La campagne présidentielle de 2013 n’aura rien à voir avec celle de 2012, qui a été tristement interrompue. 2012, c’est de l’enfantillage par rapport à ce que les politiciens maliens vont vivre dans les mois à venir. Madani Tall, le président du parti ADM, semble avoir compris que les enjeux politiques, l’électorat et beaucoup d’autres aspects ont changé. Il l’a exprimé, au cours d’une de ses régulières rencontres avec la presse, mercredi dernier.
La date des élections générales est connue. Les politiciens varient leurs discours, surtout ceux qui n’ont pas tenu la langue de bois du 21 mars 2012 à nos jours. Après le creux institutionnel causé par le coup d’Etat de mars 2012, l’occupation des régions du Nord, la déchéance de l’Etat et la guerre de libération, l’idée d’une option politique plus essentialiste séduit les jeunes politiciens dont Madani Tall. Mercredi dernier, lorsqu’il a échangé avec les hommes des médias, Madani Tall a donné son point de vue sur l’actualité, et plus, sur les élections générales de 2013.
En décryptant les propos du président du parti Adm, on comprend qu’il est clair que pour les élections générales à venir, l’essentiel des discours politiciens ne sera plus consacré à la sécurité alimentaire, la mondialisation, l’emploi des jeunes, mais beaucoup plus à la sécurité, la préservation de la stabilité, la réconciliation, etc. Mais reste à savoir si ces notions ont le potentiel pour faire élire un candidat. En 2012, nous avons pu lire ici ou là que la candidature de Madani Tall incarne pleinement l’entrée des jeunes dans l’arène politique. «Les jeunes ont besoin de se faire entendre politiquement», a-t-il martelé. Avec un tel cachet, il se pose en sérieux rival politique. Madani Tall estime qu’avec la posture actuelle du Mali, il n’y a ni homme, ni bilan à combattre, mais qu’«il faut tirer les leçons des événements récents». Cette attitude du président du parti Adm plait à celles et ceux pour qui l’autocritique contribuera à aller de l’avant. Comme le disait le roi Napoléon III : «En politique il faut guérir les maux, jamais les venger». En progressant dans ses propos, il soutient qu’à cela s’ajoute le fait que l’électorat malien a radicalement changé, après avoir été trompé 21 ans durant. Des premières élections démocratiques en 1992 à nos jours, sa vision de la politique est tout autre. Avec tout ce qui est arrivé au Mali, les électeurs maliens ne donneront certainement pas leur voix aux candidats «mélancoliques», encore moins à ceux qui seront dans une candidature de «témoignage», ni à ceux qui «parlent d’un avenir qu’ils ont eux-mêmes englouti». Tout ce que le peuple demande, c’est un véritable changement, du berceau à la tombe. Et cela, Madani Tall semble l’avoir compris, lorsqu’il avance que le changement doit d’abord prendre base au niveau du système éducatif. Il dit qu’il n’est jamais inutile de rappeler que l’école n’a pas pour mission que d’apprendre aux enfants à lire et à écrire, mais aussi de les préparer au monde du travail et à la vie de citoyen. A la jeunesse, Madani Tall dira, pour le paraphraser, que la jeune démocratie malienne abimée a besoin d’un grand souffle que les jeunes s’approprieront pour exprimer leur volonté d’alternance et proposer un projet crédible tenant compte des réalités socioéconomiques du Mali et proposer une véritable alternative à la période noire que nous traversons.
A s’y identifier, sur le fond, Madani Tall n’est pas en reste. Et ses idées sont connues de tous, depuis le départ. Avec un plan clair, il avance en cohérence. Assainissement du paysage politique, sécurité territoriale, reconstruction démocratique et souveraineté seront, sans doute, les clés de sa campagne. Le président du parti Adm n’entend pas briguer la magistrature suprême du Mali dans le seul et unique but de diffuser de nouvelles idées auprès du plus grand nombre de Maliens, il veut aussi changer la posture du Mali dans le concert des nations.
Rokia Diabaté
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