Mali : Konaré ne répond plus

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 L’ancien chef de l’État malien et ex-président de la Commission de l’UA reste désespérément silencieux. De quoi énerver ses anciens compagnons de lutte.

À Bamako, nul ne le voit ni ne l’entend. L’ancien chef de l’État (1992-2002) et ex-président de la Commission de l’Union africaine (2004-2008) a totalement disparu des radars depuis son retour d’Addis-Abeba. Retranché dans une luxueuse résidence, à Titibougou, banlieue huppée de la capitale malienne, sous la protection d’une unité de la garde nationale, Alpha Oumar Konaré n’a fait que très peu d’apparitions publiques. Les cérémonies du cinquantenaire de l’indépendance n’ont pas suffi à le faire sortir de sa retraite. Ni les révolutions arabes, ni le conflit libyen, ni la crise ivoirienne. Celui qui se présentait comme un « militant à vie de la démocratie » et un farouche partisan des États-Unis d’Afrique n’a répondu à aucune sollicitation, n’a pris aucune position et n’a lancé aucun appel.

Un silence qui lui vaut de nombreuses critiques. Surtout au sein de l’Adema, parti qu’il a cofondé en mai 1991. « La dernière fois que je l’ai vu, raconte, amer, l’un de ses anciens compagnons de lutte, c’était lors de l’ultime Conseil des ministres qu’il a présidé, en 2002. Depuis, il n’assiste ni aux funérailles des militants ni aux baptêmes de leurs enfants, et ne donne même pas suite aux invitations qu’il reçoit. Pourquoi ? Le mystère reste entier. » Le 25 mai 2011, l’Adema fête son 20e anniversaire. Sans surprise, Alpha brille par son absence. L’un de ses visiteurs du soir le taquine : « Qu’est-ce qui t’a pris de boycotter l’anniversaire de ton enfant ? » Sur un ton sec, la réponse fuse : « Je n’en suis pas le seul père, et les autres se débrouillent très bien sans moi ! »

Alpha Oumar Konaré ne vit pas pour autant en ermite. Si son fidèle secrétaire particulier, Madeira Diallo, filtre les messages, une poignée d’amis d’enfance disposent de son numéro de portable. Il échange aussi régulièrement avec son successeur, Amadou Toumani Touré. Sinon, il profite pleinement de sa famille et notamment de ses petits-enfants (Adam et Alpha junior). Outre « le Palais du bord du fleuve », comme les persifleurs s’amusent à appeler sa villa, l’endroit de Bamako où l’on a le plus de chances de croiser Alpha Oumar Konaré est le salon d’honneur de l’aéroport international Bamako-Sénou. L’ancien président voyage souvent aux États-Unis et en Europe. Rarement en Afrique. D’ailleurs, il n’a quasiment plus de contacts avec ses anciens pairs ni avec l’Union africaine

Source: Jeuneafrique.com – 28/06/2011, Par Cherif Ouazani

 

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