Un président réélu sans coup férir qui ne croisa pas le fer contre des adversaires forts, une victoire obtenue de la manière la plus ordinaire voire banale possible dans un contexte politique des plus moroses…
À présent, l’heure est à la reprise très timide de la vie d’une Nation où toutes les activités sont en berne, où le citoyen dégoûté par la politique et les fausses promesses attend comme otage ne sachant pas de quoi demain sera fait.
Les maliens n’ont jamais aussi senti peser sur leurs têtes le poids du temps, sur leurs épaules la cherté de la vie avec un sentiment de dégoût fait de résignation. Le rêve d’un pays changeant, d’un avenir radieux n’est pas devenu proche de la réalité. L’histoire donne raison à ceux qui ont l’habitude de dire que les maliens sont les plus dociles au monde. Quelques jours de grogne suffisent pour qu’une décision fatale passe. Nous sommes un pays où les gouvernants se moquent de tout jusqu’au droit pour le citoyen de respirer de l’air pur. Les intérêts des cousins du prince passent avant ceux du Mali. Tant pis si l’écrasante majorité se contente du menu fretin.
Le pays tout entier est livré à des chasseurs de trésor qui continuent à saigner le pays à blanc pendant qu’on fait endormir le peuple par des discours sur la lutte contre la gabegie, la moralisation de la vie publique. Des mensonges amplifiés par de nouvelles fausses promesses.
Tout Bamako pue aujourd’hui avec l’arrêt, ou presque, d’Ozone une société marocaine qualifiée dans l’assainissement des grandes villes. Parce qu’on veut enrichir une famille, on se livre à un brigandage des marchés qui rapportent du beurre et de l’argent du beurre.
Ce qui se passe est une honte pour un pays qui se respecte. Combien de marchés de gré à gré sont octroyés dans la plus grande opacité à des cols blancs qui font la course à l’enrichissement, et à tout prix. On a reproché aux pouvoirs passés de sucer l’économie du pays à ciel ouvert. Aujourd‘hui, on utilise d’autres méthodes plus dangereuses qui permettent de brouiller les pistes pour mieux détourner l’attention des maliens. À qui appartiennent tous ces marchés de réfection des voiries, de dallage des avenues publiques, d’évacuation d’ordures, et d’autres qui opèrent dans la plus grande opacité au profit de qui ?
La fourniture de matériels agricoles, d’équipements militaires et les autres secteurs de productions sont accaparés par des nouveaux riches sortis du nulle part pour profiter des privilèges immenses mis à leur disposition.
L’histoire de la gestion du marché d’hélicoptères de combat est un secret de polichinelle. Les leviers de l’économie malienne sont entre les mains de quelques privilégiés qui se la coulent douce pendant que le peuple crève de faim et de misère. Le Mali tourne en rond et ne roule à merveilles que pour certains clans politico-familiaux.
La comparaison entre les portefeuilles des ménages issus des différentes catégories sociales est sans commune mesure. Une ruche de nouveaux riches fait main basse sur les richesses du pays en s’adjugeant les marchés publics, en obtenant des placements politiques dans les hautes sphères de l’État…
Les regards sont tournés vers la formation d’un autre gouvernement qui sera un mélange de l’ancien avec du nouveau dirigé par un «roi kankélétigui» sous ordres. Les bousculades du genre ‘’pousses-toi que je m’installe’’ et autres signes annonciateurs d’un changement dans la continuité viennent rappeler que la rupture au Mali n’est pas pour demain.
Jean Pierre James