Mali : complots et trahisons, retour sur 17 mois de chaos

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Le président de transition Dioncounda Traoré (c.), le 11 avril 2012 à Kati, la veille de son inve © AFP
Le président de transition Dioncounda Traoré (c.), le 11 avril 2012 à Kati, la veille de son inve © AFP

Du putsch de mars 2012 à l’élection d’IBK, que de péripéties ! Un chef d’État a frôlé la mort, le pays est passé à deux doigts de la dictature militaire… Retour sur dix-sept mois de chaos, à la veille de l’investiture du nouveau président.

 

 

Des législatives cruciales pour l’avenir du pays doivent encore avoir lieu, mais la page qui s’est ouverte avec le coup d’État de mars 2012 semble s’être définitivement refermée avec l’élection à la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 11 août 2013. Le Mali revient de loin. Pas seulement du fait de l’agression touarègue et jihadiste dans le Nord. Le putsch lui-même aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus désastreuses sur la stabilité du pays s’il avait abouti à la mise en place d’une transition militaire dont le succès était plus qu’incertain.

 

 

Sanogo, au bon moment et au bon endroit

Selon la plupart des témoignages, le 22 mars 2012, les mutins prennent le pouvoir un peu par hasard et ne savent qu’en faire. Même si IBK apparaît déjà comme un recours tant il est populaire dans les casernes, impossible pour lui d’entamer une carrière de dictateur… “Il a toujours voulu le pouvoir, mais de manière démocratique et pacifique”, explique l’un de ses proches collaborateurs. Même lorsque le capitaine Amadou Haya Sanogo, dans la nuit du 21 au 22 mars, le harcèle au téléphone, IBK tient bon et ne décroche pas. Mieux : dès le lendemain, il condamne clairement le coup d’État.

 

 

Les militaires tentent alors d’imposer leur propre style avec la proclamation d’une loi fondamentale, le 26 mars. Sanogo assume lui-même la fonction de chef de l’État, avant de reculer et de rétablir la Constitution, le 1er avril, devant les menaces d’embargo diplomatique et financier de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Aurait-il lâché si facilement du lest si les militaires avaient été mieux préparés ? Rien n’est moins sûr. Et la communauté internationale aurait vraisemblablement eu beaucoup plus de mal à rétablir un semblant d’ordre constitutionnel.

 

 

“Sanogo est arrivé au bon endroit au bon moment. Ce n’était ni le plus populaire ni le plus charismatique, il était juste le plus gradé. Le coup d’État était spontané, même si, après, on a appris qu’une “petite chose” avait été organisée…” confie Yamoussa Camara, nommé ministre de la Défense du ­deuxième gouvernement de Cheick Modibo Diara, en août 2012, et reconduit dans ses fonctions dans celui de Diango Cissoko, en décembre. Ce général proche des putschistes fait référence à deux sous-officiers de l’ex-junte, le major Djinama Fomba et l’adjudant-chef Seyba Diarra, qui ont été, selon plusieurs sources, les cerveaux de la révolte.

 

Il n’est pas interdit non plus de penser qu’on a frôlé l’instauration d’une dictature militaire avec la tentative d’assassinat du président de la transition, le 21 mai 2012. Ce jour-là, une foule de manifestants en colère se dirige sur le palais de Koulouba. Objectif : protester contre la reconduction au poste de président de Dioncounda Traoré (investi le 12 avril) au-delà des quarante jours d’intérim constitutionnel pour engager une transition d’un an, selon le souhait de la Cedeao, qui prévoit aussi l’envoi de troupes étrangères pour sécuriser les organes de la transition. Alors que le dispositif renforcé instauré par Tiéfing Konaté, le ministre de la Sécurité intérieure, a été démobilisé – vraisemblablement à la suite d’un contrordre venu du camp militaire de Kati, quartier général de la junte -, aucun policier ni gendarme n’est visible dans Bamako. Les militaires en faction au palais, dont certains sont hilares, ne tireront même pas un coup de semonce pour protéger le président. Qui est lynché et laissé pour mort.

 

 

 

En convalescence à l’hôtel Pullman-Montparnasse, à Paris, après avoir été évacué en France le 23 mai, Dioncounda Traoré confie à ses proches qu’il est persuadé que Sanogo (qu’il nommera pourtant plus tard général quatre étoiles) est responsable de son agression. “Il y a bien eu complot, mais mené par qui ?” fait mine de s’interroger Tiéman Hubert Coulibaly, l’ex-ministre des Affaires étrangères. Les responsables de la junte, eux, avancent tous la même explication : “Les gardes ont été débordés et n’ont pas voulu tirer sur la foule…”

 

 

 

“Rouyer a déjoué le coup d’État”

Ce n’est pas la seule fois où Dioncounda Traoré l’aura échappé belle. Le 10 janvier 2013 au soir, alors que l’armée malienne subit une lourde défaite face aux jihadistes à Konna (au centre du pays), la résidence du président à Bamako est envahie par des militaires menaçants, qui prétextent un renforcement de sa sécurité pour le mettre aux arrêts. Sentant que “c’est la fin”, celui-ci passe alors des coups de fil pour appeler à l’aide. Informé de la situation, Christian Rouyer, l’ambassadeur de France à Bamako, prévient Paris. “Cette nuit-là, Rouyer a déjoué le coup d’État”, assure un collaborateur de Traoré. De fait, les frappes de l’opération Serval commencent dès le lendemain, le 11 janvier.

 

 

Mais pour bien saisir le contexte et les enjeux de l’intervention française, il faut considérer en détail la chronologie des événements au tournant de l’année 2012-2013. Les 9 et 10 janvier, en pleine offensive jihadiste, des groupes proputschistes manifestent violemment à Bamako et à Kati contre Dioncounda Traoré, dont ils réclament le départ. Ils protestent en particulier contre sa récente décision d’annuler l’organisation de concertations nationales avec les différents partis et contre la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU du 20 décembre 2012, qui autorise le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma).

 

 

 

Des écoutes françaises prouveraient la collusion de certains manifestants proches de la junte avec les jihadistes, dont l’offensive aurait pu fournir un prétexte à l’instauration d’un régime militaire de type comité de salut public. Des mouvements antiputsch regroupés dans le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR) vont jusqu’à accuser IBK d’être complice de ce qui est, selon eux, une évidente tentative de coup d’État. “Il est vrai que des responsables du RPM [Rassemblement pour le Mali, le parti de Keïta] faisaient partie des manifestants, mais c’était contre l’avis d’IBK qui, bien qu’il se sentît trahi par Dioncounda après l’annulation des concertations nationales, savait qu’il y aurait des infiltrations et des manipulations, témoigne Mahamadou Camara, son porte-parole de campagne. Nous avons mal communiqué, nous ne pensions pas que ces accusations pourraient se propager !” IBK ne se démarquera vraiment des manifestants que le 12 janvier. Trop tard : le mal est fait. Le nouveau chef de l’État devra redoubler d’efforts pour regagner la confiance d’opposants qui le considèrent comme “le président de la junte”.

 

 

Source: Jeuneafrique.com

Commentaires via Facebook :

25 COMMENTAIRES

  1. Rien que le souvenir de Sanogo, Djoncounda et de Chèque Maudit Diarra fait vomir les citoyens sincères.

    Ce trio de dirigeants de la transition est une honte ineffable pour le Mali.
    Sanogo est un criminel de tous ordres sans cerveau.
    CMD, c’est une erreur de l’histoire du Mali qui a prouvé qu’un très haut diplômé peut être aussi borné, aussi cupide et aussi incompétent que le plus aveugle des militaires dictateurs.
    Enfin, Djoncounda est un infâme et un opportuniste à l’hypocrisie légendaire qui n’a eu aucune gène à vendre le Mali au plus offrant.

    Ce trio de dirigeants véreux connaîtra tôt ou tard une funeste et déshonorable fin.

  2. “”””Mali : complots et trahisons, retour sur 17 mois de chaos””””

    C EST LA FAUTE A LA FRANCE ! 😆 😆 😆 😆 😆

    COCO ….Français …….s’essaye à employer la méthode du Docteur COUE ………mais n’arrive toujours pas à culpabiliser !

    😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

    • Monkopin

      Cétoi! Cétafote! Cétoutatfote! 😀 😀 😀 😀 😀

      Je suis sûr que tu es en train de piller les ressources de la cote d’ivoire!! Vous êtes tous pareil! 😀 😀 😀

      • 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

  3. IBK est bien le chef de la junte, il n’ y a pas l’ombre d’un doute. C’est honteux pour lui…Mais maintenant cela relève du passé.

    Il a eu ce qu’il voulait. Il est à Koulouba et que Dieu protègé le Mali .

    Dieu sait mieux que quiconque pourquoi il a donné le pouvoir à cet assoiffé.

  4. ibk doit maintenant se debarasser du reste de la junte au plus vite car bien qu elu largement cette affaire de parrainage des putchistes n est pas tres jolie.

    • “ibk doit maintenant se debarasser du reste de la junte au plus vite”
      😀 😀 😀 😀 😀 😀 😀 😀 😀 😀

      Mais c’est LUI et personne d’autre, qui vient de les faire entrer avec le tapis rouge au gouvernement!

      Au même titre, qu’il faudrait être naïf pour croire qu’il n’est pour rien dans la propulsion illégale (et hallucinante) du saoulard à la tête de nos armées!!!

      • on ne peut continuer a vivre dans le scandale,il est grand temps de tourner la page coup d etat en nous debarassant de ces soldats antipatriotiques qui ont preferé fuir les combats et venir recuperer le pouvoir a bamako,la promotion de sanogo reste une tache et lui meme ne doit pas se sentir a l aise dans un costume de general qu il sait immerité.

  5. Dioncounda est un lache, c’est pourquoi il a mérité de se faire caillasser par une foule de déments………….

    • LASSTUSS

      “Dioncounda est un lache, c’est pourquoi il a mérité de se faire caillasser par une foule de déments………….”

      Mon frère, toi aussi… Si on suit ton raisonnement et qu’on se met à caillasser tous les lâches de ce pays, ON VA DEVOIR IMPORTER DES CAILLOUX! 😀 😀 😀 😀 😀 😀 😀 😀

      • J’ai des camions BENNES, et je veux le marche pour me faire du fric. Dans tous les cas, il y a toujours 2 cas, ceux qui subissent et ceux qui font subir. Tu as 10% deja NFP, a toi de voir 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 .

        • Bougo

          10%????…

          Tu rigoles? Depuis que Dionkiss a carrément passé des contrats pétroliers à des sociétés fictives aux iles Caïman, le Mali est passé “à la vitesse supérieure”!

          Ca sera 20% et rien de moins, sinon je donne le marché aux Chinois! 😀 😀 😀 😀 😀

  6. Il est tant que les maliens se ressaisissent et comprennent que le mali appartient a tous les maliens du nord au sudet d’est en ouest et qu’on se mettent au travail pour laver l’ affront du aux politicarts et putchistes de tout genre car c’est le peuple qui propose son avenir reel et le seigneur tout puissant DIEU dispose car il dit dans le saint coran sourate 2 verset 185 ” Layoukallifoullahou nafsane illa woussaha laha makassabate wa aleyha maktassabate”(Ton seigneur DIEU ne mettra au dessus de ta tete aucune charge que tu ne puisse supporter de ce que tu fera comme bien tu en seras retribué et de ce que tu fera comme mal tu en seras chatié0.Qu’ALLAH SWT FASSE QUE TOUS LES MALIENS S4UNISSENT POUR BIEN FAIRE POUR QUE LE SEIGNEUR PUISSE NOUS RETRIBUE EN BIEN AMEN)

  7. “Des écoutes françaises prouveraient la collusion de certains manifestants proches de la junte avec les jihadistes, dont l’offensive aurait pu fournir un prétexte à l’instauration d’un régime militaire”

    Et aujourd’hui, ce même traitre est chef de nos armées, et 3 de ses porte-mallettes sont au gouvernement!!!

    Qui oserait penser qu’IBK est de connivence avec eux! 😀 😀

  8. DANS TOUTE CETTE RACAILLE DE CONS… CRIMINELS … ET OPPORTUNISTES…

    DIONKOUDA EST LA PIRE … PARCEQUE CE VIEUX MALHONETE … IRRESPONSABLE … ET SANS INTÉGRITÉ …. AVAIT LE CHOIX MAIS À CHOISI SES POCHES … EN PIÉTINANT LES PRINCIPES CONSTITUTIONELLES QUI LUI ONT PERMI DE SE MAINTENIR DANS UN ATMOSPHÈRE HOSTILE …

    ET EN SEMANT … LES GRAINS DE LA MERDE POUR LE FUTURE DE CE PAYS … APRÈS AVOIR ÉTÉ UN DES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA MERDE DES 20ANS PASSÉS …

    http://m.flickr.com/#/photos/79313524@N06/9538533245/

    ON NE BÂTI PAS UNE NATION DURABLE … SUR UN TAS DE MERDE CHIÉ PAR DES DIRIGEANTS IRRESPONSABLES …

    DONT LE SEUL SOUCI EST D’AVOIR UNE QUIÉTUDE TEMPORAIRE … POUR MIEUX VOLER …NOMMER LES LEURS À DES POSTES LUCRATIFS … ET DONNER DES MARCHÉS AU DÉTRIMENT DU PAYS..

    Moussa Ag,…DIONKOUDA EST LA PIRE DES RACAILLES QUE LE MALI A CONNU … UN PIÉTINARD DES PRINCIPES CONSTITUTIONEL ET DÉMOCRATIQUES … ON VA VOIR CE QUE IBK VA NOUS FAIRE EN 5ANS…

    • “ON VA VOIR CE QUE IBK VA NOUS FAIRE EN 5ANS”
      Quand on voit déjà ce qu’il de nous faire avec son gouvernement, on a plus besoin d’attendre 5 ans pour être édifiés!

      A mon sens, “on va voir” bien avant 5 ans et peut-être même tout de suite! 🙁 🙁 🙁 🙁

      • 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆
        Mon frère … j’ai été limité par le nombre de caractères … pour finir ma pensée …

        JE SUIS ENTIÈREMENT D’ACCORD … QUE LA FAÇON DONT CA A COMMENCÉ AVEC IBK… NE PRÉDIT RIEN DE BON POUR LE FUTURE …

        Moussa Ag,…ON VA VOIR CE QUE IBK VA NOUS MONTRER DE DIFFÉRENT EN 5ANS… QU’ILS NOUS A PAS MONTRÉ EN PLUS DE 20 ANS … DONT PLUS DE10 ANS AU SOMME DE L’ÉTAT …

  9. Est ce que jeune Afrique peut nous donner plus d’explication sur quelle gestion a été faite par rapport aux mouvements faits plusieurs jours au paravent par les djihadistes. Pourquoi on les a laissé se regrouper plusieurs jours durant à Bambara-Maoudé et à lerré sans rien faire. Pourquoi les ordres n’ont pas été donné pour renforcer les positions à temps. Pourquoi les hélicos ne sont pas intervenus sur les points de regroupements à temps. Moi j’ai l’impression que l’on nous cache quelque chose. Peut être ceux qui sont au courant des choses parleront un jour.

  10. 😆 😆 😆 pourquoi la présence des ministres de la junte dans le son gouvernement?

    • “pourquoi la présence des ministres de la junte dans le son gouvernement?”

      Shhhhhhhhht! C’est un remerciement électoral, mais surtout, ne le répètes pas!

      Le Mali avant tout! Pas de partage du gateau! nous disait l’Homme-à-poigne! 😀 😀 😀 😀 😀

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