Lutte contre le terrorisme : le Mali devient-il un modèle en Afrique de l’Ouest ?

3

Dans le cadre de la conjugaison des efforts pour la lutte contre le terrorisme, plusieurs pays de la région Afrique de l’ouest entament des démarches auprès des autorités maliennes de la transition. À la suite de la Guinée et du Sénégal, le Burkina Faso aussi fait son entrée à l’école du colonel Assimi Goïta, président de la transition. Le Mali et le Faso souhaitent renforcer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme. Le Mali devient de plus en plus un modèle dans la lutte contre le terrorisme dans la région.

Victimes de l’hydre terroriste ou craignant simplement une invasion, les pays d’Afrique de l’Ouest multiplient les démarches pour le renforcement de leur ceinture de sécurité. Parmi ces initiatives figurent en bonne place les partenariats régionaux pour le contrôle des frontières pour ainsi mettre un terme à la porosité de ces zones sensibles.  

Depuis l’annonce du retrait de la force française du Mali et sa réarticulation dans la zone des trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso) ainsi que le retrait du Mali du G5 Sahel et de sa force conjointe, c’est le ballet diplomatique au Mali.

Après le président sénégalais, Macky Sall, le 15 août dernier, c’est autour de celui du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul Henry Sandaogo Damiba, de fouler le sol malien. C’est au Mali avec lequel son pays partage près de 1400 km de frontière que le chef d’État du « pays des hommes intègres » a décidé d’effectuer sa première visite à l’étranger depuis son accession au pouvoir.

Les défis des transitions

Vers 14 h 30, ce samedi 3 septembre, l’avion du successeur de Roch March Christian Kaboré s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international président Modibo Kéïta de Bamako-Senou. Le président Damiba est accueilli par son homologue malien de la transition, col. Assimi Goïta. Les deux hommes en kaki militaire obéissent d’abord aux traditions en se prêtant au devoir patriotique du chant des hymnes nationaux (celui du Burkina et ensuite celui du Mali), avant de procéder à la revue des troupes et à la salutation des corps diplomatiques et consulaires. La diaspora burkinabè au Mali était également sur place en plus du Premier ministre malien par intérim accompagné des membres de son gouvernement.

Cet accueil a été couronné par un premier entretien entre les deux délégations dans les halles du pavillon présidentiel de l’aéroport de Bamako-Senou. Ensuite le président Goïta a accompagné son hôte du jour au palais de Koulouba, où les deux chefs d’État ont eu un tête-à-tête, qui a été ensuite élargi aux membres des deux délégations.

Au cœur des échanges, les défis auxquels les transitions dans ces deux pays sont confrontées. Selon les précisions de l’auteur de « Armées ouest-africaines et terrorisme : réponses incertaines ? », les questions sécuritaires ont occupé une place centrale dans les discussions. Le Burkina entend surtout renforcer ses liens avec le Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Car Damiba expliquait ces violences terroristes et extrémistes comme émanant en partie de la « faiblesse des États à contrôler leur territoire ».

À la fin de sa visite au Mali, il a confié à la presse : « Nous entendons dans les jours à venir mieux renforcer les partenariats militaires qui existent entre nous [le Burkina Faso et le Mali] en vue de relever davantage les défis sécuritaires auxquels nos peuples sont confrontés ».

Libération de certains soldats ivoiriens

Ces deux pays sont confrontés, depuis quelques années, à des attaques terroristes meurtrières et destructrices, dont les civils paient le plus lourd tribut. Pour rappel, le 23 avril dernier, une délégation du président Damiba était venue en précurseur au Mali. Cette délégation, conduite par le commandant des opérations du théâtre national, le lieutenant-colonel Yves-Didier Bamouni, avait été reçue à Koulouba par le président malien, Assimi Goïta autour de cette nécessité de renforcement de la coopération entre les deux pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Le Mali et le Burkina Faso ont en partage [près de 1400 km] de frontière et sont engagés dans la lutte contre des groupes armés terroristes », avait indiqué la présidence du Faso.

S’agissant de la question des 49 militaires ivoiriens détenus au Mali, le président burkinabè de la transition n’a pas souhaité communiquer sur le dossier. Toutefois, il est à noter que le chef d’État du « pays des hommes intègres » est attendu en Côte d’Ivoire, le 5 septembre prochain, pour une visite d’amitié et de travail au cours de laquelle il aura des entretiens avec le président Ouattara sur des sujets d’intérêts communs. Il faut aussi rappeler que parmi les 49 militaires ivoiriens, trois ont été libérés, le 3 septembre, par les autorités maliennes, qui se disent disponibles à poursuivre les discussions pour une issue plus favorable.

La « montée en puissance » de l’armée malienne

Ce rapprochement du Mali de ses voisins, notamment de la Guinée, du Sénégal et maintenant du Burkina Faso, est assez révélateur en matière de lutte contre le terrorisme et le banditisme. Les autorités maliennes de la transition ont fait du combat contre l’insécurité une priorité nationale. C’est pourquoi elles n’hésitent pas à diversifier leur partenariat dans le respect des principes de souveraineté, des choix stratégiques et des partenariats gagnant-gagnant, comme aime le rappeler le président Goïta.

Avec cette « montée en puissance » de l’armée malienne, les pays voisins se voient dans l’obligation de renforcer leur coopération avec le Mali en vue d’éviter que leurs frontières ne soient pas un nid pour les terroristes fuyant la puissance de feu de l’armée malienne et de ses nouveaux partenaires.

C’est vers 20 h que l’avion du lieutenant-colonel Paul Henry Sandaogo Damiba a décollé de l’aéroport international de Bamako-Senou pour Ouagadougou.

Chiencoro Diarra

SOURCE: https://saheltribune.com/

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. C’est la démocratie et ses hommes surpris de se voir soudainement investis pour sa gestion sans être suffisamment outillés à cet effet, qui explique le pourquoi on est aujourd’hui à ce niveau.
    En faisant du slogan qui dit qu’une armée forte est une menace pour la démocratie, les démocrates ont contribué à baisser ostensiblement le niveau d’alerte à ce niveau. On s’est dit que tout ira bien comme dans un monde de rêve.
    C’est alors qu’en 2012, quand l’adversité a sonné aux portes, le réveil fut douloureux. Point d’armement pour la défense de la Patrie en danger. Ainsi, contre mauvaise fortune, conclure le marché de dupes. Où en est t’on ?
    A l’avenir les démocrates réfléchiront par deux fois avant de savoir qu’une démocratie se consolide sur une armée forte.
    Toutes mes excuses si l’on se sent offensé ! Salut !

Comments are closed.