Devant les hauts cadres de l’administration et les représentants des partis politiques, de la société civile, le chef du gouvernement a invité à l’union sacrée pour donner une chance de réussite au Dialogue inter-Maliens dont l’objectif n’est autre que la réconciliation nationale
Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga a édifié, hier au Centre international de conférences de Bamako (CICB), les forces vives de la nation sur le bien-fondé du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger. C’était en présence des membres du gouvernement dont le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maïga, des représentants des partis politiques, des organisations de la société civile et des légitimités traditionnelles, coutumières et religieuses. L’on notait également la présence des cadres de l’administration malienne.
Sur la fin de l’Accord, le Premier ministre a rappelé que le gouvernement, après un long et lourd investissement politique et financier et une patience qui aura duré près de neuf ans pour un document censé s’achever au bout de deux ans, a dû à son corps défendant constater, le 25 janvier dernier, son inapplicabilité absolue pour enfin déclarer sa caducité.
Pour Dr Choguel Kokalla Maïga, cette décision des autorités découle de plusieurs constats, à savoir la mauvaise foi manifestée des mouvements signataires de l’Accord. Certains parmi nos frères des mouvements signataires se sont écartés de l’esprit du document depuis longtemps avec le soutien de certaines forces, at-il signalé. « Les obstacles qu’ils n’ont pas arrêté de dresser ainsi que des actes de défiance ont rendu la mise en œuvre de l’Accord quasi impossible. À titre d’illustration, les Mouvements signataires, regroupés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont saboté l’Accord et ont été les premiers à l’entrerer à travers des actes de provocation et de belligérance.
Comme cela a été constaté pendant tout le processus de retrait de la Minusma des entreprises qu’elle occupait dans le Nord du Mali», a développé le Dr Choguel Kokalla Maïga qui n’a pas manqué de fustiger les coups bas de la Mission onusienne qui passait des armes lourdes et des blindés aux terroristes en toute discrétion. Une situation à laquelle notre Armée s’était préparée depuis plus de deux ans et ya apporté des réponses appropriées, s’est-il félicité. Le Premier ministre a ensuite salué le courage, la bravoure et le professionnalisme des éléments des Forces armées et de sécurité qui continuent de se sacrifier pour rendre à notre pays son intégrité territoriale et sa souveraineté. Cela est d’autant plus nécessaire qu’aussi longtemps qu’ils n’avaient tranché cette question de Kidal, les Maliens ne pouvaient rien faire, a déclaré le Dr Choguel Kokalla Maïga.
OBJECTIFS PARTAGÉS- Selon lui, la décision du gouvernement de déclarer caduc l’Accord est également due au manque de résultats de la médiation internationale conduite par l’Algérie. Pis, a déclaré le Premier ministre, ce pays voisin accueille sans concertation ou notification préalable au plus haut sommet de l’État des citoyens maliens subversifs et poursuivis par la justice dans notre pays pour actes de terrorisme.
Il ajoutera que les agissements du gouvernement algérien sont en violation de l’article 34 de la Constitution consacrée aux trois principes qui guident l’action publique au Mali. «Tout a été mis en œuvre pour empêcher que nous mettions en œuvre de bonne foi l’Accord», at-il déploré. Avant d’évoquer le dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation dont le comité de pilotage est à pied d’œuvre pour élaborer les Termes de référence.
À ce propos, le chef du gouvernement a appelé les Maliens à l’union sacrée pour réussir la réconciliation. « Personne ne doit se prévaloir d’une quelconque légitimité pour exclure les autres. Que les Maliens créent une union sacrée autour des objectifs de la Transition. Il est temps de s’unir pour construire la paix», at-il exhorté.
S’agissant du retrait des trois pays de la Cedeao, le chef du gouvernement a rappelé que les organisations intergouvernementales et régionales sont basées, de prime abord, sur le principe de la solidarité, sur la mise en commun des moyens. Cela, afin de réaliser des buts communs et des objectifs partagés.
« Face à nos trois pays, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui sont en première ligne de la lutte contre le terrorisme depuis des décennies, la Cedeao a brillant par son absence, son manque d’empathie, de solidarité et de vision stratégique», a regretté le Dr Choguel Kokalla Maïga. Pire, après avoir longtemps observé nos États se battre seuls pour leur survie face aux hordes terroristes, l’organisation sous-régionale a décidé d’imposer, contre le droit et le bon sens, des sanctions drastiques et illégitimes à nos États, at- il fustige.
Pour lui, ces sanctions n’avaient pas d’autres objectifs que de renverser les régimes en place. Le chef du gouvernement ajoutera que la Cedeao était devenue une menace, assurant qu’elle voulait attaquer le Niger pour ensuite en finir avec le Burkina Faso et le Mali. Cela, avec l’appui de puissances extra-africaines. «Nous n’acceptons pas que l’on touche aux cheveux d’un de nos partenaires», a insisté le Dr Choguel Kokalla Maïga.
De son côté, le ministre de la Refondation de l’État a utilisé une allégorie forte imagée pour déplorer le manque de solidarité entre les Africains, surtout ceux de l’Afrique de l’Ouest. Ibrahim Ikassa Maïga a dépeint un bilan sombre de la Cedeao, à savoir les sanctions des États membres, le rappel d’ambassadeurs pour consultations, la fermeture des frontières terrestres et aériennes.
S’y ajoute le gel des avoirs en violation flagrante des principes qui gouvernent les banques centrales. «Face à cette situation, nous avons décidé de nous donner la main au sein de l’AES et de notre prendre destin en main et d’aspirer au développement», a expliqué le ministre Maïga. Il dit que la sortie des trois pays de la Cedeao donne de bonnes perspectives, notamment au plan économique.
Bembablin DOUMBIA