La transition au Mali semble enfin sur les rails. L’ex-junte, les autorités intérimaires et les médiateurs de la Cédéao ont trouvé un accord le 20 mai à Bamako. La transition conduite par Dioncounda Traoré va durer 12 mois, avec à terme la tenue d’élections. Le chef des auteurs du coup d’État du 22 mars, le capitaine Sanogo, obtient lui le statut d’ancien président. Il aura droit à tous les avantages dus à ce rang.
Sur le papier, la médiation de la Cédéao, est une réussite. La période de transition durera un an à compter du 22 mai, date de la fin de l’intérim assuré par le président Dioncounda Traoré. Avec un costume de président, il dirigera la transition.
Autre décision importante : le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, a désormais le statut d’ancien chef d’Etat du Mali. À ce titre, il bénéficiera des avantages dus à ce statut. Avec ses camarades, il bénéficie également de l’amnistie.
L’accord signé entre la médiation, le président Dioncounda Traoré et le Premier ministre malien prévoit qu’à court terme, il faudra définir le rôle que les autres militaires de la junte vont jouer pendant la période de transition. Il faut reformer l’armée, il faut pouvoir (si c’est nécessaire et si possible) reconquérir le nord du pays par les armes. Les anciens putschistes apprécieront probablement d’être en première ligne pour défendre la patrie.
Reste à voir le rôle que chaque partie devra jouer pendant la transition, pour éviter tout couac ou accroc. La médiation de la Cédéaao a trouvé une formule consensuelle : le président transitoire Dioncounda Traoré, le Premier ministre malien et le capitaine Sanogo se doivent mutuellement respect et considération.
Satisfaction de la Cédéao
La médiation ouest-africaine est naturellement satisfaite de l’accord. Pour Adama Bictogo, le ministre ivoirien de l’Intégration africaine, la stabilité des institutions enfin retrouvée va permettre aux Maliens de se concentrer sur la situation dans le Nord :
« Nous sommes satisfaits parce que le but recherché par la Cédéao, c’était que le Mali bénéficie d’une stabilité de ses institutions pour que cette transition soit solide et qu’elle puisse permettre, à partir de cette stabilité institutionnelle, d’engager une solution de sortie de crise globale, quand on sait que le nord du pays est aujourd’hui confronté à une crise de mouvements armés. C’est ce qui vient d’être fait. Je voudrais donc saluer la sagesse qui a habité tous les acteurs pour comprendre que l’essentiel c’est d’abord la résolution de la crise au Nord et que pour cela, il fallait que la transition soit stabilisée. C’est ce qui vient d’être fait ».
A DAKAR, LES RESSORTISSANTS MALIENS MOBILISÉS POUR AIDER LEURS COMPATRIOTES
Avec notre correspondant à Dakar
Depuis l’éclatement de la rébellion dans le nord du Mali, en janvier dernier, les Maliens du Sénégal vivent dans l’angoisse concernant le sort de leurs proches. Le téléphone permet de maintenir le contact avec les parents, mais les nouvelles ne sont pas bonnes. Aux mesures prises par les islamistes s’ajoute la dégradation des conditions de vie.
« J’appelle tous les jours, ils m’appellent tous les jours, confie un habitant du Sénégal qui a de la famille à Gao. Même ce matin, j’ai un cousin qui est malade, il me dit non seulement il est malade depuis une semaine, mais en plus il n’a pas de quoi manger. Il faut leur envoyer de l’argent, à défaut, trouver le moyen de leur faire parvenir des céréales, des médicaments parce que dans les centres de santé communautaires qui sont dans ces zones (…) dévastées, il n’y a plus de médicaments ».
Ces difficultés de vie quotidienne dans les régions du Nord ont poussé les membres de la diaspora à mettre en place, sous l’égide du Collectif des ressortissants maliens au Sénégal (CRMS, un collectif qui s’efforce actuellement de rassembler de l’aide pour l’envoyer ensuite sur place). Nana Aïdara Touré, présidente du CRCM, rappelle que « c’est une partie (d’elle) qui se trouve là-bas ».
« On est inquiets, les gens sont inquiets, explique Mme Touré. Tout le monde s’est mobilisé, sans exception aucune. Notre collectif pour l’instant, c’est d’essayer de rassembler tout ce que nous pouvons trouver en vivres, en médicaments, en habits que nous pourrons convoyer de Dakar jusqu’à Kidal si nous pouvons le faire ».
Le collectif espère pouvoir faire partir cette caravane de la solidarité vers la fin juin. La caravane fera alors escale dans les grandes villes par lesquelles elle passera pour poursuivre la collecte.
RFI / lundi 21 mai 2012