Une page s’est tournée ce mercredi 4 septembre au Mali. Dioncounda Traoré a quitté le palais présidentiel de Koulouba, laissant la place à Ibrahim Boubacar Keïta, qui a prêté serment devant la Cour suprême. Le nouveau président a promis un État fort aux Maliens, la fin des passe-droits et de la corruption. Il a aussi confirmé que sa priorité serait la réconciliation après la crise sans précédent que vient de vivre le pays.
Conformément à son discours de campagne, le président Ibrahim Boubacar Keïta a rappelé ce mercredi que la réconciliation nationale était la plus pressante des priorités. « Dès demain, nous enclencherons les actions appropriées pour forger les solutions robustes en vue d’une paix durable, afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le nord de notre pays », a promis le nouvel homme fort du Mali.
Pendant de longs mois, le Nord et le Sud se sont en effet trouvés divisés une nouvelle fois, suite àl’offensive menée par les touaregs du MNLA puis par des groupes jihadistes. Aujourd’hui, les plaies restent vives. Mais le président s’est fixé un objectif : organiser des assises pour rassembler toutes les composantes de la société, et toutes les générations.
« Le Mali avant tout »
« Je veux réconcilier les cœurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre nous, afin que chacun dans sa différence puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale », a poétisé Ibrahim Boubacar Keïta.
« La nation et le Mali avant tout ». Tel est le credo du nouveau président qui, à 68 ans, promet de redonner confiance aux Maliens : « J’œuvrerai pour que les Maliens retrouvent foi en l’avenir. Rien de grand ne peut réussir ni se faire sans sacrifices. Il faut accepter de tendre la main à l’autre, afin de bâtir ensemble un Mali nouveau ». Un Mali dans lequel nul ne sera au-dessus de la loi, a aussi prévenu IBK.
Car les chantiers qui attendent Ibrahim Boubacar Keïta sont nombreux et paraissent tous plus urgents les uns que les autres. Parmi ceux-ci, la réforme de l’armée, qui a renversé il y a un an et demi le président Amadou Toumani Touré. Une armée négligée pendant des années, sous-équipée et humiliée dès les premiers combats de janvier 2012. Une armée aussi marquée par la corruption et des dysfonctionnements dans la chaîne de commandement.
Rétablir la confiance en la classe politique
Mettre fin aux passe-droits, améliorer la gestion des fonds publics est ainsi le défi global auquel devra répondre le nouveau pouvoir. Les Maliens ont perdu toute confiance dans leurs gouvernants et dans leur classe politique, accusée de n’avoir rien fait pour prévenir la crise.
Parmi les autres priorités figurent la relance économique et la relève du secteur agricole pour permettre aux paysans d’avoir un meilleur accès à la terre et plus de droits sur cette terre. Le président IBK saura-t-il rompre avec un système qui, à la lumière des derniers mois, a montré toute sa fragilité et toutes ses failles ? Le nom de son Premier ministre devrait donner un début de réponse dans les prochaines heures.
Par RFI