Quand le Mali se relèvera

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Tiébilé Dramé

Élu il y a un an avec une majorité confortable et fort d’une sympathie internationale sans précédent, le président Ibrahim Boubacar Keïta avait toutes les cartes en main pour résoudre la crise au Nord et conduire le Mali hors du gouffre où l’avaient plongé la rébellion déclenchée par le MNLA, le coup d’État du capitaine Sanogo et l’occupation jihadiste.

 

 

Douze mois plus tard, ces cartes ont été perdues les unes après les autres. Si le président avait engagé le dialogue inter-malien dans les délais prescrits par l’accord de Ouagadougou (soixante jours après la formation du gouvernement), il se serait donné les moyens de négocier dans des conditions infiniment plus favorables. Or, depuis la défaite de l’armée à Kidal, le 21 mai, le rapport de force sur le terrain nous est défavorable.

 

 

En outre, la crédibilité extérieure du Mali a fondu comme beurre au soleil. Profitant de cette situation, les groupes du Nord mettent la barre si haut qu’ils donnent l’impression de vouloir sortir des balises posées à Ouagadougou en juin 2013 : respect de l’intégrité territoriale, unité nationale et laïcité de l’État.

 

 

Cependant, il est encore possible, dans le cadre du Mali actuel, d’apporter des réponses démocratiques appropriées aux questions que soulèvent les dirigeants des groupes du Nord.

 

 

La crise que traverse le Mali est profonde. Elle ne se limite pas à la seule question du Nord. Elle pose des problèmes de gouvernance qui concernent tout le pays. Et les réponses doivent, de ce fait, concerner le pays tout entier.

 

 

Ne l’oublions pas. Le Mali s’est certes effondré du fait de la rébellion, de la présence des unités d’Aqmi au Timétrine et dans la forêt du Wagadou, du business de la drogue et des otages. Mais aussi à cause, entre autres, de la gangrène de la corruption, de la personnalisation du pouvoir, de la justice, du manque de vitalité et d’autonomie des partis politiques, de la société civile et des institutions républicaines.

 

 

C’est donc une approche et une thérapie globales qui s’imposent. De ce point de vue, les négociations d’Alger et leur issue souhaitée ne sauraient être qu’une étape du relèvement et de la refondation du Mali. Il faut revoir de manière hardie la gouvernance pratiquée jusqu’ici. Les dérives et les difficultés qui ont émaillé la première année du quinquennat d’IBK montrent à l’évidence que le retour à la normalité constitutionnelle n’est pas suffisant pour panser les plaies dont souffre le pays.

 

 

Le Mali n’est pas devenu un pays normal parce qu’on y a tenu, au forceps, une élection présidentielle en juillet et août 2013. D’importantes réformes institutionnelles s’imposent non seulement pour répondre aux demandes des groupes du Nord, mais aussi pour instaurer et consolider les règles de bonne gouvernance, pour réorganiser les relations entre l’État et le citoyen d’une part, entre l’État et les communautés d’autre part. Un nouveau pacte national de paix et de bonne gouvernance devra être proposé aux communautés du Nord et à l’ensemble des forces vives de la nation, avec la ferme volonté d’installer une nouvelle ère de confiance et de cohésion entre toutes les composantes du Mali. À cet égard, l’élection des gouverneurs de région (de toutes les régions du Mali) par des assemblées régionales (élues à la proportionnelle) sera une réponse démocratique pertinente aux préoccupations de libre administration exprimées par certains de nos compatriotes.

 

 

Dans le même esprit, pour lutter contre la personnalisation du pouvoir et les dérives de type monarchique, l’élection présidentielle au suffrage universel devra être supprimée au profit d’une élection par le Parlement.

 

 

Cette réforme permettra à la fois d’équilibrer les pouvoirs entre l’exécutif et le législatif et d’économiser les dizaines de milliards consacrés tous les cinq ans à ce scrutin. La fonction de Premier ministre disparaîtra. Les partis seront encouragés à se regrouper pour constituer des entités plus viables. La refondation de l’armée, la réforme de la justice, la réhabilitation du mérite dans l’administration, le contrôle et l’obligation de rendre compte, la politique de formation et d’emploi, la consolidation de la presse, l’émergence et le renforcement de la conscience citoyenne seront au cœur du nouveau pacte. Osons poser les jalons d’un nouveau départ pour le Mali, qui fera des pas de géant quand il se relèvera

 

 

Tiébilé Dramé,

Contribution dans Jeunes Afrique N° 2802 • du 21 au 27 septembre 2014

 

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11 COMMENTAIRES

  1. Trève de plaisanteries. Monsieur Tièbilé Dramé, revenons simplement un jour avant le début de la dernière rébellion, c’est à dire avant l’attaque d’AGUELHOC. Et répondez moi si vous êtes un homme d’état digne de ce nom:
    -1-/ quel était l’état réel du Mali à cette époque ?,
    -2-/ qui sont parmi les maliens, les principaux responsables de cette
    situation ?,
    -3-/ cette situation et les principaux responsables n’ont pas été
    spontanés. Où étiez vous pendant leur genèse ?, étiez vous privé
    de parole ?, étiez vous en hibernation ?, étiez vous dans le coma
    ?,ou ce qui me semble plus vraisemblable, vous étiez tout
    simplement arrosé et gavé par l’argent de la corruption, chose
    qui n’a plus cours au Mali sous IBK.
    Par conséquent, tout ce remue-ménage pour des intérêts bassement personnels. BRAVO !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  2. Nul n’est parfait et IBK ne fais pas l’exception; c’est pas en vantant ses erreurs que vous allez obtenir quoi ce soit de la part des maliens. Tieblé à vous entendre on dirait que tous les maux du Mali c’est à cause d’IBK, non et non vous oubliez les deux grands qui ont détruit le pays il s’agit de Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré . Pourquoi au temps de ATT, où étiez vous ??? c’est pas maintenant lorsque la situation ne vous arrange point que vous allez faire l’impossible voir l’impensable pour rester la scène politique. Que c’est désolant l’opposition au Mali .
    Vive IBK et son gouvernement……

  3. Qui vous a dit que les idées de Tieblé Drame n’étaient pas pertinentes.Qui vous a dit que les griefs formulés à l’encontre de la gouvernance de IBK étaient infondées. Qui vous a parlé d’opposition à une révision constitutionnelle. Qui vous a dit qu’un Mara ou un Poulo constituait une alternative crédible.Je constate tout simplement une virulence démesurée par rapport à des actes qui sont le lot quotidien des politiciens Maliens.

    • l ne s’agit pas seulement de parler mais d’agir, ces gens (Tièblé) on les a déjà vu à l’œuvre ils n’ont aucune leçon à nous donner sur la gouvernance. En réalité, le Mali souffre de leurs systèmes. Tous les maux qu’il a cité sont certes vrais mais leur origine date au moment ou ils étaient aux affaires (de Alpha à ATT).

      • Tu as vu Tiebile dans quoi? Tu vas comparer la gestion de Tiebile à celle d ‘Alpha et d’ATT. Qu est ce que Tiebile à géré au Mali pour parler de lui comme un spoliateur du Mali!

  4. toutes ces réformes que tu proposes aujourd’hui,pourquoi ne pas l’avoir fait quand ATT voulait réviser la constitution.C’est ce qu’on appele la malhonnêteté intellectuelle.Vous n’agissez qu’au gré de vos intérêts personnels et le MALI vous vous en fouter éperdument.IBK doit réformer sa gouvernance,c’est vrai,mais vous n’êtes pas(Tieblé et compagnons du FDR)les hommes susceptibles d’apporter le changement souhaité par les Maliens.L’Avénir promoteur pour notre pays,ce n’est pas vous qui pouvez le réaliser.Il appartient cet avenir à une nouvelle race de politiciens qui accepteront de dédier leur vie au Mali,au bonheur des autres.C’est ces hommes vertueux et visionnaires qui relèveront les multiples défis auxquels nous sommes confronté. ce n’est pas ces manges-mil qui se sont associés pour faire des G.I.E(partis politiques)qui réaliseront le bonheur des Maliens.En tout cas je ne me fais aucune illusion là dessus

    • Tieblen Dramé et Zoumana Sacko sont les seuls hommes politiques à s’opposer ouvertement à la réforme constitutionnelle préparée par ATT. Dioss, tu étais au Mali ou pas? Ou es-tu animé de mauvaise foi? Toi et tes semblables, vous ne pouvez pas réécrire et falsifier l’histoire. Le combat de Tieblen pour le Mali ne date d’aujourd’hui. L’homme a des idées. Il a le courage de les exprimer. Si vous ne pouvez pas le reconnaître, taisez-vous. Vous ne tromperez personne. Quels sont les jeunes dont tu parles? Les Sanogo en tenue civile? Mara qui qui a rendu Kidal et le Nord aux rebelles,maux narcos et aux terroristes? Soyons sérieux. Les propositions de Dramé sont pertinentes. Elles permettent au Mali d’avancer,

  5. Écoutez Tieblé Drame,des erreurs ont été commises,cela est indéniable.IBK a simplement manqué de finesse et le contexte n’était pas favorable pour certaines dépenses.Sinon IBK ne pourra jamais égaler le gâchis financier commis par ALPHA KONARE et ATT.Deux hommes qui sont à la base de la déliquescence de notre pays.Il est temps de mettre un peu d’eau dans ton vin parce que tu n’est pas un exemple de probité morale et votre patriotisme reste sujet à caution avec tout ce que vous avez tramer contre votre propre Pays.En vérité la fin du mandat de IBK doit signer la fin de tous ces politiciens véreux et apatrides qui sont incapables de se remettre en cause et avoir l’amour de leur Pays.Tous ces criminels doivent dégager sinon point de salut pour ce brave peuple Malien.

    • On est en 2014 et c’est IBK qui au pouvoir. C’est à lui que le peuple s’afresse. Sinon on pourrait demander à nos aieux, pourquoi ils ont laissé Kankou Moussa disposer de l’or du Mali tel qu’on nous le raconte aujourd’hui. L’honnêtété voudrait qu’on reconnaisse la qualité de ce article, qui n’est pas dans la fanfaronnade des torchons pondus par des hommes politiques et journalistes alimentaires. Les héros vituels comme dioss font légion, mais ils se lasseront car il n’est pas donné à tout le monde de résister. IBK a trahi la confiance des maliens; aujourd’hui personne ne peut lui trouver d’excuses à part ceux qui sont dans le système, comme au temps d’ATT ou de Alpha Oumar. Les souteneurs sans discernement ne voient que des hassidi ou des gningow partout. Le BVG rendra compte d’une infime parite demalversations. Ce qu’on découvre aujourd’hui était connu de ceux qui n’ont pas arrêté de mettre le peuple en garde contre les tares de l’homme. IBK n’est pas à la hauteur il faut le dire.

    • DIOSS, aucun de ces gâchis ne s est passé sans la participation active d IBK. Ainsi, sous Alpha, IBK en tant que PM a gaspillé les sous du Mali comme personne avant lui. Sous ATT, en tant que président de l’AN il s est donné tant de privilèges qu aucun président d Assemblée avant lui. En gros, aucun homme public de ces vingt dernières années n à sucé levMali comme IBK

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