Mali : La nouvelle configuration de l’opposition politique

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Démonstration de force réussie par les partis de l’opposition, "Président IBK Sabali !"
Salle comble pour le meeting de rentrée de l’opposition malienne, le 7 septembre à Bamako.
David Baché / RFI

Au début du mandat du président IBK, nombre d’observateurs doutaient de l’avènement d’une vraie opposition d’autant que le principal challenger du chef de l’Etat avait accepté le verdict des urnes avant même la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle. La donne est en train de changer, notamment avec le vote prochain du statut de l’opposition par les députés.

 

Au bout d’une année de gouvernance, en plus de l’opposition parlementaire, il y a celle qui anime sans répit la vie politique. Et le meeting de dimanche dernier pour marquer un an d’IBK à la tête du pays a permis de découvrir des visages qui jusqu’à une date récente étaient méconnus. D’où la question, pourquoi tant d’engouement pour le camp de l’opposition qui dans la plupart des cas en Afrique est synonyme de précarité.

Contrairement à des leaders politiques considérés comme des ténors qui sont du bon côté de la table et bouffent à la marmite nationale, une dizaine de partis ont choisi de s’affirmer, non sans difficulté.

Dans ce lot, il le parti Lumière pour l’Afrique présidé le jeune Seydou Diawara dit Martin qui a décidé de s’aligner derrière l’opposition. “Je crois qu’il est important de défendre des idées et à l’heure actuelle, c’est l’opposition qui incarne cet idéal”, a-t-il confié. Il est de même pour le PRV/Fasoko qui a commencé à faire entendre sa voix depuis un moment.

Même s’il se fait discret, il joue à sa manière son rôle d’opposant, il s’agit de l’ancien ministre d’ATT, Djibril Tangara qui dirige le parti la Force citoyenne pour la démocratie (FCD). Dans la même posture, le très effacé mais efficace président du PIDS, Daba Diawara a décidé de porter ses gans de défenseurs de la République en danger.

Sa prise de position contre la sortie de Moussa Mara lors du vote de la motion de censure est mémorable. Il s’agit de l’ancien ministre Amadou Abdoulaye Diallo qui assure l’intérim du président du PDES. Au meeting de dimanche, il a dit tout ce qu’il pense du régime actuel, notamment du gouvernement qu’il qualifie de refuge d’enfants.

Il en est de même pour l’éphémère ministre de la Promotion de la femme du dernier gouvernement ATT, Dandara Touré. C’est elle qui a porté le chapeau des femmes de l’opposition et a depuis un moment commencé à drainer ses sœurs de six communes du district à sa cause.

 

Les habitués

Connu pour son audace, Amadou Koïta a su se faire un nom dans la nouvelle carte politique. Président du Parti social (PS), il sait porter la contradiction sur différents sujets de la vie nationale.

Quand nous l’avions contacté après la déclaration de politique générale du premier ministre, il a été sans ambages. “Ce ne sont que des déclarations de bonnes intensions”, avait-il souligné. De nos jours, M. Koïta fait partie des jeunes leaders politiques maliens qui animent valablement l’opposition, en témoignent ses interventions régulières dans la presse.

Sa casquette de député  lui a donné la marge de manœuvre pour porter haut la voix de l’opposition parlementaire. Lui, c’est bien le président du groupe parlementaire Vigilance républicaine et démocratique (VRD), Mody Ndiaye. Débatteur devant l’Eternel, ce cadre de l’URD n’a pas été tendre sur le bilan d’un an de gouvernance IBK.

Plus qu’un homme politique, Djiguiba Kéita est un républicain qui ne rate aucune occasion pour enfoncer le régime. Cet ancien ministre donne sûrement des sueurs froides au gouvernement actuel en témoignent ses sorties qui suscitent toujours débats.

 

Les indécis

Surprenant, c’est le qualificatif qui colle le mieux à l’attitude du président de la Jeunesse URD, Mamadou Diallo. Pourtant, avant l’élection d’IBK, il était le soutien le sûr de Soumaïla Cissé. Normal nous dit un militant de son parti, il faut préserver son poste de secrétaire général de l’Assemblée nationale.

Le peu d’engouement qu’affiche le président du Conseil économique social et culturel et du parti Umam, Jeamille Bittar dans l’animation de l’opposition est interprété comme un signe d’abandon. “Il sauve tout simplement ses intérêts”, nous a répondu un de ses proches.

Que dire de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé des Fare qui observe depuis un moment un silence de mort ? Sa collaboration avec Soumaïla Cissé n’a pas dépassé le stade des intentions, car il peine à se mettre dans la peau d’un opposant.

Ainsi, avec la nouvelle configuration de l’opposition malienne, désormais, Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé perdent le monopole de contre-pouvoir. Mais que cette euphorie ne soit guidée par le statut de l’opposition en gestation qui divise déjà la classe politique nationale. Notamment, le choix d’un leader de l’opposition.

Alpha Mahamane Cissé 

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