qui y imposent une interprétation rigoriste de la charia (loi islamique).

Sous-représentées dans le précédent exécutif, elles détiennent désormais trois ministères.

La présence de ces représentants du Nord pourrait faciliter la poursuite du dialogue entamé début décembre à Ouagadougou avec le groupe armé d’Ansar Dine, essentiellement composé de Touaregs maliens, et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) – évincée du nord par les islamistes.

Le chef de la diplomatie malienne reconduit, Tiéman Coulibaly, avait lui-même participé à ces premières discussions directes sous la médiation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

“C’est une bonne équipe (…) composée d’hommes et de femmes venus de toutes les zones géographiques du Mali, c’est important à souligner”, s’est félicité dimanche Moussa Keita, membre de la société civile.

“Nous avons une équipe qui devrait pouvoir remettre le pays sur les rails. Il y a de l’espoir, vraiment de l’espoir”, a réagi Bachir Diallo, du Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR), anti-putsch.

Pour Nouhoun Cissé, de la COPAM, front pro-putsch, il faudra “juger le gouvernement sur ses actes. Il est évident que dans la conjoncture actuelle, ce ne sera pas facile. Mais le plus important est de se montrer patriote”.

La nomination du nouveau gouvernement intervient alors qu’est attendu avant Noël le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU sur le déploiement d’une force de 3.300 hommes pour reconquérir le nord du pays.

Samedi à Abidjan, les chefs d’état-major des pays de la Cédéao ont encore affiné leur plan pour le déploiement de cette force baptisée Mission internationale de soutien au Mali (Misma).

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