Le calendrier électoral de 2018 affiche désormais les élections des conseillers des collectivités territoriales -initialement prévues le 17 décembre 2017- reportées au mois d’avril, soit moins de cinq (5) mois avant l’élection présidentielle du 29 juillet. Un défi énorme au regard des dispositifs organisationnels, techniques et financiers que ces deux scrutins nécessiteront.
Le calendrier électoral de 2018 affiche désormais les élections des conseillers des collectivités territoriales -initialement prévues le 17 décembre 2017- reportées au mois d’avril, soit moins de cinq (5) mois avant l’élection présidentielle du 29 juillet. Un défi énorme, au-delà des dispositifs organisationnels, techniques et financiers que ces deux scrutins nécessiteront, car, plus les poches d’insécurité se multiplient, plus des territoires échappent au contrôle de ce qui reste de l’État malien. Deux élections très attendues par les populations et dont les tenues suscitent beaucoup de commentaires dans le pays et en dehors.
Les Maliens comptent élire à la tête de leur capitale (Bamako) ensuite de leur pays un dirigeant intègre, travailleur et crédible, capable de proposer un nouveau horizon aux Maliens. Si les enjeux ne devraient pas être les mêmes pour les populations, cependant, les partis et les entrepreneurs politiques verraient dans les élections d’avril des indicateurs pour mesurer leurs forces ou faiblesses, préparer des alliances ou consommer des divorces afin de repenser les stratégies pour la présidentielle du 29 juillet. Pourtant, des incertitudes existent quant au respect de ce calendrier électoral. Le report d’élections serait-il en passe de sortir de l’exception ? S’agirait-il, pour le gouvernement, de préparer les Maliens à cette éventualité ? Des élections pour éviter ou tomber dans le chaos ?
En 2013, il fallait, coûte que coûte, organiser des élections pour sortir d’une transition instable, largement encadrée par la junte militaire d’une part et, de l’autre, instaurer un pouvoir « légitime », identifié et surtout reconnu comme tel par la communauté internationale. Ce scrutin fut placé sous les signes « de l’espoir », « d’un nouveau départ » ou encore « de la renaissance ». D’énormes défis attendaient le nouveau pouvoir qui allait sortir des urnes. La tenue de cette présidentielle était hautement symbolique car elle permettait de se projeter dans une nation réconciliée autour des valeurs inclusives.
Donc, un début de solution aux multiples crises qui, d’ailleurs, continuent de déstabiliser le Mali. Par contre, la présidentielle de 2018 fait parler d’elle avant l’heure. Cela n’est pas une surprise dans nos démocraties africaines où les élections suscitent tensions et passions. Cette prochaine échéance électorale semblerait si incertaine, redoutée mais en même temps perçue comme décisive qu’elle se fixerait comme un horizon indépassable qu’il faudrait pourtant franchir. Plus les mois passent, plus les spéculations sur sa tenue ou son report font de ce scrutin la seule et unique priorité des Maliens en 2018. Pour d’aucuns, cette élection fermerait le chapitre de leur vie politique.
D’autres y verraient leur unique chance d’accéder au pouvoir suprême. Pour une toute autre catégorie, l’élection ne changerait pas grand-chose dans la mesure où la finalité de leur activité politique consisterait moins d’accéder à la magistrature suprême que de lorgner un portefeuille de ministre. Transition politique, le festin des politiciens « Et si l’élection n’était pas possible en 2018. On fait quoi ? », nous tâcherons d’approfondir cette interrogation du Dr Ousmane Sy, qui a fait l’objet d’un article sur son blog, que d’y apporter des réponses. Suffirait-il de brandir l’insécurité pour ne pas organiser des élections ? La tenue de la présidentielle ne serait pas synonyme d’une sortie de crise tout comme son report pourrait précipiter le pays dans l’incertitude politique.
L’erreur serait de faire une « sécuritisation » de cette élection tant il s’agit d’un événement spécifiquement politique. Car la crise sécuritaire reste le prolongement d’un échec politique. L’environnement sécuritaire s’est fortement dégradé après la présidentielle de 2013, « Au total et en dehors des villes chef lieu de cercle ou de communes, l’administration d’Etat n’a de présence territoriale effective que sur moins de 50 % des 49 cercles du pays. Rien n’indiquent qu’une d’amélioration est envisageable à court terme », rapporte l’ancien ministre de la décentralisation. Cependant, la gestion de la crise multiforme passe forcément par des mesures politiques crédibles et efficaces mises en œuvre par une autorité politique légitime. Et si l’élection n’était pas possible, « …que faudra t-il faire pour éviter à notre pays une nouvelle aventure ? » demande le Dr. O. Sy. Sachant que le même pouvoir voulait organiser un référendum dans les mêmes conditions.
Une transition dans « l’union sacrée », voilà ce que souhaite le doyen Seydou Badian. Pourquoi vouloir interrompre un ordre constitutionnel et bouleverser le fonctionnement des institutions en décrétant une transition qui de surcroît sera liée aux enjeux sécuritaires (terrorisme, trafic de drogues, prise d’otages…) dans la mesure où le Mali n’est plus un État capable de décider souverainement quand et comment sortir de ces différentes crises qui le déstabilisent ? S’opposant au report sans pour autant rejeter totalement l’idée d’une transition, le Dr Oumar Mariko, député et président du parti SADI, souligne que « le régime est incapable d’organiser d’élections transparentes. » Donc, « le problème qui se pose, c’est quelle alternative trouver pour le Mali. » Dit autrement, comment éviter l’impasse politique qui se dessinerait ? Et sur ce point, la parole politique clive plus qu’elle ne rassure, fût-elle celle du président lui-même.
Élection ou report, transition ou pas, quand la légitimité du pouvoir politique est atteinte, quand ce même pouvoir peine à fédérer, quand ses faiblesses sont exposées, vouloir changer la forme à travers de petits arrangements politiciens sans prendre en compte la volonté politique populaire risquerait d’accentuer les incertitudes. Comme en 2013, l’avenir du Mali serait-il politisé en le liant à la présidentielle de 2018 ? S’agirait-il d’aller aux élections pour se plier aux injonctions des puissances étrangères -en 2013, l’ancien président français François Hollande se disait « intraitable » sur la question- ou d’organiser des élections pour préserver d’abord et avant tout les fraternités et les solidarités maliennes ?
Mamo Cissé Mediapart
Pendant que le Mali fait face à des attaques meurtrières et que les maliens meurent par dizaine, les opposants maliennes cherchent les voies et moyens pour faire pression sur le gouvernement malien pour tenir les élections. C’est le vœu de la classe politique et de la société civile la tenue des élections en juillet 2018. On va les tenir donc. Que les conditions soient remplies ou non. Et le président IBK sera réélu. Il ne faudra donc que ces salopards essaient de créer une crise post-électorale sous prétexte que les élections ne sont pas déroulées dans les bonnes conditions. Car force sera la loi.
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