Les Nations unies, l’Union européenne, l’Union africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Ils sont tous à Bamako, ce vendredi 19 octobre, pour se pencher sur la crise malienne. Depuis janvier, ce pays qui faisait référence dans la sous-région est tombé dans une double crise : occupation du Nord par des groupes islamistes affiliés aux terroristes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), crise institutionnelle au Sud depuis le putsch qui a renversé, le 23 mars dernier, le président Amadou Toumani Touré (ATT). La réunion se tient au Palais des Congrès, près du fleuve.
L’invitée de marque, c’est l’organisatrice de cette réunion : Nkosazana Dlamini-Zuma, la nouvelle présidente de la Commission de l’Union africaine qui fait sa première sortie sur ce dossier malien. Les Nations unies sont aussi venues en force pour accompagner leur nouveau Monsieur Sahel, l’Italien Romano Prodi. On peut citer encore l’émissaire du médiateur burkinabè, Djibril Bassolé.
Il y a aussi d’autres acteurs qui sont assis dans la salle, plus discrètement, comme le colonel Gamou qui avait été le fer de lance de la reconquête du Nord sous l’ancien régime.
Le président malien Dioncounda Traoré, qui se fait généralement très discret, préside à la table d’honneur cette cérémonie. Il est arrivé ce matin souriant, visiblement détendu, sous la fanfare, une écharpe blanche au cou. Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui est l’homme fort aujourd’hui du pouvoir à Bamako, est aussi là, mais dans la salle au premier rang.
Avancer et vite
Le premier message que la communauté internationale veut faire passer ce vendredi, c’est qu’il faut avancer et vite. D’abord, dans les négociations avec les groupes armés qui occupent le Nord, mais aussi en parallèle dans la préparation d’une éventuelle opération militaire. Les participants doivent examiner à huis clos une note élaborée par l’Union africaine qui donne les grandes étapes nécessaires à une sortie de crise. L’Union africaine qui va ce soir d’ailleurs annoncer son intention de nommer elle aussi un envoyé spécial de l’UA pour le Sahel et le Mali.
Cette réunion intervient une semaine à peine après l’adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité qui donne 45 jours aux pays d’Afrique de l’Ouest pour préciser les plans militaires, les détails techniques et financiers qui permettront de mettre sur pied une opération si nécessaire. «Et à ce jour, il ne reste déjà plus que 40 jours », a d’ailleurs relevé ce vendredi matin le vice-secrétaire général de l’ONU Jan Eliasson au cours de sa prise de parole.
Plus de double discours
Et si cette réunion se déroule à Bamako, ce n’est pas un hasard. C’est bien pour que le message qui va être envoyé par la communauté internationale soit bien clair, bien entendu par les autorités de transition. Plusieurs délégations ont bien l’intention de faire comprendre au Premier ministre et au président par intérim qu’ils doivent faire preuve de responsabilité aujourd’hui et montrer une volonté ferme de résoudre la crise. Car, il faut le dire, le double discours que tiennent encore certains hauts responsables maliens n’a échappé à personne. Il y a donc là la volonté de dire que l’on ne peut plus tergiverser ou fuir devant l’importance de la crise et que tous les partenaires étrangers, et que les Maliens entre eux, doivent accorder leurs violons.
Ce matin, ce sont les femmes maliennes qui, à leur tour, se sont invitées dans cette réflexion. Elles se sont assises au fond de la salle. Des femmes du nord du Mali en particulier, ont déployé de grandes banderoles pour demander la paix, pour demander la reconquête du Nord. Et surtout pour dire qu’elles doivent être associées et que la communauté internationale ne doit pas les ignorer : « Nous sommes les premières victimes. Nous devons faire partie donc de la solution », expliquait une femme venue de Kidal pour s’adresser, comme beaucoup, en particulier à une autre femme, Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l’Union africaine qui chapote la réunion.
RFI/ vendredi 19 octobre 2012