Mali: les détails du plan d’action de Choguel Maïga

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Au Mali, le Premier ministre de la Transition Choguel Maiga a présenté son plan d’action gouvernementale ce vendredi après-midi 30 juillet. Il s’est exprimé devant les membres du Conseil national de transition, qui fait actuellement office d’Assemblée législative, lors d’une session extraordinaire.  Relecture de l’accord de paix, renforcement des forces armées, élections transparentes : ce qu’il faut retenir de ce plan d’action 

Le Premier ministre s’est exprimé devant les membres du CNT, qui fait actuellement office d’Assemblée législative, lors d’une session extraordinaire. Choguel Maïga a commencé son intervention par « une minute de prière » à la mémoire de toutes les victimes, maliennes et étrangères, de la crise. Puis il a rendu hommage « aux forces du changement » : le M5, le mouvement hétéroclite composé de partis politiques, de syndicats et d’organisations de la société civile, dont il était devenu le fer de lance, et « les forces de sécurité ».

En clair, les militaires qui ont finalement renversé le président IBK en août dernier, marginalisant pendant un temps le M5, et avec lesquels Choguel Maïga a croisé le fer jusqu’à sa nomination au poste de Premier ministre début juin. Une manière pour le Premier ministre de la « rectification de la transition » – c’est ainsi qu’a été présenté le second coup d’État à l’issue duquel Choguel Maïga a été nommé – de sceller la réconciliation avec ceux qu’il avait si vivement décrié pendant des mois.

Renforcer l’armée

Une fois entré dans le vif du sujet, Choguel Maïga a exposé un programme en quatre axes.

Premier axe : le renforcement de la sécurité. Pour améliorer la lutte contre le terrorisme et le banditisme, le premier ministre s’engage à mettre « tous les moyens matériels et humains nécessaires » à la disposition des forces de défense et de sécurité : renforcement des effectifs, modernisation des équipements et amélioration de la formation.

La stratégie de désarmement et réinsertion, prévue par l’accord de paix de 2015, sera accélérée. Des actions ciblées seront menées dans les régions du centre et du nord du pays, pour ramener les services sociaux et de bases.

Relecture de l’accord de paix

Sur un sujet plus polémique, Choguel Maïga a remis sur la table son projet de « relecture intelligente et consensuelle de l’accord de paix », et cela afin d’en favoriser une « appropriation collective ». Certaines dispositions seront relues selon les modalités prévues par l’accord : une démarche « inéluctable », selon Choguel Maïga, qui n’a pas précisé à quelles dispositions il pensait. Une démarche sur laquelle les ex-rebelles de la CMA expriment de vives réticences.

Assises nationales de la refondation

Deuxième axe : les réformes politiques et institutionnelles. Choguel Maïga prône une « rénovation du cadre politique » afin de rendre les institutions « plus fortes et plus légitimes ». Dans ce but, et comme il l’avait déjà évoqué, Choguel Maïga annonce des « Assises nationales de la refondation », un cadre de dialogue qui s’appuiera sur les conclusions du Dialogue national inclusif et des autres – très nombreux – « fora » ayant eu lieu ces dernières années.

Élections dans les délais

Troisième axe : l’organisation des élections générales, présidentielle et législatives, qui doivent marquer la fin de la Transition et le retour à l’ordre constitutionnel. Sans surprise, le Premier ministre les promet « transparentes, crédibles et inclusives ». Pour cela, il a une nouvelle fois défendu une réforme sensible, celle de la mise en place d’un organe unique de gestion des élections.

« Une demande persistante exprimée depuis des décennies par la classe politique et la société civile », a rappelé le chef du gouvernement, afin de restaurer la confiance de tous lors des compétitions électorales. Depuis qu’il en est question, de nombreux partis politiques ont exprimé leurs craintes de voir cette ambitieuse réforme, et toutes les autres, mener à un allongement de la période de transition. Choguel Maïga, qui avait déjà expliqué qu’il entendait respecter les engagements pris devant les Maliens et la communauté internationale – une présidentielle en février et des législatives en mars -, n’est pas entré dans les détails du chronogramme de plan d’action, mais il a assuré qu’il « tenait compte des délais temporels de la transition ».

Pacte social

Quatrième axe : la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité sociale. Choguel Maïga promet une « gouvernance de rupture et d’exemplarité », fondée sur la lutte contre la corruption et l’impunité, « à la base de la déliquescence de notre État ». Le chef du gouvernement annonce des audits sur les bâtiments publics, une commission d’enquête sur les démolitions réalisées dans la zone aéroportuaire de Bamako ainsi que des enquêtes sur les exactions des 10,11 et 12 juin à Bamako, Sikasso et Kayes – lorsque des civils manifestant contre le régime de l’ancien président IBK avaient été tués.

Sur le plan social, Choguel Maïga promet de dégager « minimum 100 milliards » pour les secteurs sociaux prioritaires au bénéfice des plus démunis. Le retour des déplacés et réfugiés dans leur localité d’origine est affiché comme une priorité du gouvernement. Choguel Maïga promet également une nouvelle conférence, sociale cette fois, et qui sera organisée « en concertation avec les partenaires sociaux ». Objectif : trouver les compromis permettant de concilier l’amélioration de la vie des travailleurs et du budget de l’État, et cela, alors que la fin de la période IBK et le début de la Transition ont été marqués par des grèves à répétition. « Nos parents enseignants n’ont rien à craindre », a d’ailleurs promis Choguel Maïga, face aux inquiétudes liées à l’harmonisation des salaires dans la fonction publique.

2 050 milliards de FCFA

La lutte contre le coronavirus, l’amélioration de l’accès à la santé et à l’eau potable, la promotion de la culture, la prise en compte du genre et de la jeunesse ont également été citées, en fin de discours, comme des priorités qui demeurent.

À l’intention des partenaires de Bamako, Choguel Maïga a enfin assuré que le Mali continuerait de respecter tous ses engagements internationaux. « Notre pays est à un tournant décisif de son histoire, il joue sa survie avec l’aide des pays frères et des organisations multilatérales », a tenu à formuler le Premier ministre.

Le coût de ce programme a été estimé par le Premier ministre de la Transition à plus de 2 050 milliards de FCFA.

Premières réactions

Les réactions à ces précisions sur le plan d’action n’ont pas tardé. Des annonces qui vont dans le bon sens, à condition, estime l’ancien Premier ministre et président du parti Yelema Moussa Mara, que les actes soient à la hauteur et que le calendrier soit respecté.

La question de la sécurité est évidente. C’est la préoccupation principale des Maliens. L’organisation des élections comme le baromètre principal de la transition, c’est ce qui a été dit par le Premier ministre, et je partage tout à fait cette opinion, parce que c’est la sortie de la transition. Et la transition doit s’achever de manière heureuse, après des élections crédibles et transparentes, et les questions sociales de bonne gouvernance sont aussi parmi les préoccupations importantes.

Donc, c’est un programme qui répond aux préoccupations de l’heure. la question essentielle, c’est: qu’est-ce qui va pouvoir être fait dans le temps qui reste ? L’essentiel, maintenant c’est de poser les actes qui vont dans le sens de la mise en œuvre de ce programme, et de poser des actes qui vont dans la préparation des élections crédibles et transparentes dans le délais de la transition, au plus tard en février 2022. Je note que le Premier ministre l’a rappelé plusieurs fois dans son discours, travailler dans les délais de la transition. Cela est positif. En tout cas, c’est mon souhait, et c’est celui de beaucoup de nos compatriotes.

Également annoncée par le Premier ministre, une relecture « intelligente et consensuelle » de l’accord de paix de 2015. Une perspective qui, pour le coup, suscite beaucoup de réticences parmi les ex-rebelles de la CMA, signataires de cet accord et qui n’ont aucune envie de le réviser. Mohamed el Maouloud Ramadanee, porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), estime que ce serait « ouvrir une boîte de Pandore ».

Notre inquiétude est qu’une partie des signataires avaient des réserves avant de signer cet accord. Et si aujourd’hui on le ramène sur la table, il faut s’attendre à ce que chacun de ces partis va ramener ses amendements et ses réserves. Donc, pour nous, c’est hasardeux, c’est une boîte de Pandore qu’il faut coûte que coûte éviter d’ouvrir. vu les six années qu’on a passé juste pour sa mise en œuvre, et que nous sommes en train de traîner aujourd’hui. Admettons que demain, l’accord sera remis une fois de plus sur la table.
Regardez, ça fera combien de temps pour parvenir à un compromis consensuel ? Donc pour nous, ce sera une perte de temps, ce sera hasardeux aussi, et surtout, la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le Mali ne le permet pas. pour nous, l’essentiel est que le gouvernement respecte ses engagements, surtout par rapport à la mise en œuvre de l’accord. Vous savez qu’ils sont réticents à notre participation dans cette nouvelle autorité de transition. mais on nous a donné des engagements, nous demandons au gouvernement le respect de ces engagements.

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Au Mali, le Premier ministre de la Transition Choguel Maiga a présenté son plan d’action gouvernementale hier après-midi (vendredi). Renforcer la sécurité en donnant davantage de moyens à l’armée, organiser les élections présidentielle et législatives avec un organe unique et en respectant les dates prévues, ou encore établir un pacte social avec les syndicats, voilà quelques-unes des principales ambitions présentées par le chef du gouvernement devant le Conseil national de transition, qui fait actuellement office d’Assemblée législative. Egalement annoncée : une relecture « intelligente et consensuelle » de l’accord de paix de 2015. Une perspective qui, pour le coup, suscite beaucoup de réticences parmi les ex-rebelles de la CMA, signataires de cet accord et qui n’ont aucune envie de le réviser. Je vous propose d’écouter le porte parle de la Coordination des mouvements de l’Azawad, Mohamed el Maouloud Ramadane, joint par David Baché.

Source: https://www.rfi.fr/fr/afrique

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