Mali : pourquoi une dame Premier ministre

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Le Mali, après avoir fêté son cinquantenaire, voit, pour la première fois de son histoire, une femme promue chef de gouvernement. L’homme fort de Koulouba a fait l’exception, là où ses prédécesseurs Modibo Keïta, Moussa Traoré et Alpha Oumar Konaré sont passés à côté.

Annoncé et reporté à plusieurs reprises, le nouveau gouvernement est sorti du bois le 6 avril dernier. A sa tête, une femme, Mme Cissé Fatoumata Kaïdama Sidibé, ex-ministre de la Transition, revenue aux affaires après s’être éloignée du champ politique. Cette fois, le chef de l’Etat malien, Amadou Toumani Touré, qui amorce le dernier virage de son second mandat, a osé franchir le rubicond.


ATT veut, à un an de cette présidentielle, un gouvernement moins politique, en renvoyant à leurs états-majors politiques respectifs les potentiels prétendants à sa succession qui siégeaient dans le gouvernement Modibo Sidibé.


Davantage de technocrates

Connu pour ses méthodes imprévisibles, le patron de Koulouba a sorti son joker pour conduire le dernier gouvernement pré-présidentielles de 2012. Composé de 32 ministres dont 4 femmes (16 nouveaux entrants et 12 sortants), contre 28 que comptait Modibo Sidibé, l’attelage Cissé Fatoumata Kaïdama Sidibé est présenté comme un gouvernement de rupture, dépollué et sans armes de guerre. Au regard de l’armature gouvernementale, une évidence s’impose : il y a une forte présence de technocrates, tels Habib Ouane, Amadou Cissé, Sidiki Konaté, plus que d’hommes politiques.

Urbi et orbi, à Bamako, bon nombre d’observateurs avisés estiment que ATT veut, à un an de cette présidentielle, un gouvernement moins politique, en renvoyant à leurs états-majors politiques respectifs les potentiels prétendants à sa succession qui siégeaient dans le gouvernement Modibo Sidibé. Seul rescapé aux ambitions présidentielles plus ou moins affichées, le ministre Ahmed Diané Séméga, reconduit par Kaïdama Sidibé. En revanche, bon nombre de ministres éjectés ont fait les frais de scandales et de crises (affaire Sotelma, fonds Sida, rébellion touareg, affaire Aqmi, fonds miniers, entre autres).

Promotion de la femme

« Le président cherche un dispositif peu exposé à l’overdose politique, peu animé par de grosses têtes aux ambitions de conquérir le palais de Koulouba », a commenté un habitué de la scène politique malienne. Ce dernier et second mandat d’Amadou Toumani Touré reste marqué par d’importants actes en faveur des femmes, au moment où le débat sur la parité au Mali fait rage.

Sous l’ère ATT, des efforts louables ont été consentis en direction des femmes, dans tous les secteurs. L’armée compte dans ses rangs de hauts officiers femmes dans tous ses compartiments, de même que dans le domaine de la haute administration publique du pays. Avec la nomination d’une femme à la tête du gouvernement, ATT passe pour être le héros d’une haute lutte pour la défense et la promotion de la femme malienne. C’est la formule d’ATT qui fait tilt : « Tout est possible quand on a les femmes. »

Mener sa barque

Aura-t-elle les coudées franches pour mener sa barque à un an de l’échéance présidentielle, face à des dinosaures de la scène politique et aux jeunes loups aux dents longues qui veulent marcher sur Koulouba ? Moins loquace, mais pondérée, la nouvelle égérie du gouvernement devra imposer son style et sa méthode pour surmonter les épreuves et les turpitudes de la vie politique malienne. Les premiers cent jours seront assurément un baromètre pour Kaïdama Sidibé.

Ismael Aidara
LesAfriques.com, 23 avril 2011

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