Maitre Mountaga Tall face à la Presse : « L’opposition doit juger les actes du gouvernement plutôt que de se faire formateur de gouvernement »

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Le Congrès National d’Initiative Démocratique, premier parti à initier la présentation de vœux à la Presse  au Mali, a respecté sa tradition. En effet, sous la présidence de Maître Mountaga Tall, président du parti, le CNID-Faso Yiriwa Ton, a présenté lundi, ses meilleurs vœux de l’année 2016, à l’ensemble de la presse nationale et internationale. La cérémonie s’est déroulée à la Maison de la Presse, en présence de la 1ère  vice-présidence du CNID-FYT, Mme Maïga Sina Damba, du secrétaire général, Amadou Baba Sy, du vice président de la maison de la presse, Alexis Kalambry, non moins directeur de Publication du quotidien « Les Echos ». Au delà des vœux réciproques, la rencontre a été l’occasion pour le président du CNID-FYT (4ème force politique), d’échanger avec les journalistes, sur les questions importantes qui ont agité le Mali pendant l’année écoulée et d’envisager le futur. La conférence portait sur le thème : « le CNID s’engage pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix. »

 

Le vice-président la Maison de la Presse, a dans son mot de bienvenue, remercié d’abord le parti CNID pour son initiative, avant de rappeler qu’il faut redorer le blason de la presse. Selon Alexis Kalambry, la presse Malienne n’a absolument rien à reprocher au CNID  dans le cadre du respect à la communication.

Suivra le discours liminaire du président du CNID, Me Mountaga Tall, qui  d’entrée de jeu, a précisé que la liberté de la presse, est un bien commun et dont  tous doivent travailler à son renforcement.  Déplorant la tuerie de 64 journalistes en 2015, contre 71 en 2014, de 6 collaborateurs en 2015 contre 11 en 2014, il a indiqué que beaucoup de progrès restent à faire pour préserver la liberté de la presse. Pour lui, ce processus passe par la bonne marche de  la Haute Autorité de la Communication et l’ouverture de l’Ecole de journalisme, qui va faire en sorte que ceux qui manient bien la plume et la camera, puissent s’améliorer. Me Tall a  ensuite a parlé de l’appropriation de l’Accord d’Alger par le plus grand nombre des Maliens et aussi mis l’accent sur les questions lancinantes du panier de la ménagère et de l’emploi, qui sont fortement tributaires de la bonne santé économique. Au président du CNID de se prêter ensuite aux questions des journalistes.

En ce qui est concerne la question  de notre confrère Abdoul Moumouni de l’Observateur, portant sur la position du CNID par rapport au remaniement ministériel, Mountaga dira : « la formation du gouvernement est une prérogative qui appartient aux plus hautes autorités nommément désignées par la constitution. Le président de la république désigne le premier ministre, qui à son tour lui propose une liste de gouvernement. Le président valide ou modifie à sa guise. Le président de la république seul, décide du moment et de l’opportunité d’un changement de  gouvernement, sauf  quand le premier ministre décide de présenter sa démission. Je n’ai pas d’observation à formuler sur une prérogative constitutionnelle mise en œuvre. Ce qui peut poser problème, c’est quand le changement se passe en dehors de la constitution. Mais quand c’est dans le respect plein et  entier de la constitution, je n’ai aucune remarque à faire sur l’opportunité et sur le contenu d’un remaniement ministériel. Je pense qu’il appartient à l’opposition de juger les actes d’un gouvernement plutôt que de se faire formateur de gouvernement. Quand j’étais dans l’opposition, j’ai toujours apprécié positivement ou négativement ce que le gouvernement fait ».

En réponse à la question de notre confrère Chahana Takiou, Directeur de Publication du  Bihebdomadaire « le 22Septembre », relative au bilan peu exhaustif du régime IBK, Maitre Mountaga Tall a déclaré que : « faire un bilan peu exhaustif à mi-mandat de IBK, consiste à demander à quelqu’un de venir regarder les soubassements d’une future villa et de dire si elle est belle. C’est compliquer. Il faut attendre que les murs sortent, que le toit soit fait et les travaux de finition aient lieu, pour juger de la qualité du bâtiment. Sur ce, nous ne pouvons pas faire un bilan à mi parcours du régime IBK ».

Sur la question relative à l’apport du parti dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix, Me Tall a répondu : « L’année 2015, nous avons sillonné le pays à travers les régions accessibles dans un cadre de sécurité, pour aller expliquer l’accord de paix, son contenu, ses tenants, ses aboutissants et la nécessaire implication des populations pour sa réussite. Je parle  de la société civile, les partis politiques qui sont tous des citoyens à part entière. En plus de ces déplacements à Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti,  les jeunes et les femmes ont ténu des assises spéciales sur le même sujet. Nous n’avons pas d’armes pour imposer tel ou tel point de vue, nous n’avons que notre force de persuasion à l’adresse des citoyens maliens. La mise en œuvre de l’accord n’est pas un problème de santé. Il y aura des tâtonnements et quelque fois des mises en cause. L’important est de se fixer un cap, de travailler de façon dure, loyale, et honnête pour que nous puisons atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Ça ne se passera pas comme un cours d’eau tranquille ».

S’agissant la présence de la MINUSMA, le leader du CNID a dit « ça va être difficile. La meilleure réponse que nous pouvons apporter, c’est de faire en sorte que le mandat de la MINUSMA soit le plus court possible afin que nos forces de défense  et de sécurité, appuyées financièrement, bien équipées, moralement bien tenues,  prennent le relais. La MINUSMA nous aide, mais elle ne peut pas se substituer aux forces de  défense et de sécurité. Seules nos forces de défense et de sécurité pourraient garantir sur une longue période la sécurité et la paix dans notre pays. C’est pourquoi, il a été demandé récemment aux Nations Unies de proposer un plan de retrait de la Minusma »

Et Birama Fall du Prétoire et non moins Président de l’ASSEP, d’interpeller le Président du CNID par rapport à un éventuel  procès de la démocratie. M. Tall a  répondu en disant que : « faire le procès de la démocratie est mauvais et dangereux. La seule alternative à la démocratie, c’est la dictature. Je ne suis pas sûr que la dictature puisse nous donner de meilleurs resultats. Les maux dénoncés et qui freinent le développement, sont le fait de la gouvernance. Quelqu’en soit le régime, si la gouvernance n’est pas bonne, cela conduit à la perte de l’essentiel. Autant nous devons nous interroger sans complaisance sur notre gouvernance pendant nos 56 ans d’indépendance, autant faire une démarcation nette entre démocratie et gouvernance ».

JEAN GOÏTA

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