Le patron de la Minusma s’est exprimé, le mercredi 13 janvier 2021, devant le Conseil de sécurité sur la transition en cours au Mali. De son avis, cette transition doit « permettre d’adopter les réformes nécessaires pour la consolidation de la démocratie et la réussite des élections permettant un retour à l’ordre constitutionnel. » Mahamat Saleh Annadif s’est aussi prononcé sur l’arrestation de personnalités pour tentative d’atteinte à la sureté de l’État qui , selon lui, est de nature « à occulter la recherche de la vérité si elles ne sont pas menées dans le strict respect de l’État de droit »
Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Mahamat Saleh Annadif , le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, a indiqué que le pays reste en proie aux divisions après quatre mois de transition. « Le Conseil national de la transition (CNT) – qui joue le rôle d’un parlement – a été tardivement mis en place (début décembre). Mais la formation de cet organe « n’a pas réuni le consensus nécessaire entre les acteurs politiques, y compris les représentants de la société civile », a signalé Annadif. Il ajoutera que « c’est ce manque de consensus dans la mise en place des institutions de la transition qui alimente la détérioration de la situation socio-économique caractérisée par une multitude de grèves dans les différents secteurs d’activités.»
L’arrestation de personnalités pour tentative d’atteinte à la sureté de l’État a été déplorée par le patron de la Minusma. De son avis, ces arrestations « sont de nature à occulter la recherche de la vérité si elles ne sont pas menées dans le strict respect de l’État de droit ». « La période de la transition représente une vraie opportunité pour le Mali de briser le cercle vicieux des crises politiques suivies par des coups d’État », a-t-il indiqué.
Pour Mahamat Saleh Annadif, quatre mois après le début de la transition, il n’est jamais trop tard pour « atteindre un minimum de consensus sur les fondamentaux de la paix et de la stabilité, parce que l’avenir du Mali est en jeu». Car malgré des succès importants remportés par les forces internationales contre les terroristes, ajoute-t-il, l’environnement sécuritaire reste toujours préoccupant et imprévisible au Mali et dans la région du Sahel, avec des attaques récurrentes dans la zone des trois frontières. « Le 2 janvier dernier, plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans l’ouest du Niger. »
Face à ces défis, selon le représentant spécial de l’ONU, la MINUSMA a renforcé ses capacités pour mieux répondre aux violences intercommunautaires dans le centre du Mali en appuyant la stratégie de stabilisation du gouvernement. « Malgré le manque de consensus tout le long des tractations sur la désignation des membres aussi bien du gouvernement que du Conseil national de transition (…), il y a lieu de noter pour s’en réjouir qu’aujourd’hui, tous les organes de la transition sont opérationnels », a déclaré Mahamat Saleh Annadif. Quid de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers d’Alger ? « L’état d’esprit et le volontarisme qui ont guidé l’élaboration de ce document poussent aussi à un optimisme, même si cet optimisme doit être prudent », a indiqué le chef de la MINUSMA. Selon Annadif, « il y a lieu de rappeler que la réussite de la transition est conditionnée par l’aboutissement des réformes politiques, institutionnelles, électorales et administratives avec pour finalité des élections inclusives, crédibles, et dont les résultats seront acceptés par la majorité des Maliennes et des Maliens ». Il ajoutera que quels que soient l’accompagnement et le soutien de la communauté internationale au processus de transition, ce dernier n’est viable que s’il est le produit de la volonté des acteurs politiques maliens. « En tant que Représentant spécial pour le Mali et chef de la MINUSMA depuis près de 5 ans, et au-delà de l’impatience et peut être d’une certaine frustration, j’ose espérer que cette fenêtre d’opportunité ne soit pas encore une occasion ratée », a, enfin déclaré Mahamat Saleh Annadif.
M.K. Diakité