Des mouvements de jeunesse de taille et des partis politiques se hissent dans l’unique objectif du soutien du président Ibrahim Boubacar Keïta à l’élection présidentielle de 2018. Cette situation divise plus que jamais les citoyens maliens et surtout les jeunes qui constituent la population majoritaire. Ce phénomène IBK est à craindre, car mal géré, il risque de sombrer le pays dans une guerre civile sans précédent.
Le peuple est un enfant
Un peuple est comme un enfant, s’il crie, il suffit de lui tendre un biberon pour qu’il se taise. Nul ne pouvait imaginer après tant de tourments, de souffrances subites par le peuple malien dans ces quatre dernières années que les Maliens allaient même accepter la candidature du président sortant à sa propre succession à forte raison de le soutenir en créant des mouvements de soutien en son nom. Comme mouvements, nous avons le Mouvement IBK-2018, le Mouvement Arc-en-Ciel composé de plus de 523 associations de jeunesses ; maints partis politiques s’allient aujourd’hui derrière le parti de la majorité afin de donner plus de voix au président sortant.
Tous ceux-ci constituent à merveille des preuves pour dire que la politique de dernières minutes à laquelle joue le président sortant, M. Ibrahim Boubacar Keita, a su déjà gagner la conscience des Maliens. Elle a acquis un tel effet sur eux qu’on pourra la comparer à l’ « Opium » ou à la « Ciguë ». En effet, il a suffi qu’il sursoie à son projet de révision constitutionnelle, achever quelques anciens projets comme le pont de Kayes, désenclaver des zones, etc., pour faire oublier à certains citoyens tous les problèmes auxquels l’avènement de son régime a donné naissance.
Par ailleurs, si cette situation n’est pas rationnellement réglée, elle finira par créer entre les jeunes voire entre tous les citoyens maliens une division qui conduira irrémédiablement à la guerre civile.
Le Mali au seuil d’une explosion civile
Dès maintenant nous constatons un fossé entre les groupes de jeunesse qui sont repartis en Pro-IBK et en contre-IBK. Cette forme de division constitue un danger qu’il convient de gérer avec raison pour ne pas faire sombrer le pays dans une crise regrettable. Or, rien n’est encore mis en place pour éviter une telle montée des tensions.
Ces bras de fer se situent tous dans le cadre de cette question de la réélection du président sortant. C’est une situation comparable à celle qui a eu lieu lors des manifestations contre-référendum où nous avons assisté rapidement à la mise en place des contre-mouvements, c’est-à-dire des mouvements favorables à la tenue du référendum comme celui de « An sonna » ; ce mouvement était opposé à celui de « AN banna ».
Le Mali a assez vu dans ces dernières années, alors, une guerre civile n’est pas une option réfléchie. Nous devons régler nos contradictions pacifiquement.
L’intérêt de la nation est au-dessus des intérêts privés
L’intérêt général est celui de toute la nation et c’est pour celui-ci que chaque « citoyen-patriote » doit opter contre les intérêts privés qui sont pour la plupart égoïstes et dont la finalité est de conduire le pays dans le chaos. La plupart des mouvements de soutien à IBK pour 2018 sont composés d’hommes ne visant que leurs intérêts particuliers et non ceux de la nation malienne.
Par ailleurs, les jeunes en tant que forces vives d’une nation, doivent rester soudés pour le salut de toute la nation. Ils doivent jouer le rôle d’éveilleur de conscience et non pas se laisser berner dans la moule d’un quelconque parti politique. Leur combat ne doit pas être intéressé, ils doivent mener un combat constructif.
La politique est paradoxale, elle a le cœur noir et nul ne connait ses intentions. Mais nous devons nous rappeler d’une chose : si le « Mali d’abord » est devenu « ma famille d’abord », alors au deuxième mandat, ça sera « mon village d’abord ».
Fousseni TOGOLA, journaliste-blogueur à Doniblog
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