Au Mali, les victimes de violations des droits de l’Homme des différentes crises politiques ou sécuritaires attendent toujours réparation. Créée en 2014 après le coup d’État et le conflit dans le nord du Mali, la Commission vérité justice et réconciliation, la CVJR, a terminé son mandat en décembre 2018 mais attend d’être reconduite officiellement pour les prochaines années. Car le travail de cette commission est loin d’être terminé.
Au 21 janvier, 10 999 victimes avaient fait leur déposition auprès de la Commission vérité justice et réconciliation. Mais le nombre final est loin d’être encore atteint.
Toutes les victimes n’ont pas accès à la CVJR selon l’un des commissaires Ibrahima Coulibaly. « L’antenne de Kidal a ouvert il a quelque deux semaines seulement », nous donne t-il comme exemple. Autre problème, comment toucher les victimes dans le centre du pays ? « Effectivement, confirme Ibrahima Coulibaly, il y a un système de délation : dès qu’une victime est vue dans les locaux de la CVJR elle a des problèmes ; elle risque d’être abattue, ou en tout cas d’avoir des problèmes…»
Comment articuler Loi sur l’entente nationale et Loi de réparation des victimes ?
Ousmane Oumarou Sidibé, le président de la Commission annonce pour mi-mars un avant-projet de loi de réparation pour les victimes. Alors comment concilier cet avant-projet de loi de réparation avec un autre projet sur l’entente nationale, déjà sur le bureau des députés à l’Assemblée ?
« Il y a clairement un problème de concordance parce que, idéalement, ce sont les travaux de la Commission vérité justice et réconciliation qui auraient dû alimenter la loi sur l’entente nationale. Mais dans les faits, dans l’accord de paix, la loi sur l’entente nationale doit être adoptée et le gouvernement a un calendrier politique.»
Un collectif d’associations de défense des droits de l’Homme s’oppose toujours à ce projet sur l’entente nationale et le dénonce comme une loi d’amnistie. En décembre dernier RFI interrogeait Haidara Aminè Maiga, présidente du Conseil national des victimes, Haïdara Aminè Maiga, qui comparait ce projet de loi à une amnistie générale contre les auteurs de crimes commis au Mali depuis le début de la crise en 2012. « Les auteurs (de ces crimes) doivent être jugés, doivent être punis pour les actes qu’ils ont commis… Il y a de 10 427 victimes qui ont fait des dépositions devant la Commission Vérité-Justice-Réconciliation… Tout le travail que l’on a fait est mis en jeu », nous expliquait-elle.
Publié le 28-01-2019