La nouvelle est tombée hier : quatre députés du Rassemblement pour le Mali (RPM) ont démissionné de toutes les instances du parti à compter du lundi 26 septembre 2016. Les démissionnaires sont très connus à l’Assemblée nationale et sur l’échiquier politique national. Il s’agit du professeur Kalilou Ouattara (élu de la commune III du district et colistier de Karim Keïta), Soïba Coulibaly (élu à Kati), Mamadou Doumbia (élu en communie II du district) et de Bakary Diarra (élu à Sikasso). Le départ de ces ténors illustre le malaise ambiant qui sévit depuis quelque temps au sein du RPM et au-delà, la majorité présidentielle. En effet, la gouvernance actuelle fait l’objet de beaucoup de critiques. Le plus souvent, la gestion calamiteuse des affaires de l’Etat, les affaires d’argent, ainsi que la mainmise du clan et de la famille sur l’appareil d’Etat sont autant de pratiques qui sont dénoncées. Aussi, la démission de ces députés constitue un coup dur pour le président IBK qui, en l’espace de quelques semaines, a constaté l’effritement de sa majorité avec le départ de partis dont l’ADP-Maliba. Et les quatre démissionnaires ont signé leur adhésion à ce parti (Adp-Maliba) dont le secrétaire général, contacté hier par nos soins, a confirmé.
Pourquoi ces élus ont-ils démissionné du Parti au pouvoir ? Ils en donnent les raisons dans une lettre adressée au président par intérim du RPM. Et dont voici la teneur.
Monsieur le Président,
Nous avions rejoint le Rassemblement Pour le Mali (Rpm) dans l’espoir de changer le quotidien de nos compatriotes et de leur proposer un projet clair et cohérent qui permettrait d’assurer un développement socio-économique durable à notre pays, le Mali. Certains d’entre nous sont même des membres fondateurs du Parti. A ce titre, de tout temps, nous nous sommes investis à porter le projet du Rpm et à le défendre dans tous les actes de notre quotidien.
Lorsque s’est présenté le scrutin présidentiel de juillet 2013, nous avons porté haut la candidature du camarade Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Et avec des centaines de milliers de Maliens, après une victoire à plus de 77% de voix, nous avions enfin nourrit l’espoir de mettre en œuvre notre projet collectif pour le Mali. Les enjeux étaient de taille en raison de la violente crise qui secouait le pays. Il y avait entre autres priorités le rétablissement de la paix, la réconciliation des Maliens, la lutte contre la corruption, la restauration de l’autorité de l’Etat et bien évidemment, la reconstruction d’une économie à même d’assurer aux populations maliennes un travail respectable et une subsistance digne.
Malheureusement, trois ans après l’élection du Président IBK à la Magistrature suprême, le constat est amère. La crise au Nord du Mali est enlisée, sans espoir de résolution par les gouvernements successifs. Les Maliens s’entredéchirent en recourant aux armes et à la violence pour régler leurs différends intercommunautaires et pour exprimer leur ressentiment face à l’impuissance de l’Etat à rétablir son autorité. Les scandales de mauvaise gestion restés sans suite ont fini de désespérer les Maliens quant à la possibilité de voir un jour la justice rétablir le Droit. Vous conviendrez dans ces circonstances que l’autorité de l’Etat soit totalement sapée et que les Maliens, silencieux pour le moment, soient animés d’un sentiment sans pareil de défiance à l’égard de l’autorité.
Mais le plus alarmant est l’absence de vision de la part du Gouvernement concernant la question essentielle du chômage des jeunes et de la création équilibrée de richesses. Les Maliens souffrent et nous le disent constamment. Ils ne sentent pas l’effet attendu par les nombreuses annonces de milliards faites par l’exécutif. Nous avons un temps tenté d’alerter nos camarades. Nous avons manifesté notre solidarité franche à l’endroit de la Majorité présidentielle, mais nous avons constaté que contrairement aux idéaux fondateurs du Rpm, le débat était devenu interdit dans nos rangs. Il fallait aveuglement soutenir sans jamais oser proposer une autre manière de faire. Plus encore, des querelles intestines ont progressivement miné l’action du Parti.
Le Rpm a donc, malgré sa majorité parlementaire confortable, échoué à s’imposer sur l’échiquier politique national de sorte à corriger les tares de la gouvernance actuelle. Tout cela est contraire à notre vision de la politique et à nos convictions profondes.
C’est pourquoi, Monsieur le Président, nous vous informons de notre démission de toutes les instances du RPM à compter du lundi 26 septembre 2016. C’est une lourde décision que nous n’aurions jamais prise n’eut été les errements dans lequel le Rpm originel se trouve aujourd’hui.
Fait à Bamako, le lundi 26 septembre 2016 pour servir et valoir ce que de droit
Honorable Pr. Kalilou Ouattara, élu en Commune III du District de Bamako
Honorable Soïba Coulibaly, élu à Kati
Honorable Mamadou Doumbia, élu en commune II du District de Bamako
Honorable Bakary Diarra, élu à Sikasso