Mali – Élection présidentielle : la logistique, un casse-tête  !

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photo à titre illustratif
Alors que la campagne électorale s’est ouverte dimanche 8 juillet, les difficultés s’accumulent sur le plan sécuritaire et logistique. Pour des raisons connues, de nombreux Maliens ne pourront pas voter.

Un peu plus d’un électeur malien sur trois a récupéré sa carte électorale pour voter au scrutin présidentiel le 29 juillet, révèle la cheffe des observateurs européens Cécile Kyenge, se disant « soucieuse du rythme de distribution » à deux semaines du scrutin. Ses craintes ont été aussitôt confirmées par l’administration malienne : à ce jour, près de 37 % des cartes d’électeurs ont été enlevées. Un peu plus de 3 millions, sur 8 millions d’électeurs inscrits, ont retiré leur carte, selon un document du ministère de l’Administration territoriale, avec d’importants écarts géographiques, notamment un taux de 12 % à Kidal (Nord) et 24 % à Mopti (Centre), contre plus de 53 % à Sikasso (Sud) et Ségou (Centre). « La sécurité de la campagne électorale et du scrutin représente un autre défi majeur, notamment dans le centre et le nord » du pays, a souligné la députée européenne, lors d’une conférence de presse à Bamako. Cette distribution des cartes d’électeur est assurée par une commission mixte, composée de représentants du gouvernement et des partis politiques d’opposition.

Le processus prend du retard

Au cours de son séjour au Mali, elle a rencontré 17 des 24 candidats, dont le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013, et le chef de l’opposition Soumaïla Cissé. Cette mission compte un premier groupe de 20 observateurs, assistés par 10 analystes, et ses effectifs doivent atteindre 80 le jour du scrutin. « Ils rencontrent dans leurs zones d’observation les différents acteurs de l’élection présidentielle, notamment les candidats ou les équipes de candidats, les partis politiques, les coalitions, l’administration électorale, les membres des bureaux de vote, la société civile et les médias », a dit la patronne de la MOE UE au Mali.

La distribution des cartes d’électeurs biométriques pour la présidentielle du 29 juillet a débuté le mercredi 20 juin dernier. Il y en a près de 8,5 millions. Imprimées en France, elles ont été acheminées dans les préfectures du pays. Mais la grève des administrateurs civils et des préfets, puis les mouvements observés par les agents de l’administration avaient empêché la bonne distribution des cartes pendant un bon moment.

Dans tous les cas, les électeurs pourront toujours aller voter avec les anciennes cartes appelées Nina. Et ce, malgré la réserve de l’opposition – qui voit dans la possibilité d’utiliser cette carte, une voie ouverte à la fraude. C’est dans les bureaux de vote – 23 000 situés le plus souvent dans les groupes scolaires des communes – que les Maliens pourront récupérer leurs cartes d’électeur. Chaque électeur doit présenter un document d’identité afin de retirer le fameux sésame.

Les dysfonctionnements viennent aussi du fait qu’actuellement c’est la période d’hivernage au Mali. Par conséquent, les populations, notamment agricoles, sont occupées dans les travaux dans les champs et les routes sont peu praticables. D’où la faible affluence observée ici et là dans certaines zones du pays.

Des zones d’incertitudes

La communauté internationale, présente notamment avec la mission de l’ONU au Mali (Minusma) et la force française Barkhane, attend de cette élection une relance de l’application de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 par le gouvernement, les groupes qui le soutiennent et ceux de l’ex-rébellion, qui accumule les retards.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Les djihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.

Depuis la signature de l’accord de 2015, non seulement les violences ont persisté, mais elles se sont aussi propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou à des conflits intercommunautaires.

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Publié le 12/07/2018 à 16:48 | Le Point Afrique

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