Mali : avec Oumar Tatam Ly, IBK marque sa volonté de rupture

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Le nouveau président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, Oumar Tatam Ly. © AFP/DR/Montage J.A.
Le nouveau président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, Oumar Tatam Ly. © AFP/DR/Montage J.A.

En nommant Oumar Tatam Ly, conseiller spécial du gouverneur de la BCEAO, comme Premier ministre, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) entend marquer sa volonté de rupture avec la gouvernance de ses prédécesseurs, Alpha Oumar Konaré (AOK) et Amadou Toumani Touré (ATT).

 

 

C’est un « techno ». Mais surtout un quasi inconnu. Pour conduire son premier gouvernement, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a privilégié la rupture et la compétence en matière économique. Si le nom d’Oumar Tatam Ly, conseiller spécial du président de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), revenait avec insistance, parmi d’autres, depuis le second tour de l’élection présidentielle, l’effet de surprise n’en a pas été pour autant diminué. À peine l’annonce connue, les médias maliens avaient du mal à cerner ce banquier de 49 ans, se bornant à reproduire un CV sans âme égrenant les principales étapes du parcours ayant conduit cet agrégé d’histoire, diplômé de l’Essec, de la Banque mondiale à la BCEAO après un bref passage à la présidence au début du premier mandat d’Alpha Oumar Konaré (AOK).

 

 

« J’avoue que je suis un peu surpris, commente Soumaïla Cissé, challenger d’IBK au second tour de la présidentielle. Mais à la réflexion, je pense que c’est une excellente chose d’opter pour un premier ministre apolitique pour préparer les législatives. » Dans l’entourage d’IBK, on confirme que le score écrasant fait par le nouveau président au second tour lui impose de se placer « au-delà des clivages politiques ».

 

 

Gouvernance honnie

« Tatam Ly est réputé compétent, il est jeune, et surtout il n’est pas lié aux deux décennies du règne AOK-ATT », analyse un cadre de l’équipe de campagne du nouveau président. Manifestement, IBK place au-dessus de toute considération la rupture avec cette gouvernance aujourd’hui honnie des Maliens, qui fut invoquée par les militaires de Kati ralliés au capitaine – aujourd’hui général 4 étoiles – Amadou Haya Sanogo pour justifier leur putsch de mars 2012. Or sur l’échiquier politique malien, il est bien délicat de trouver un responsable politique d’envergure qui n’ait pas occupé de fonction de premier plan au cours des deux dernières décennies.

 

 

« Comme vous l’aurez remarqué, le président n’a cité dans son discours d’investiture ni Konaré ni ATT », ajoute la même source. À l’inverse, il s’est fendu d’un court mais vibrant hommage à Moussa Traoré, qualifié de « grand républicain » pour avoir été le seul ancien président malien à faire le déplacement en ce jour symbolique – AOK ne lui a même pas envoyé de message de félicitations. « IBK a opté pour un profil technique à la primature car lui-même incarne déjà un profil politique, résume l’un de ses proches. Il n’était pas nécessaire de doublonner. Ses ministres, qui seront expérimentés sans toutefois être liés à la gestion passée, viendront compléter le tableau. »

 

 

“Compétent, carré, intègre”

Discret, voire introverti, « Thierno » Ly – comme le surnomment ses proches – a la réputation d’un homme « compétent » et « carré ». « Il est intègre, fait valoir un proche de sa famille, qui le connaît bien. Il n’est jamais allé chercher sa pitance auprès du pouvoir. » Placé à la BCEAO au début des années 1990 par Alpha Oumar Konaré, selon la même source, Tatam Ly est issu d’une famille peule qui a croisé la route d’IBK depuis de longues années. Selon un collaborateur du nouveau président, ce dernier « avait beaucoup d’estime pour son père », l’écrivain engagé Ibrahima Ly, opposant résolu à la dictature de Moussa Traoré.

 

 

Quant à sa mère, Madina Tall Ly, elle eut IBK pour adjoint lorsqu’elle fut directrice de campagne d’Alpha Oumar Konaré. « Son profil présente de nombreux atouts, conclut un conseiller du président. Il a une bonne image auprès des bailleurs, il incarne la nouveauté et ne s’est pas compromis dans la gestion des équipes précédemment en place au Mali. C’est aussi une belle machine intellectuelle, qui a participé dans les coulisses à l’élaboration du programme présidentiel. »

 

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06/09/2013 à 14h:31 Par Mehdi Ba, envoyé spécial

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10 COMMENTAIRES

  1. Zahabi du FIA de la rebelion 94 a été consulté pour rentrer dans le gouvernement comme ministre des affaires étrangères, Qui vivra, verra.

  2. Excusez moi le terme, Ibrahim n’est pas un con, même s’il en a l’air comme certains veulent le faire croire .

    En nommant un jeune techno, apolitique ou presque à ses cotés il essaye de se pémunir des vélleités connues du politique malien à ne jamais vouloir jouer le second role en revendiquant tôt ou tard ( très souvent tôt) la place du chef.

    La politique, il s’en occupe et il nous a administré la preuvue en attendant froidement à l’affut comme un lion, avant de bondir et dérouler son plan machiavélique du coup d’état stupide à quelques semaines de la fin du mandat du président élu avec l’aide de Sanogo le porte malheur national , et relancer ainsi ses chances, car c’était maintenant ou jamais pour être Président. Dans 10 ans il serait ailleurs

    Et nous savons que le Mansa aux yeux de lynx ne s’accomode pas avec “jamais”. Alors tous les moyens sont bons…d’où les alliances douteuses et rocambolesques avec Presque toutes les forces du mal.
    Maintenant il est là et courage à tous.

  3. Il faut que les uns et les autres comprennent que conquérir le Pouvoir et Gérer le Pouvoir font deux
    Nous retrouvons aujourd’hui un IBK Président de la République et non chef de parti ou d’alliance de partis
    Le duo pourrait bien marche si chacun reste dans son élément IBK fin politicien et Thierno un fin techno
    Espèrent que le futur gouvernement sera de la taille du PM
    Pourquoi pas un Oumar Mariko ministre de l’éducation …..?

  4. Bonjour,
    De par le profil le Premier Ministre (PM), Oumar Tatam Ly, son expérience professionnelle (près de vingt ans à la BCEAO), son sérieux et sa jeunesse, il convient de lui faire confiance.

    Que ceux qui doutent lui accordent le bénéfice du doute.

    Le Mali est confronté à des défis énormes (réconciliation, reconstruction et développement durables, lutte contre la corruption, paix, sécurité et bien-être pour tous, …) que le PM et le Président doivent relever.

    Ils ne pourront y arriver qu’avec l’engagement et la participation active de tous les Maliens.

    Ainsi, l’union sacrée de tous les Maliens autour du PM et du Président est indispensable.

    L’essentiel, pour eux, est (1) de choisir, au mérite, des cadres compétents, en n’oubliant pas les jeunes et les femmes, pour les entourer et les épauler efficacement, et (2) de générer un élan d’ensemble intégrant et unissant tous les Maliens autour du travail et des défis à relever.

    Cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC/GOUVERNANCE

    • CHOIX DOUTEUX DU NOUVEAU PREMIER MINISTRE OUMAR LY
      N’a t-il pas été imposé par le président ivoirien pour pouvoir remplir la caisse de la bceao par les trois milliards d’euros promis au Mali au désavantage des banques maliennes?

  5. Moi, je ne suis pas du RPM, mais je commence à être rassuré des premières nominations car jusqu’ici nos “journaleux” ne parlent pas de favoritisme ou d’incompétences mais cherchent plutôt des faux liens entre le Présidents et son entourage, toute chose qu’on a combattue jusqu’ici.
    Merci “Tonton” IBK. Du courage et beaucoup de chance afin que le Mali avance.

  6. Bonne chance M. Ly.
    Naturellement la tâche ne sera pas facile. Mais grâce à la mobilisation et à l’adhésion de l’ensemble des Maliens, l’espoir est bien permis.
    Que Dieu vous inspire et vous protége pour que vive le Mali.

  7. Ce qu’il faut retenir de la nomination de Monsieur Oumar Tatam Ly au poste de PM :
    Ne pensez surtout pas que le nouveau PM va jouer un rôle aux avants postes.
    C’est IBK président de la république qui c’est réservé le rôle principal, Président et premier ministre en même temps tout en restant dans l’ombre.
    IBK a besoin d’un économiste pour remettre le pays sur les rails du développement. Il y a quelques milliards à venir de la communauté internationale qu’il faudra utiliser à bon escient avec des priorités qui permettront des retombés économiques rapides. IBK ne maitrise pas l’économie son parcourt de PM est la pour le prouver. C’est Oumar Tatam Ly qui va chapeauter tous les ministères et qui tiendra les cordons de la bourse.
    Autre avantage monsieur Ly ne fait pas encore de politique
    IBK lui tiendra les rennes pour que les futurs ministres restent dans le droit chemin et là, il est dans son élément, homme à poigne qui peu se montrer rigoureux et qui n’hésitera pas à virer les récalcitrants.

  8. ???”Selon un collaborateur du nouveau président, ce dernier « avait beaucoup d’estime pour son père », l’écrivain engagé Ibrahima Ly, opposant résolu à la dictature de Moussa Traoré”.???? CELUI LA MEME QUI A ETE QUALIFIE DE REPUBLICAIN PAR IBK?
    Bon, les “antipodes” font souvent de beaux couples. Bonne chance.

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