Mali : Hollande s’affiche en chef de guerre

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François Hollande, lors de sa visite de la base française d’Abu Dhabi. © Bertrand Langlois / AFP

En visite sur la base française d’Abu Dhabi, le président a rappelé que la France était “en première ligne” du conflit.

Cinq jours après le début de l’intervention française au Mali,François Hollande est parti à la rencontre des militaires français. Mais pas au Mali, où les troupes françaises poursuivent le bombardement des positions islamistes dans l’ouest du pays, mais aux Émirats arabes unis. Profitant de l’ouverture du Sommet international des énergies du futur, dont il a prononcé le discours d’inauguration, le président de la République, qui s’est déplacé pour l’occasion avec une horde de patrons du CAC 40, a fait un saut à la base navale française d’Abu Dhabi, la plus importante du Moyen-Orient.

“La visite n’a rien à voir avec le contexte” au Mali, annonce d’emblée Stéphane Groen, chef d’état-major interarmées de l’amiral commandant la zone maritime de l’océan Indien. “Le Mali ne figure pas dans notre champ d’action et la mobilisation [de nos troupes] n’est pas à l’ordre du jour”, assure-t-il, pendant que les rafales de l’hiver émirien glacent sur les dalles de béton de ce petit îlot, propriété de l’émirat d’Abu Dhabi. Derrière les troupes armées en rang surgit le décor morne des porte-conteneurs, grues et divers gratte-ciel de la capitale de la fédération.

“Un autre style”

La berline noire du chef de l’État fait soudain son apparition. Très à l’aise, il reçoit les honneurs de la garde au drapeau de la 13e demi-brigade de Légion étrangère. Un conseiller présidentiel indique que le locataire de l’Élysée s’est entretenu mardi matin avec le président mauritanien, qui lui a promis son ferme soutien. “Il nous a témoigné de sa détermination absolue et nous a même encouragés à y aller plus fortement”, confie la source. Lundi soir, François Hollande a enregistré le soutien du président algérien Abdelaziz Bouteflika et du roi du Maroc Mohammed VI.

Interrogé sur la présence de forces françaises sur le sol au Mali, en contradiction avec tout ce que Paris affirmait depuis des mois, le conseiller fait valoir que la France a “agi compte tenu de l’urgence et des risques qui pesaient sur la capitale malienne Bamako. “On ne pilote pas les Africains, on prête assistance aux Maliens, car ils ne sont pas structurés”, souligne-t-il, avant de glisser : “C’est un autre style”, référence à peine voilée à la présidence Sarkozy. Dans l’avion présidentiel le conduisant à Abu Dhabi, François Hollande a pourtant confié aux journalistes que la France était en première ligne au Mali.

Hollande, le blagueur

Après deux Marseillaise, le chef des armées pénètre à l’intérieur du principal hangar de la base. Il passe alors en revue les différents corps et missions de l’armée française. Pour le premier atelier, le président se voit présenter les principales missions de l’état-major, notamment son soutien aux opérations de lutte contre la piraterie, dans le cadre de l’opération Atalante au large de la Corne de l’Afrique. “Il y a un an, trente navires étaient retenus en otages le long des côtes. Aujourd’hui, ce chiffre est passé à trois”, se félicite un officier.

“J’ai entendu que l’un des pirates avait pris sa retraite”, rétorque alors Hollande, rieur, avant de se reprendre : “Mais ceci, nous le devons avant tout à votre efficacité.” Disponible, volontiers blagueur, Hollande évolue d’atelier en atelier, sans pour autant oublier les caméras en nombre derrière lui. On lui explique maintenant les détails de l’opération Tamour, un groupement médico-chirurgical militaire déployé par la France en Jordanie en août 2012 pour apporter de l’aide d’urgence aux réfugiés syriens.

“On a réussi quelque chose d’exceptionnel au Mali”

“Un camp prévu pour 100 000 personnes !” s’emporte alors Laurent Fabius, lorsqu’un des responsables l’informe que le campement n’est rempli qu’à moitié. Le ministre des Affaires étrangères ne prononcera plus un mot de la matinée. Plus loin, le président se voit souligner le déroulement des missions des six Rafale que possède la base française. D’après un pilote de l’armée de l’air, l’appareil de Dassault concentre à son bord “le meilleur de la technologie embarquée”. Et le chef de l’État de répliquer en souriant : “On a réussi quelque chose d’exceptionnel au Mali en déployant ces forces en si peu de temps”, et de lancer au pilote du Rafale : “Tenez-vous prêt !”

Plus que jamais à l’aise dans son nouveau costume de chef de guerre, François Hollande n’en oublie pas pour autant ses légendaires galéjades. Comme lorsqu’il s’écrie au pilote du Rafale : “Merci pour votre double mission, à la fois opérationnelle, mais aussi, j’allais dire, commerciale !” Après un cuisant échec sous Sarkozy, la vente du chasseur ultra-moderne français aux Émiriens aurait désormais des chances d’aboutir.

“S’il n’y avait pas eu la France”

Le soleil a refait son apparition au sortir du hangar, lorsque le président trouve sur son chemin la Légion étrangère. En treillis ou en tenue de camouflage, chacun avec un accent différent, les soldats font part de leur respect au chef des armées, qui prend volontiers le temps de leur serrer la main. Puis, devant les journalistes, le président résume : “Les matériels présentés permettent au mètre près de mener des frappes sans conséquences dommageables pour la population.” Un souci de précision pour le moins dérangeant.

Sentant le président dans un très bon jour, un reporter l’interroge alors directement sur la situation au Mali, question qui ne faisait pourtant pas partie du programme officiel. François Hollande saisit sur-le-champ la perche qui lui est tendue. Sa longue réponse fait l’effet d’une conférence de presse. Il y annonce l’augmentation des troupes françaises au sol et dans les airs, pour laisser ensuite le plus rapidement possible la place aux Africains. Devant les caméras et les micros, il confirme que “ce seront les Africains eux-mêmes qui réussiront à repousser les terroristes et faire en sorte de retrouver leur intégrité territoriale”. Mais il n’omet pas de mentionner le rôle capital qu’il joue depuis près d’une semaine : “S’il n’y avait pas eu la France ces premiers jours […], je ne sais pas ce que serait devenu le Mali.”

De NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À ABU DHABI, ARMIN AREFI

Le Point.fr – Publié le 15/01/2013 à 13:40

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8 COMMENTAIRES

  1. En ces moments les plus difficiles de l’histoire de notre pays, toutes les maliennes et tous les maliens doivent être unis et vigilants. Heureusement, c’est ce qui se passe. Nous disons à Mariko, Younouss Dicko et consorts que le peuple a compris leur jeu qui consiste à destabiliser le pays au profit des terroristes pour en tirer profit. Une chose est sûre et certaine, vous (Oumar Mariko, Younouss et consorts) trouverez le peuple sur votre chemin qui ne vous fera aucun cadeau. Tout laisse à penser et à croire effectivement qu’il existe un lien entre les terroristes et ses apatrides (Mariko, Dicko et consort). Le peuple ne vous pardonne pas. Tout le monde doit se dresser contre eux de la même manière comme les TERRORISTES. Vive la France, Vive le Mali, Vive nos vaillants soldats. A bon entendeur Salut!

  2. Le destin nous a valu d´appartenir á un continent vassal,dirigé depuis des lustres par des corrompus,qui ne peuvent pas á eux seuls prendre des décisions made in africa.Je l´ai toujours écris sur ce site,la CDEAO,et les pays du champs ne viendront jamais á temps.Il a fallu malheureusement qu´une puissance étrangère intervienne,pour que les uns et les autres s´empressent á envoyer des troupes non pour venir á la rescousse du mali,mais pour plaire á la France.Le Senegal,le Nigeria,le Niger,qui pouvaient tous nous épargner de la honte de voir des Français mourrir en terre africaine,pendant que les propres militaires du Mali ont pris le large,et se refugient á Kati autour du fameux Sanogo.Lorsque la Mauritanie a vu le danger venir,et poursuivi les terroristes en terre malienne,les deux presses algeriennes et maliennes la consideraient une guerre par procuration de la france,et aujourd-´hui ironie du sort,c´est la France qui est vertemant solicitée.Esperons que la France nous galvanise.

  3. le guerrier Hollande a mis les rangers de Sarkosy ,mais comme elles sont trop grandes pour lui ,il a bourré dedans des pages de l’Inter de Bamako 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

  4. Le Mali n’a pas besoin du Capitaine Sanogo(qui commence d’ailleurs à se sentier inutile) et sa bande de Kati. Les mask sont tombés pendant la bataille de Konna. Le Mali a dejà le soutient internal, le soutien des autorités de transistion, un ministre de la defence, un Chef d’Etat Major de l’Armée, un PC operationnel qui fond tous un bon boulot…. Bref ce Capitaine et son Comité sont inutiles et meme nuisible. La question est : Sanogo et sa bande vont -ils contrinuer à profiter inutilement des largesses du tresor public de l’Etat ?

  5. Je suis malien, j’ai sillonné beaucoup de pays européens y compis la France dans laquelle je compte beaucoup d’amis. J’ai décidé de mourrir malien et en terre malienne. Depuis que j’ai commencé à distinguer ma main droite de celle de la gauche, la France n’a jamais aussi promptement aider le Mali. C’est dans des épreuves pareils qu’un Peuple peut distinguer son amis de son énnemis. Le discours de Hollande était si juste que j’ai compris qu’il a été fidèlement renseigné par ses services de renseignements. J’étais à Sévaré quand les hostilités se déclenchaient à Konna. Si la France n’avait pas agit aussi tôt, même 24 heures de retard serait fatal au Mali. Aujourd’hui, nous ne devons pas avoir honte de demander l’aide des pays amis. Cet orgueil ne nous sert pas. Toutes les Nations ont eut besoin de l’aide à un moment donné de leur histoire. Aujourd’hui, nous en avons besoin, je n’ai pas honte de la demander. Je la demande pour nos soeurs et mamans qui sont chagrinées.

  6. MERCI PRESIDENT ET MERCI ENCORE
    VIVE MALI-FRANCE
    VIVE LES ARMEES
    VIVE LES SOLDATS
    VIVE ET VIVEMENT LA FETE DU 20 JANVIER POUR MAGNIFIER CETTE COLLABORATION DES DEUX ARMEES.
    FAISONS LA FETES A CES HOMMES DIGNES DE L’HUMANITE.
    ABAS LA VIOLENCE DES BABARES.

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