Libéré de la prison le mercredi dernier, suite au vote de la résolution de l’Assemblée nationale, basée sur l’article 62, l’honorable député Bourama Tidiane Traoré élu dans la circonscription de Kati, a tenu à donner sa version des faits au cours d’un point de presse organisé le samedi dernier à la Maison de la presse. C’était aussi le l’occasion pour le député Traoré de remercier ses collègues députés à l’Assemblée nationale et ses avocats qui ont tout mis en œuvre pour faire triompher la justice. Voici sa version des faits.
« En fonction depuis 8 mois à Ouéléssebougou, je vous informe que je ne l’ai rencontré que deux fois à l’intervalle d’une semaine. D’abord, le mercredi 19 novembre, je lui ai rendu une visite de courtoisie aux environs de 15 heures. Je me rappelle, ce jour-là, il m’a même dit qu’il est un juge de proximité qui reste au bureau du lundi au jeudi de 8 heures à 20 heures. Avant de me dire que ses portes m’étaient grandement ouvertes. C’est sur cette note de ce premier échange que je suis passé le voir le mardi 25 novembre vers 18 heures après deux tentatives d’appels téléphoniques infructueuses. Quand, je suis arrivé au tribunal, j’ai trouvé une dizaine de personnes qui l’attendaient hors de la cour dont le vieux Samba Traoré de Dafara et Soumaïla Bagayoko dit Djinè. Je leur ai demandé, si le juge était sur place. Ils m’ont répondu par l’affirmative en disant que je peux rentrer par la petite porte, car le portail était fermé. Dans la cour, j’ai trouvé que le juge s’apprêtait à prier. Je lui ai gentiment demandé d’accomplir la prière du soir, tout en lui disant que moi aussi je voudrais prier. Il m’a répondu que sa séance de prière prend beaucoup de temps, qu’il souhaite échanger d’abord avec moi. C’est comme ça qu’il m’a conduit à son bureau où je lui dis que je suis venu partager des informations avec lui au sujet d’un litige foncier dans mon village dont il est saisi, Banazolé. Je lui ai dis que c’est un dossier qui concerne les membres d’une même famille et que malgré les appels incessants à l’apaisement, la tension reste vive. Je lui ai dis que c’est une situation qui m’inquiète et que je suis venu lui apporter, s’il le souhaite ma petite contribution pour l’apaisement du climat. Il m’a répondu avec un ton sec qu’ils ne sont pas de la même famille. Et que si tel était le cas, qu’on aurait réglé le différend dans le vestibule. J’ai continué dans mes explications en lui disant que parmi les deux parties en conflit, il y a une personne qui vit à Bamako. Il m’a alors dit sous un ton violent qu’il connaît son travail et que ce n’est pas moi qui vais lui apprendre à exercer son boulot, avant de me demander de quitter son bureau. Je l’ai prié de m’écouter. Il a insisté en me demandant de sortir de son bureau. Malgré ma tentative de lui faire revenir à la raison, il ne m’a pas écouté. Il s’est mis à me pousser énergiquement jusqu’à la porte. Tout en me disant qu’il ne veut plus me voit chez lui. Je lui ai dis qu’il ne peut pas m’empêcher de venir au tribunal. Et subitement, il s’est mis à me donner des coups de poings. Il a ensuite ordonné à sa garde rapprochée de me neutraliser. Ce dernier m’a alors tenu par les mains derrière pendant que Diadié lui-même continuait à me donner des coups et à me lancer des insultes grossières. Quand les gens qui étaient au dehors ont entendu le bruit, aussitôt mon chauffeur a escaladé le mur de la justice. Lorsqu’Amadou Diadié a vu celui-là, il s’est certainement senti gêné devant ce témoin. Il lui a tout de suite intimé l’ordre de quitter la cour. C’est là, qu’il a pu décrocher son téléphone pour appeler le Commandant de brigade (CB) de la gendarmerie pour lui dire que le député vient de l’agresser dans son bureau.
À l’arrivée de ce dernier, il lui ordonna de m’enfermer. Le commandant Dah Diarra et ses éléments m’ont alors conduit dans une voiture, pour ensuite s’entretenir longuement avec le juge. Après ces échanges, le commandant de brigade est venu nous rejoindre devant le Palais de justice où il me demanda de rentrer chez moi. Je lui ai répondu que j’ai besoin qu’il me prenne mon audition. Et arrivé dans son bureau, il m’a dit qu’il n’a pas qualité à prendre mon audition, ni de me faire une réquisition pour aller à l’hôpital. Lorsque je lui ai fait cette demande, le commandant a insisté pour que j’aille à la maison. Je lui ai répondu que j’ai déjà averti des collègues députés qui sont en cours de route pour Ouéléssebougou. C’est après tous ces échanges et plus d’une heure de temps après, que le CB est revenu m’informer que sa hiérarchie l’a appelé pour lui dire de m’amener à Bamako. Mais, je voudrais préciser que si j’avais de mauvaises intentions envers le juge, je n’allais pas me rendre dans son bureau seul. Je me ferais accompagner par des gens».
C’est alors que le député Bourama Traoré se saisit du Coran, pour dire : «Je n’ai jamais porté la main sur le juge Diadié. Je le dis et je le maintiens, je n’ai jamais frappé, ni insulté le juge Diadié». Encore qu’il souhaite que la justice divine tranche entre lui et le juge.
Soumaïla T. TRAORE
Libération du député Bourama Tidiane Traoré : «Le procureur Daniel Téssougué a menti sur les antennes de l’Ortm», dixit Hassane Barry
Ce sont des avocats très remontés qui ont tenu à faire savoir, lors du point de presse de l’honorable Bourama Tidiane Traoré, l’attitude peu pardonnable du procureur général, Daniel Téssougué, à vouloir changer le cours des événements.
Les avocats s’insurgent contre le procureur pour la simple raison que, dans l’interview accordée à l’Ortm, ce dernier a laissé entendre que le juge de Ouéléssebougou avait pardonné et tiré sa plainte contre le député lors du procès. Toute chose qui a facilité sa libération. Faux, rétorquent les avocats du député. Car, soutiennent-ils, nulle part au procès, il n’a été question ou mentionné le retrait de la plainte par le juge ou de son pardon.
Mais aussi, Me Baber Gano et Me Hassane Barry n’ont pas non plus aimé l’attitude de l’Ortm à accorder une interview en catimini à une partie. Pour les avocats de l’honorable député, les arguments avancés par le procureur général pour la libération du député sont faux et mensongers.
Pour Baber Gano, c’est grâce au vote de la résolution de l’Assemblée nationale, à travers une disposition constitutionnelle, à savoir l’article 62, dans son dernier alinéa : «La détention ou la poursuite d’un membre de l’Assemblée nationale est suspendue si l’Assemblée nationale le requiert». Cette résolution permet de suspendre des poursuites contre un député. Selon lui, il ressort deux principes de l’article 62 de la Constitution du 25 février 1992. D’abord, tous les citoyens sont égaux devant la loi et il faut que le pouvoir arrête le pouvoir. À ses dires, la résolution de l’Assemblée nationale était impérative et le procureur n’avait autre choix que de le constater. À l’entendre, c’est une victoire constitutionnelle.
Pour Me Hassane Barry, la présente conférence de presse est une réplique à celle donnée par le procureur général. À ses dires, le procureur a dénaturé le résultat du procès. Avant d’ajouter que chaque fois que la vérité sera contredite, il sera de leur devoir de la rétablir. C’est pourquoi, il dira qu’il urge de mettre fin aux mensonges du procureur. Aux dires de Me Hassane Barry, nulle part au procès, il n’a été question du retrait de la plainte du juge Diadié Touré. Au contraire, le procureur a été bloqué par une disposition constitutionnelle et non un pardon. Par conséquent, il demande au procureur d’arrêter son cinéma. «C’est un cas d’imposture», dira-t-il. Avant de laisser entendre qu’il ne comprend pas les agissements du procureur et du juge Diadié.
Pachi TRAORE
Source : L’Oeil