La crise scolaire, les prochaines élections législatives, les questions de gouvernance, la crise sécuritaire…Voici, entre autres, les thématiques abordées au cours de l’interview qu’a bien voulu nous accorder Mahamane Mariko, président de la Convention des réformateurs pour l’alternance et la justice (Craj-Faso Nyèta) et non moins candidat à l’élection des députés dans la circonscription électorale de la commune IV du district de Bamako, sur la liste RpDM du Dr Cheick Modibo Diarra.
Aujourd’hui-Mali : Depuis quelques années, l’école malienne est secouée par une crise sans précédent. Quelles sont vos analyses ?
Mahamane Mariko : C’est regrettable ! Depuis l’avènement de la démocratie, s’il y a l’échec dans un des domaines, c’est bien dans celui de l’éducation. Cela est consécutif à plusieurs années scolaires ajournées ou tronquées. Nous pensons que cette année ne fait pas exception à la règle, mais sauf que nous avons le regret de faire le constat que l’année dernière, seulement, nous avons pensé que les acteurs avaient conclu de se mettre ensemble pour que plus jamais de telles situations ne se répètent. Mais malheureusement, il y a un sujet autour duquel les acteurs ne parviennent pas à s’entendre, à savoir l’article 39 du Statut du personnel enseignant de janvier 2018. Franchement, nous pensons qu’il y a une fuite en avant du gouvernement. Aujourd’hui, lorsque le président de la République promulgue une loi qui donne des avantages aux enseignants, nonobstant les difficultés financières et sécuritaires de notre pays, nous pensons qu’il doit y avoir un dialogue direct entre le gouvernement et les enseignants pour reconnaitre les avantages accordés aux enseignants et leur dire que, pour le moment, les difficultés ne permettent pas à l’Etat de faire face à cette demande financière. Mais cela ne doit pas enlever le droit acquis, comme on aime le dire dans le jargon juridique, aux enseignants.
Nous pensons que le gouvernement doit parler franc pour ramener les partenaires. Nous déplorons la non implication du chef de l’État qui, pourtant, ne doit pas minimiser cette crise.
La crise qui couvre aujourd’hui l’école malienne doit interpeller toutes les institutions, l’ensemble du peuple malien, mais nous sentons une indifférence du chef de l’Etat alors que nous sommes en train de noircir, chaque jour, l’horizon des milliers d’enfants de ce pays. Ce que nous pouvons dire par rapport à cette crise, c’est d’inviter le gouvernement, le président de la République et l’ensemble des acteurs du monde scolaire à se mettre ensemble. C’est d’abord à reconnaitre la pertinence de l’article 39, de voir la faisabilité et de le mettre dans un chronogramme d’actions à mener à l’avantage des enseignants. C’est malheureux qu’après mars 1991, l’école malienne soit encore la victime de la démocratie malienne. Ce qui est condamnable, c’est que cela se passe dans l’indifférence de la plupart des acteurs qui acceptent qu’il y ait deux écoles dans un même pays, c’est-à-dire une école privée et une école publique laissée pour compte.
Si nous ne nous mettons pas ensemble, si nous ne nous impliquons pas à trouver une solution durable à cette question, je pense que nous allons, de plus en plus, compromettre l’avenir des millions d’enfants et faire en sorte que les enfants maliens ratent le temps où il faut apprendre. Le fait que ce ne sont pas tous les enfants qui sont à la maison est discriminatoire. Ce sont les enfants qui fréquentent les écoles publiques qui sont à la maison. Ce fait est une violation flagrante de notre Constitution qui stipule clairement que les “Maliens naissent libres et égaux en droit et en devoir”. Aujourd’hui, le droit des millions d’enfants est en train d’être atteint à cause de l’irresponsabilité de nos autorités par rapport à la gestion de cette crise scolaire.
Que dites-vous du mutisme des parents d’élèves ?
Aujourd’hui, au lieu qu’on sente une mobilisation générale des parents d’élèves, des autorités morales dans ce pays au chevet de l’école, nous voyons des mobilisations autour des questions diverses.
Nous ne disons pas que ces questions ne méritent pas la mobilisation de tout le monde, mais dans un pays où on se soucie de l’avenir, si l’école est malade, tout le monde doit se sentir impliqué.
C’est pourquoi j’en appelle à l’esprit citoyen de tous les Maliens afin que la question de l’école soit au cœur des débats pour que nous puissions trouver une solution durable, non pas en sauvant une année scolaire, mais en tentant de sauver l’école malienne.
Votre candidature vient d’être validée par la Cour constitutionnelle. Quelles sont vos impressions ?
C’est la suite logique d’une action politique dans laquelle je me suis inscrit avec mes camarades depuis l’élection présidentielle de juillet 2018 parce que nous avions érigé notre association en parti politique et nous avons regagné les rangs de la coalition Cheick Modibo Diarra (CMD). Nous pensons que nous devons continuer dans la même lancée pour être candidat aux législatives. Pour nous, on ne crée pas un parti politique pour faire de la figuration, mais c’est pour participer aux joutes électorales, chercher à gérer le pays ou à nous impliquer dans sa gestion.
Notre Assemblée nationale regorge d’éminents députés, mais elle est aussi devenue une institution très faible avec le niveau du débat par rapport à certains sujets et aussi le manque de l’implication qu’il faut comme action de contrôle venant des députés. Aujourd’hui, des questions essentielles comme l’école, la justice, la sécurité, l’accès au crédit pour ceux ou celles qui sont dans le secteur informel, doivent être les préoccupations des députés.
Nous voulons être à l’Assemblée nationale pour que les initiatives de ce genre soient réfléchies. Nous voulons désormais porter la parole des Maliens, contrôler l’action gouvernementale.
Votre mot de la fin ?
Je lance un appel à la jeune génération. Je le dis, nous devons suffisamment participer de façon négative à affaisser notre pays. Je voudrais dire aux jeunes et aux femmes que la meilleure façon de choisir n’est pas de vendre sa conscience. C’est ce qui fait que nous ne prenons plus des hommes de confiance, mais qui investissent matériellement et financièrement pour se faire élire. Et s’ils se font élire dans ces conditions, sachez qu’ils ont derrière eux toute chose autre que nos préoccupations quotidiennes. A partir de maintenant, donnez la chance à ceux qui ont envie de se battre pour ce pays, pour l’intérêt de la nation. Si nous ne faisons pas attention, nous allons continuer à distribuer l’immunité parlementaire à des personnes qui ont mis ce pays à genoux, qui ont fait que nos militaires sont tombés par manque de moyens, qui ont fait que le pays s’est retrouvé exposé à toutes les invasions extérieures. J’en appelle à la sincérité de tout un chacun. J’invite tout le monde à soutenir la liste Cmd-Rpdm en commune IV du district de Bamako.
Réalisée par Boubacar PAÏTAO