Mali : Sadio Lamine Sow, ministre des affaires étrangères fait le grand écart

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Sadio Lamine Sow, le 16 mai à Bamako.

Longtemps proche conseiller du président burkinabè Blaise Compaoré, Sadio Lamine Sow a créé la surprise en acceptant, fin avril, le portefeuille de la diplomatie malienne.


Sadio Lamine Sow est, aux dires d’un de ses proches, « un homme courtois » mais « extrêmement discret ». Confirmation à Ouagadougou, où il a posé ses valises il y a trente ans, et où l’on ne sait pas grand-chose de lui, si ce n’est qu’il est marié à une femme du pays, qu’il a trois enfants, qu’il ne s’est jamais mêlé de politique intérieure et qu’il ne court pas les mondanités. Pourquoi alors avoir troqué, fin avril, la confortable obscurité que lui conférait le titre de conseiller spécial du président burkinabè pour celui, brûlant, de ministre d’État en charge des Affaires étrangères au Mali, le rang le plus exposé d’un gouvernement suspendu aux décisions d’une junte erratique ? Quête d’un nouveau défi ? Élan patriotique ?
De fait, à Bamako comme à Ouaga, la nomination de cet ancien journaliste à Jeune Afrique au début des années 1980 a fait jaser. « Le Mali sous tutelle : un conseiller personnel de Blaise Compaoré ministre d’État », a titré un journal bamakois. Sow, qui ne vivait plus au Mali depuis longtemps, est perçu comme « un pion » que Compaoré aurait placé auprès de son ami Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre, pour diriger en sous-main la transition. C’est tout le contraire, affirme-t-on à Ouaga. « Blaise ne s’y attendait pas. C’est Diarra qui l’a appelé pour lui dire qu’il avait besoin de Sadio. Les deux hommes sont amis depuis très longtemps », assure un conseiller du président burkinabè. Si ça le dérange ? « Non, mais dire que Blaise l’a imposé est faux. »
Proche aussi de Denis Sassou Nguesso
Il faut reconnaître que les mauvaises langues ont de quoi argumenter. Voilà des années que ce Peul né à Kayes (sud-ouest du Mali) il y a soixante ans fait figure d’intouchable auprès de Compaoré. Selon un ministre, « c’est son plus proche collaborateur ». C’est un ami aussi – « un des rares qui peuvent lui dire les choses sans prendre de gants » – à qui le président aurait confié la gestion de ses affaires personnelles et qui a fait le lien pendant des années avec l’Afrique centrale, où on le dit « très introduit » – Sow est un proche de Denis Sassou-Nguesso, tout comme il l’était de feu Omar Bongo Ondimba. Longtemps, il a aussi assuré la connexion avec certains réseaux français. « Il était très souvent hors du pays, et souvent à Paris », affirme un diplomate, qui précise que Sow a « de bons rapports » avec la France, un pays où il a suivi des études en lettres modernes.
Comme beaucoup de journalistes fascinés par la révolution burkinabè et la personnalité de Thomas Sankara, Sadio Lamine Sow est arrivé à Ouaga dans les années 1980. Un ancien collaborateur de Sankara se souvient de l’avoir croisé. « À l’époque, Thomas avait besoin de communicants. Il disait que les journalistes étrangers étaient plus efficaces que les burkinabè. »
Jamais vraiment éloigné du Mali
Sow restera, même après l’assassinat de Sankara. Dans un premier temps, il joue le rôle de conseiller en communication de Compaoré. Puis ce « gros bosseur » prend du galon. Bientôt, il dirige la diplomatie parallèle et le président le charge de dossiers bien particuliers. La rumeur l’a dit proche du Libyen Mouammar Kaddafi et du Libérien Charles Taylor – ce que lui-même et ses amis démentent.
Du Mali, son pays, il ne s’est jamais vraiment éloigné. Il y a dix ans, il a aidé Amadou Toumani Touré à retrouver le pouvoir. « Ils étaient très liés, affirme un proche. Il l’a convaincu de se présenter à la présidentielle et il a convaincu Blaise de le soutenir une fois élu. Ensuite, il s’en est rapidement démarqué. À la fin, ils ne se parlaient plus. » Est-il l’homme de la situation ? « Il est fait pour les Affaires étrangères », glisse un ministre burkinabè. Mais « il a peu de contacts avec le Nord », tempère un connaisseur de la région. Il est vrai que jamais la rébellion touarègue ou l’expansion d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) n’ont fait partie de ces dossiers sensibles que lui confiait Compaoré.
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05/06/2012 à 09h:25 Rémi Carayol, envoyé spécial
Pour Jeune Afrique

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10 COMMENTAIRES

  1. Je crois fermement que Mr Sow peut tres bien aider le Mali. Il doit surtout travailler de tres pres avec un autre conceiller de Blaise le Mauritanien Moustapha Ould Chaffi qui est tres familier avec les grands acteurs du nord!Ses relations au nord lui ont permis de liberer des otages occidentaux! Nous continuons nos humbles contributions!!! Nous conseillons qu’on privilegie les negociations au detriment de la guerre. Tout doit etre fait pour continuer a’ avoir une active participation de la France, des USA, de la Mauritanie, de l’Algerie, du Niger et du Burkina dans la recherche de la solution au probleme du nord. Il va sans dire que la CEDEAO et l’UA aussi peuvent apporter une grande contribution.

  2. Comme un proverbe de chez nous le dit si bien “C’est au pied du mur qu’on juge le maçon”
    Deja le terrain médiatique semble occuper et n’est plus laissé aux gens du MNLA en europe
    Cela me semble deja de bonne augure…Bon vent Mr Sow que Dieu vous bennisse et guide vos pas dans la bonne direction,pour le bien de ce peuple malien qui souffre dans sa chair et dans sa peau

  3. il a été imposé par les franc-maçons parce que ce gouvernement c’est gouvernement maçonnique à 100 pour cent

      • est ce un crime que d,etre franc maçon?
        concentrer sur ses competences et non sur sa vie privee, espere d,egoiste.

  4. Tous ceux la, c’est vos ditons,chaque fils ou fille du Mali reste un Malien. Si il peut mettre son grain de sel et pourquoi pas? chacun et chacune de nous a son devoir envers sa Nation.
    Et je suis sur que les critiques vont bientot pleuvoir sur lui. Mobilisons nous tous et toutes derriere le gouvernement et je suis sur que cet arbre donnera de bons fruits.

  5. Modibo, n’ecoute pas le 1bciles de journalistes et des politiciens vautours et malhonnetes qui n’oeuvrent que pour vous decourager et vous mettre le baton dans les roues. Vous avez le soutien du peuple maliens pour la reconquete du nord et le redressement de ce pays. Nous vous soutiendrons aussi lorsque vous demandrez à etre president de la republique. Le mali n’a jamais eu un dirigeant aussi engagé que vous. Bonne chance pour la reussite de votre mission patriotique.

  6. nE DENIGRE PAS CE GOUVERNEMENT QUI VAUT NETTEMENT MIEUX QUE LES PREC2DENTS FAIS DE VAUTOURS. NOUS SOMMES TOUS MALIENS A L ‘HEURE NS N’AVONS PAS BESOINS DE CES POLITICIENS AU GOUVERNMT.

    JEUNE AFRIQUE DOIT SAVOIR QUE CE GOUVERNEMET EST AUSSI L’OEUVRE DE LA CEDEAO. LAISSEZ NOUS AVANCER.

  7. Merci Son Excellence pour av. accepte ce poste, puisque l’ article souligne bien votre competence!!!

    je suis encore persuade qu’ une equipe de maliens de la diapo sur tous les plans et a tous les niveaux serai le salut et la garante du progres au Mali.

    bonne chance dans votre mission et …

    💡 faites rapprocher de vous les jeunes diplomates maliens, le future c’ est les jeunes maliens et maliennes

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