L’opposition se mobilise derrière Tiebilé Dramé ; « Nous sommes tous ce petit monsieur »

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Face à la presse ce samedi : « L’opposition réaffirme toute sa détermination à combattre les prédateurs »L’opposition solidaire avec Tiébilé Dramé du Parena a décidé de se faire entendre, le samedi 31 octobre 2015, lors d’une conférence de presse tenue au Centre international de conférence de Bamako (CICB). Etaient présents à cette conférence, les partis politiques ci-après : Lumière, ANCD, PIDS, PS-Yelen Coura, PDES, Parena, l’URD, FARE Anka Wuli, PSP, PRVM-Fasoko, FCD, l’AFP.

Une déclaration commune a été lue par le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Dans cette déclaration, l’opposition rappelle que le président IBK a été invité à effectuer une visite d’Etat en France par le président de la République française, monsieur François Hollande, témoignant ainsi l’engagement français dans l’accompagnement de notre pays vers la sortie de crise.

« Cette visite qui a honoré notre pays a été malheureusement ternie par les propos du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita qui s’est livré à une attaque personnelle, de façon gratuite, malencontreuse et injurieuse à l’encontre de M. Tiébilé Dramé, président du Parena, parti politique membre de l’opposition démocratique et républicaine », peut-on lire dans la déclaration laquelle indique que « dans un communiqué insipide, le gouvernement de monsieur Modibo Kéita a continué à alimenter les invectives et proférer des menaces sur les libertés démocratiques, conduisant ainsi l’opinion nationale dans une polémique stérile et inopportune ».

C’est donc sans surprise que le Collectif des partis de l’opposition démocratique et républicaine a condamné fermement le comportement du président de la République et de son gouvernement et considère que les injures de personnalités politiques sont indignes de la fonction présidentielle. Les opposants maliens considèrent que les termes du communiqué gouvernemental sont inacceptables en tant qu’ils constituent une remise en cause des libertés publiques et une attaque contre l’ensemble des patriotes et des forces démocratiques de notre pays.

L’opposition tient le président de la République et le gouvernement pour responsables de la détérioration du climat politique du pays.

Soumaïla Cissé de rappeler que l’attaque injurieuse dirigée contre Tiebilé Dramé a été précédée par d’autres dérives verbales du président de la République durant son séjour parisien à travers lesquelles il traita l’opposition d’irresponsable pour avoir critiqué l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation.

« A Paris, nous l’avons vu agiter le doigt, se fâcher et dire, parlant de l’Oppostion : ” ces petits prétentieux” pour finir en bambara ” a bora politiki la, a keramalobaliyayé”, littéralement ” ce n’est plus de la politique, c’est de l’impertinence, de l’impolitesse », a indiqué Soumaïla Cissé.

Pour le chef de file de l’opposition, la liberté d’expression est reconnue par la Constitution malienne et le président de la République est le gardien de ladite Constitution. Il doit incarner l’unité́ nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des Traités et Accords internationaux.

« En France aussi bien qu’au Mali, l’opposition politique constitue un élément fondamental de la démocratie pluraliste. C’est à ce titre qu’elle est politiquement reconnue, juridiquement protégée et a, en conséquence des droits et des devoirs », a expliqué Soumaïla Cissé.
En effet, aux termes de l’article 12 de la loi n°007 du 04 mars 2015 portant statut de l’opposition au Mali : ” L’opposition politique a le devoir de suivre l’action gouvernementale, de la critiquer de façon objective et constructive dans le sens du renforcement de l’idéal démocratique et du progrès.”

C’est pourquoi l’opposition républicaine et démocratique refuse de se laisser distraire et continue d’exiger du gouvernement que la lumière soit faite sur tous les scandales qui caractérisent le régime en place. L’opposition reste convaincue que la vie publique, dans son ensemble, doit être marquée du sceau de la morale et de la transparence. « Nous ne lâchons rien, comme on le dit si bien au bord de La Seine: le Président de la république et son gouvernement se sont énervés parce que l’opposition dénonce les détournements à la pelle, les surfacturations, les scandales et le pillage des ressources publiques », a souligné Soumaïla Cissé.

Pour l’orateur, l’opposition réaffirme sa détermination, toute sa détermination, à combattre les prédateurs et à défendre les libertés, toutes les libertés des Maliens au nombre desquelles la liberté d’expression et d’opinion, acquise de haute lutte dans notre pays au prix de centaines de morts.

Elle lance un appel à l’ensemble des forces patriotiques et démocratiques du Mali à se mobiliser pour la défense de la Constitution.

L’opposition remercie et félicite particulièrement la presse malienne qui, dans sa quasi-totalité, a déploré l’attitude injustifiable du président de la République. A ses dires, la conférence de presse participe du travail d’éveil de la conscience citoyenne si elle est portée au peuple sainement par les nombreux médias.

« Portée sainement c’est à dire diffusée en tout ou en partie dans sa substance, non censurée comme l’a été par l’ORTM le communiqué que nous avons diffusé le 29 octobre dans l’après-midi. Ce communiqué a été interdit d’antenne au moment où le communiqué insipide et rabaissant du gouvernement faisait le tour dans toutes nos langues. Nous avons toujours dénoncé cette attitude de l’ORTM qui viole le principe d’égal accès aux médias d’Etat contenu dans le statut de l’opposition », a-t-il laissé entendre.

Pour Me Hamidou Diabaté, vice-président du Parena, « il n’y a pas de démocratie sans contre-pouvoir, et la liberté d’expression est reconnue par notre Constitution. De nos jours dans la sous-région le Mali est le seul pays où l‘action de l’opposition est verbale. Nous n’avons pas brulé de pneus, pas entamé de marche violante, nous nous sommes limités à la mise en œuvre de ce qui est prévue par la Loi. Nous ne faisons que nous indigner face à des mauvaises pratiques et l’on veut nous interdire. Cela est inadmissible ».

Me Diabaté pense que l’acte posé par le président de la République et le gouvernement est un acte qui contrarie la démocratie. « Nous n’acceptons pas les intimidations. Nous sommes des hommes suffisamment grands, responsables. Nous avons l’amour de ce pays, nous l’avons tout le temps montré. Ce n’est pas en critiquant le gouvernement qu’on devient apatride », a-t-il conclu.

Prenant la parole, le président du Fare, Modibo Sidibé, a expliqué que « dans une démocratie, l’opposition et la majorité doivent jouer leur partition. Mais ce n’est pas la première fois que l’opposition sous IBK soit menacée, intimidée, diffamée. Malgré tout elle ne reculera pas. Je demande à la majorité et au gouvernement de mieux s’organiser pour répondre à l’opposition »

B. Bouaré

Source : Delta News

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